Titre original : The valley of masks (2011)
Date de parution : 22/08/12
Editeur : Albin Michel
ISBN : 978-2-226-24301-0
Nb. de pages : 453
Prix constaté : 22.90€
Résumé :
Au cours d’une longue nuit où il attend ses assassins, d’anciens frères d’armes, un homme raconte son histoire et celle de son peuple, une communauté qui vit recluse dans une vallée inaccessible, selon les préceptes d’un gourou légendaire : Aum, le pur des purs, le porteur de vérité… Là, dans un souci d’égalité absolue, les hommes n’ont pas de nom mais un matricule, pas de visage mais un masque identique pour tous.
Et pourtant, dans cette société qui se veut égalitaire, certains sont plus égaux que d’autres. Au fur et à mesure qu’il s’élève dans la hiérarchie, jusqu’à en devenir un des chefs, le héros découvre les écueils de cette utopie, ses perversions, sa cruauté envers ceux qui dévient du droit chemin et les compromissions de ceux qui, au nom de la pureté, n’hésitent pas à éliminer chaque grain de sable.
Un de ces grains de sable finira par ouvrir les yeux du héros qui fuira vers le monde extérieur où il découvrira la musique, la lecture, le rire, l’amour… et la beauté salutaire du doute.
Ce que j’en ai pensé :
Voilà un auteur dont j’avais entendu le plus grand bien sur la blogo et les diverses revue littéraires. Son nouveau roman se présentant comme une dystopie au cœur d’une secte indienne, je n’ai pas hésité longtemps à franchir le pas. Et il est vrai que l’auteur possède une plume incomparable, les figures de style et autres allégories étant légion. Il est d’ailleurs un peu compliqué au début de pénétrer dans l’univers de Tejpal, on ne sait pas trop où l’auteur veut nous emmener. Probablement que les digressions du narrateur y sont pour beaucoup, et le lecteur a besoin d’un peu de temps pour se plonger dans le bain. Une fois le nœud de l’intrigue lancée, il est pourtant difficile de lâcher prise.
On parcourt ce roman mi- horrifié, mi- fasciné par cette mini société créé par un gourou légendaire, Aum. Le narrateur qui a fini par s’enfuir de cette secte corruptrice, remonte le fil de ses souvenirs depuis son enfance jusqu’à son évasion. C’est vraiment édifiant de voir « de l’intérieur » comment ces sectes mettent tout en place pour gommer toute trace d’individualité et de liberté de pensée de ses membres. Depuis la naissance, où l’on place les enfants dans une grande crèche collective où chaque lien filial est effacé au profit d’une lignée unique jusqu’aux relations sexuelles où il est interdit de marquer sa préférence pour quelqu’un. C’est tout simplement consternant ce déni de pensée personnelle…
Et c’est ce qui fait la force de roman, cette plongée dans « l’inside » via un ancien membre qui attend ses assassins (car on ne s’enfuit pas impunément de cette vallée inaccessible…) Cette notion de pureté et d’égalité absolue pousse les membres à l’auto-flagellation et à l’autodestruction. Ils sont tellement endoctrinés qu’ils trouvent eux-mêmes une explication à chaque action (ou non-action) et se fustigent pour chaque faux-pas. C’est notamment vrai quand le narrateur tente de « rationaliser » son viol par plusieurs membres. Effroyable ! On pense aux sectes connues bien évidemment (dont celle d’Aum d’ailleurs), mais aussi aux régimes totalitaires et à leur pensée dangereuse de système collectif. « La vallée des masques » apporte ainsi de nombreuses réflexions et nous ouvre les yeux sur les dérives du pouvoir.
En bref, un roman intense et choquant qui, s’il laisse place à quelques longueurs, n’en vaut pas moins le détour. Le sujet abordé peut néanmoins heurter les âmes sensibles tant certains passages sont d’une sauvagerie sans nom. A ne pas mettre entre toutes les mains, donc.
Verdict : Avec les honneurs
Tagué:Albin Michel, Dystopie
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