Illustration de couverture : Alain Brion
Editions : Mnémos
Collection : Icares
Parution le : 23/05/2013
ISBN : 978-2-35408-155-3
Nbr de pages : 403
Prix constaté : 22€
Résumé :
Tiul est le plus mauvais étudiant de la maison des mages. Plus intéressé par les filles des tavernes que par l’art qui permet à ses confrères de manipuler les forces de ce monde. Anthalus est un mercenaire de bas étage qui vit au jour le jour entre tueries et trahisons. Qiruë, craintive et chétive, est la dernière représentante du peuple moribond et décadent des Elfes, méprisée et haïe par ses supérieurs.
Alishr est un jeune écuyer malingre qui rêve de devenir paladin, malgré les brimades et l’ostracisme dont il est la victime. Ce ne sont pas des héros, et il est probable qu’ils ne le soient jamais. Pourtant, alors que la mystérieuse Maison des Mages, qui apporte aide et éducation aux populations, tisse son réseau tentaculaire au coeur des Six Royaumes, le destin du monde va heurter le leur de plein fouet et les jeter face à des forces magiques aussi anciennes que l’univers.
C’est avec et contre elles qu’ils devront écrire la légende des siècles à venir.
Impressions :
« La geste du sixième royaume » avait été pour moi la rencontre avec un jeune auteur français de talent et j’avais été bluffée par la maitrise de son récit. Bien que le roman ait été complet en bon pavé travaillé, Adrien Tomas n’en avait pas pour autant fini avec son univers. Le voilà qui nous revient avec « La maison des mages », un récit qui se passe toujours dans les Six Royaumes mais pas à la même époque. On peut donc lire le roman sans avoir lu « la geste » car de nombreux siècles se sont écoulés depuis. Je dois d’ailleurs avouer que j’ai eu un peu de mal à me resituer le contexte vu que le paysage politique et culturel a complétement changé entre temps. Voilà qui permet du renouveau, ce qui n’est pas un mal.
Complexe sans nul doute, « La maison des mages » est un récit épique qui laisse de côté le rite initiatique pour se consacrer aux choix qui s’imposent à nous quand la notion de bien et de mal s’efface. Si dans la geste, l’auteur confrontait la nature à l’industrie, ici il se concentre plus sur ces personnages qui échappent à la distinction coutumière en fantasy de bon ou méchant. Tiul, par exemple a beau être un étudiant de la maison des mages, il n’est ni doué, ni magnanime. Il trouve plus d’intérêt au fond d’un verre d’alcool ou dans le jupon d’une femme que dans ses études ou dans le monde qui l’entoure. Même quand le vent tourne et qu’il se retrouve contraint à faire un choix, il ne se révèle pas à lui-même et se laisse guider par la facilité et l’appât du gain. On échappe ainsi aux archétypes du genre.
Si la geste était riche de personnages, ce second tome n’a rien à lui envier. Ceux qui n’apprécient pas la multitude de personnages et l’abondance de points de vue n’apprécieront sûrement pas la narration. On retrouve cette construction d’un personnage par partie (ce ne sont pas vraiment des chapitres) qui permet une vision d’ensemble des enjeux qui secouent les Six Royaumes. Si la présence de nombreux protagonistes peut perturber le lecteur, le rendu n’en est pas moins impressionnant. L’auteur a vraiment soigné sa mise en scène, chaque point de vue vient apporter une nouvelle pièce au puzzle qu’est les Six Royaumes. Toutes les forces en place sont représentées, rien n’est laissé au hasard. Si d’un côté on retrouve notre petite troupe dépareillée lancée dans une quête perdue d’avance (composée de Tiul le soiffard, d’Anthalus le nain mercenaire et de Quiruë l’elfe maladive), on découvre également les clans qui composent le Conseil Royal et dont la scission sera la cause d’une nouvelle guerre.
Gorgé de rebondissements, de trahisons et de défections, « La maison des mages » est un roman dynamique, fiévreux et qui sait agripper son lecteur. Les luttes de pouvoir font face à des passages plus enjoués qui allègent un peu l’atmosphère après une énième perfidie. L’humour d’Adrien Tomas qui s’exprime principalement à travers Tiul fait souvent mouche. Rien de tel qu’un personnage sans foi ni loi pour nous faire rire. La narration, dense, sert une intrigue assez classique dans sa forme. On retrouve les notions de loyauté, de ressentiment, de justice et de vengeance bien sûr. Amitiés et amours sont également de la partie et le dénouement un peu trop heureux de certains personnages pourra faire tiquer. La plume, quant à elle, est toujours aussi agréable, fluide et décontractée. Comme un souffle. Un auteur définitivement à suivre !
Verdict : Avec les honneurs
Tagué:Épique, Les Six Royaumes, Magie, Mnémos
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