Paru le : 18 août 2011
Éditeur : Mnémos
Collection : Icares
ISBN : 978-2-354-08122-5
Nb. de pages : 511
Prix constaté : 24€
Résumé :
Les cinq royaumes : des nations turbulentes et ambitieuses souvent en guerre.
Au coeur des terres, un sixième royaume : la Grande Forêt légendaire, impénétrable et hostile. Dans les maisonnées de Sélénir, dans les cases de Val ou dans les yourtes des nomades des steppes de Khara, le soir au coin du feu, on raconte aux enfants la légende suivante : tes rêves, tes cauchemars comme les créatures fantastiques des contes que tu aimes tant peuplent le sixième royaume. Alors, pourquoi un baladin perdu, une belle sorcière aux terribles pouvoirs endormie depuis cinq cents années, un jeune voleur des rues amoureux, un demi-nain commerçant débonnaire et un homme-loup monstre de foire se retrouvent attirés par la Grande Forêt ? Que découvriront-ils ? La fin d’un monde ? Le sang et les larmes ? L’amour et la tragédie ? La Geste du sixième royaume raconte avec un rythme effréné les destinées de ces héros malgré eux, semées d’embûches, de pièges, de doutes, de découvertes incroyables et de magies insaisissables.
Impressions :
Voilà une lecture fort plaisante, bien écrite, riche et complexe, qui m’a captivé de bout en bout. Faut-il préciser que c’est un premier roman ? Là, forcément je dois dire que j’ai été bluffée…
La trame de base est classique, jugez plutôt : cinq personnages lambda qui se sentent inévitablement aspirés vers la forêt légendaire du 6ème royaume, se retrouvent au cœur d’une guerre perpétuelle dont dépend le sort du monde… Pour faire court, il s’agit d’une épopée où deux clans antagonistes s’affrontent jusqu’à la mort. De la fantasy épique traditionnelle. Là où l’auteur innove et convainc, c’est par le traitement de son histoire. Plus qu’il ne rend hommage aux grands classiques de la Fantasy, Adrien Tomas redéfinit ses codes et en joue. Ainsi nous sommes en face d’un immense échiquier où chaque personnage est un pion qu’il faut faire avancer. Il y a les blancs, il y a les noirs, mais comme dans la vraie vie, aucun joueur n’est finalement totalement bon ou mauvais, l’enjeu de cette guerre étant beaucoup plus complexe que ça. D’un côté, il y a le père et ses cinq hérauts de l’Arbre qui œuvrent pour la nature et ses peuplades, de l’autre, il y a le Maître avec ses cinq hérauts de la Flamme qui défendent le progrès et l’industrialisation. Comme dans tout bon jeu de stratégie, il y a des règles qu’il faut respecter sous peine de représailles : chaque adversaire ne peut combattre que son opposé : Danseur contre Danseur, Prophète contre Prophète, Soldat contre Soldat, Bête contre Bête et Dame contre Dame. La partie se finit quand chaque champion est terrassé par l’autre camp. Ces règles strictes permettent de préserver l’équilibre du monde où se livre la même guerre depuis des générations. C’est ce que j’ai vraiment aimé dans ce roman, pas de grands méchants ni d’indécrottables gentils, chaque clan a ses torts et ses raisons, car s’il est vrai que le progrès est nécessaire, faut-il pour autant évoluer au détriment de l’écosystème ?
Deuxième point où l’auteur détourne allégrement les codes pour mieux les démystifier, c’est dans la présence des peuples mythiques que l’on retrouve régulièrement en Fantasy. Il y a bien des sylphides, des loups garous, des dryades, des dragons, des elfes, des nains et des trolls, mais ceux-ci ne ressemblent en rien en l’image que l’on a d’eux. Les sylphides s’apparentent plutôt à des insectes regroupés en ruches, les dragons sont des herbivores qui ne brillent pas par leur intelligence, les garous sont des hybrides de loup et d’humain figés entre les deux races, et les elfes sont des êtres simplets voire fous à cause d’une trop grande consanguinité (de quoi casser le mythe !). Bref, de quoi faire sourire et piquer suffisamment la curiosité du lecteur qui se doit d’oublier tous ses acquis en Fantasy.
En ce qui concerne la forme du roman, l’histoire est découpée en plusieurs parties qui débutent chacune par le nom d’un personnage (comme dans le Trône de Fer de Martin ou Les psaumes d’Isaak de Scholes), les narrateurs sont donc multiples (pas moins d’une vingtaine de personnages, bien qu‘il y ait certains personnages plus récurrents). Les nombreuses voix peuvent perdre un peu le lecteur en cours de route, qui se doit de se souvenir de qui est qui, mais chaque personnage possède une personnalité bien assise, suffisamment travaillée pour pallier à ce petit travers. En dehors de nos héros, Adrien Tomas nous propose tout un panel de personnages secondaires assez éclectique. Outre Irian, l’assassin du maître qui reste probablement mon personnage préféré avec Llir, le barde du Père, il y a Aevar, l’ange métallique dont le concept même m’a fasciné, Shavalar, l’empereur perfide, la Chamane aux mixtures improbables, etc. De quoi trouver son personnage préféré !
Enfin, Adrien Tomas enrobe tout ça dans un vaste monde cohérent, où chaque coup de poker est maîtrisé. Impossible de ne pas être captivé par tant d’éloquence, une touche d’humour apparaissant de-ci de-là pour notre (mon) plus grand bonheur. Les personnages ont de la faconde, et comme dit plus haut, l’auteur tourne habilement en dérision certains clichés de la fantasy. Des clins d’œil qui font sourire une fois bien immergé dans « La geste du 6ème royaume », un one-step prenant et bien construit qu’il serait dommage d’ignorer. Bon, je pourrais continuer comme ça encore longtemps, tant ce roman est dense, mais je m’arrêterai là pour ne pas vous gâchez le plaisir de la découverte… Venez donc faire un tour du côté du 6ème royaume, dépaysement garanti !
Verdict : Nuit blanche
En plus, j’ai appris un mot, je ne savais pas qu’aède voulait dire barde ^^
Tagué:Épique, Les Six Royaumes, Magie, Mnémos
J’avais déjà noté le nom et ces histoires de Fantasy détournée me plaît bien. 🙂 Combien de tomes sont prévus au total ?
Je ne pense pas que l’auteur ait une idée en tête pour le nombre de tomes. Ce n’était pas prévu comme un cycle à la base et les tomes peuvent se lire indépendamment. Donc, tu peux y aller sans problème 🙂
Idem, il est déjà dans ma wishlist, mais tu peux de lui faire gagner quelques échelons de priorité! 😀
*mais tu viens de lui faire (quel traître adversaire, cette fatigue *sifflote*)
Si tu n’habitais pas aussi loin, je te le prêterais bien ! Ca va encore pour la faute de frappe, l’autre jour je me suis rendue compte dans un de mes articles que j’avais tapé septique au lien de sceptique. La honte ! lol