Dimitri VERHULST – Comment ma femme m’a rendu fou

comment ma femme m'a rendu fouTitre original : De Laatkomer (2012)
Traduit par Danielle Losman
Date de parution : 22/01/2015
Editions : Denoël
Collection : & d’ailleurs
ISBN : 978-2-207-11781-1
Nbr de pages : 144
Prix constaté : 14.90€

Résumé :
Par désespoir, pour asticoter son monde et surtout pour se venger de son épouse qu’il déteste, Désiré Cordier, petit bibliothécaire retraité de son état, décide de simuler la maladie d’Alzheimer. Bientôt il se prend au jeu et s’amuse des réactions désemparées de sa famille. Il découvre là une liberté qu’il n’a jamais connue et un moyen sûr de s’éloigner de son entourage, et surtout de sa femme qui l’a toujours régenté. Il décide alors de se plonger dans les joies de la démence, la sénilité et l’incontinence… et finit par être interné dans une institution… La maison de retraite lui réserve quelques surprises, comme les retrouvailles avec son amour de jeunesse et la rencontre avec des pensionnaires aussi déjantés que lui. À travers des portraits féroces et hilarants, Verhulst, qui a un don sans pareil pour rendre le comique tragique, et vice versa, nous livre sa vision douce-amère du mariage.

Impressions :
A la lecture du synopsis de « Comment ma femme m’a rendu fou », et à l’idée de découvrir l’histoire de cet homme qui se fait passer pour sénile dans le seul but d’échapper à sa femme, je me suis dit que de belles heures de poilades m’attendaient. Le court roman de Dimitri Verhulst est au final plus doux-amer qu’irrévérencieux et franchement rigolard. Certes, on rit un peu face à la dégringolade qu’est la vie de cet homme qui cherche à tout prix à échapper au fiel de son épouse, mais on est surtout triste de voir que l’esprit de famille compte pour si peu. Sans compter un message qui n’a au final rien de bien joyeux : quand on a raté sa vie, autant faire l’autruche…

  Le récit hésite sans arrêt entre un ton décalé et mordant et une mélancolie franche qui finit par nous mettre du vague à l’âme. Les descriptions de la drôle de vie maritale de Désiré notre faux papy gâteux et de son offusquée et offusquante épouse ne sont pas piquées des vers. Désiré remonte le fil de ses souvenirs pour nous expliquer pourquoi il en est venu à simuler sa démence. Qu’est-ce qui peut pousser un homme à se faire dessus délibérément ? Le protagoniste nous donne la réponse en nous racontant de nombreuses anecdotes de sa vie de famille qui nous éclaire sur son passé et sur sa décision de feindre la démence. Certaines de ces anecdotes sont particulièrement truculentes et nous font rire par leur ineptie (notamment la scène de la nuit de noces).

  D’un autre côté, malgré un ton qui se veut risible, l’approche de la mort et la sensation diffuse d’avoir gâché sa vie mettent un peu de plomb dans l’aile à l’aspect railleur de l’histoire. Si l’épouse de Désiré est l’archétype même de la vieille marâtre que tout le monde déteste, et que l’on se range facilement du côté de notre vieil imposteur, j’ai été fâchée de voir que l’auteur n’accordait pas plus d’importance à la peine que cause le protagoniste à ses enfants. OK, sa vie n’a pas été des plus heureuses mais il en est arrivé là à cause de ses propres choix, difficile de jeter la pierre à autrui. C’est un peu facile de se cacher sous une maladie – réelle et pas facile à accepter pour les proches – et d’abuser de la crédulité des gens qui l’entourent. Ne penser qu’à sa pomme sans une pensée pour ce que peuvent ressentir les gens qui l’aiment, c’est un peu raide je trouve. J’aurais préféré une confrontation en bonnes et dues formes avec l’épouse, voilà qui aurait été jubilatoire (et mérité !). Dommage que l’auteur n’est pas été au bout de son idée. Néanmoins, reste une lecture plaisante et rapide à lire.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

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2 réflexions sur “Dimitri VERHULST – Comment ma femme m’a rendu fou

  1. Carnet Parisien 03/04/2015 à 09:02 Reply

    J’en lis des avis mitigés, il ne me tente pas plus que ça.

    • nymeria 06/04/2015 à 12:56 Reply

      Avec les récits humoristiques, on a vite des attentes je trouve. Et là, je trouve que l’auteur ne sait pas trop sur quel pied danser : sérieux ? railleur ? voire démoralisant… Je pense que tu peux faire l’impasse, « La vie selon Ove » est mille fois mieux dans le genre 🙂

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