Titre original : Enhet (2006)
Paru le : 13/11/2013
Edition : Le Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-16450-0
Nbr de pages : 335
Prix constaté : 7.10€
Résumé :
Parce qu’elle vient d’avoir 50 ans et qu’elle est célibataire, Dorrit est devenue « superflue » et, à ce titre, doit rejoindre l’Unité. Un appartement lumineux et confortable, agrémenté de micros et de caméras de surveillance, lui a été réservé. Un écran de télévision, mais pas de téléphone ni Internet pour communiquer avec l’extérieur… En plus d’être logés, les résidents sont nourris, bénéficient de soins médicaux et peuvent consacrer leur temps au loisir de leur choix.
Les nouveaux arrivants sont chaleureusement accueillis, avant d’être affectés à des groupes d’expérimentations médicales humaines. Le corps de Dorrit ne lui appartient plus : à chaque instant on peut lui prélever un organe au bénéfice de ceux qui vivent à l’extérieur et qui sont encore « utiles ». Tout est prévu dans le moindre détail. Sauf une rencontre qui va tout changer.
Impressions :
Dystopie adulte avec une héroïne mature (50 ans), voilà qui change agréablement des midinettes habituelles. L’univers imaginé par Ninni Holmqvist est angoissant et réaliste parce qu’il sait jouer avec nos peurs actuelles. On se sent forcément plus d’atomes crochus avec Dorrit, son héroïne, lorsque l’on est célibataire, sans enfant et que les têtes pensantes du roman nous considèrent comme superflues… Un peu comme dans le roman de Gemma Malley, « La déclaration », sauf qu’il ne s’agit pas d’enfants considérés comme un poids pour la société, mais de personnes « childfree ».
La narratrice, qui nous raconte son expérience au jour le jour dès son entrée dans « l’unité » (espace de rebut des personnes superflues, hommes ou femmes), est attachante et fleure bon l’authenticité. J’ai été émue par son parcours, par ses choix de vie qui l’ont mené à l’Unité et par sa remise en question du système. Plus le récit progresse et plus l’angoisse augmente avec la possible obligation de devoir donner un de ses organes à un humain plus « utile » (parce qu’en plus ne vous considérer comme inutile et encombrant, la société juge bon de vous utiliser comme cobaye et donneur potentiel si quelqu’un a besoin d’un organe, même si ça signifie mourir par la même occasion…). Quelle vision extrême et barbare !
Le ton et la narration, posé et sans esbroufe, peut parfois ennuyer par sa lenteur. Ce compte-rendu des faits au jour le jour n’est parfois pas des plus intéressantes. En quelque sorte, c’est comme si Ninni Holmqvist essayait d’endormir notre vigilance comme le fait l’unité en offrant tout le confort et toute la compréhension possible, histoire qu’on en oublie la gravité de la situation. Car mettre un pied dans l’unité, c’est le poser dans le couloir de la mort, ni plus ni moins. Peu importe que l’on vous gave des meilleurs plats et que le soleil brille sans faille.
La fin du roman, sans illusion ni tapage, est particulièrement réussie. On est vraiment en présence d’une dystopie adulte, qui reste lucide et fidèle aux obstacles de l’univers décrit. J’avoue avoir versé ma larmiche même si je sentais la fin se profiler. Face à l’aberration de ce système qui pousse les jeunes filles à faire des bébés à la pelle, de plus en plus jeunes, de peur d’être considérées un jour comme superflues. Ce système qui ne reconnait pas l’amour des fratries, des amitiés, des êtres chers qui n’ont pas de liens de sang « direct ». Triste monde qui nous est décrit et bien amère est la leçon donnée par Ninni Holmqvist…
Voilà un livre qui m’intrigue beaucoup !
Et dont on entend pas beaucoup parler. Peut-être parce que l’auteure est suédoise et que la dystopie est adulte… C’est ce qui fait son originalité je trouve.
Belle critique ! Je partage ton avis.
Merci. 🙂 Il faut que j’aille jeter un oeil à ton blog alors !
Moi qui aime lire des auteurs de SF autres qu’anglo-saxons, tu viens de m’en faire découvrir une que je vais essayer de lire au plus vite. Merci ^^
J’aime bien découvrir des textes venant d’ailleurs que du monde anglo-saxon aussi, ça permet de sortir des sentiers battus. J’espère que la découverte te plaira ! 😉