Titre original : The Blue Between Sky and Water
Traduit par : Nordine Haddad
Date de parution : 25/01/2016
Editions : Denoël
ISBN : 2207131025
Nbr de pages : 432
Prix constaté : 22.50€
Résumé :
1947. La famille Baraka vit à Beit Daras, village paisible de Palestine entouré d’oliveraies. Nazmiyeh, la fille aînée, s’occupe de leur mère, une veuve sujette à d’étranges crises de démence, tandis que son frère Mamdouh s’occupe des abeilles du village. Mariam, leur jeune sœur aux magnifiques yeux vairons, passe ses journées à écrire en compagnie de son ami imaginaire. Lorsque les troupes israéliennes se regroupent aux abords du village, Beit Daras est mis à feu et à sang, et la famille doit prendre la route, au milieu de la fumée et des cendres, pour rejoindre Gaza et tenter de se reconstruire dans l’exil. Seize ans plus tard, Nur, la petite-fille de Mamdouh, s’est installée aux États-Unis. Tombée amoureuse d’un médecin qui travaille en Palestine, elle décide de l’y suivre. Un voyage au cours duquel elle découvrira que les liens du sang résistent à toutes les séparations même la mort.
Impressions :
« Le bleu entre le ciel et la mer » de Susan Abulhawa est un magnifique roman, entre le conte mystique et la chronique familiale et historique. L’auteure nous y relate le quotidien d’une famille palestinienne sur quatre générations, des années 50 à nos jours. Bien que de nombreux personnages soient à l’honneur, Susan Abulhawa recentre son récit autour de la figure de la femme. Mère, fille, sœur, chaque facette est traitée avec la plus grande attention car chaque relation est unique. On ressent une grande déférence entre ces femmes, beaucoup d’affection et de complicité. Cela transparait dans des petites scènes du quotidien : les civilités autour d’un thé, les bavardages au lavoir, et même jusque dans les rites du mariage où les femmes se réunissent au hammam pour préparer la mariée. Il faut se serrer les coudes entre femmes. A plus forte raison quand on vit dans une partie du monde en constante guerre.
L’auteur dépeint avec beaucoup de talent les rapports qui régissent ces habitants du Moyen-Orient. Chaque problème est accueilli selon des codes bien arrêtés (un enfant qui colporte de sales rumeurs par exemple), car il faut régler ces conflits en bonne entente. La sagesse même. Susan Abulhawa n’a pas son pareil pour décrire le quotidien de ces populations, avec toutes ses subtilités et ses petits détails. Cette éloquence trouve son écho dans la narration d’événements historiques marquants pour les palestiniens. Outre le choc de certaines scènes qui dépeignent avec beaucoup de réalisme les sévices infligés aux populations, l’autre nous permet de voir sous un œil nouveau le conflit qui agite depuis si longtemps Israël et la Palestine. L’impact de son propos est d’autant plus grand que l’on sait que Susan Abulhawa a vécu la guerre des six jours. Son roman s’inspire de son vécu (exilée au Koweït puis aux Etats-Unis comme certains de ses personnages) et n’en parait que plus crédible.
Récit sur l’expatriation, sur le sentiment d’appartenance à une terre, sur la famille, « Le bleu entre le ciel et la mer » est aussi empreint de mysticisme. Possession par un djinn, perception des auras, fantôme protecteur, c’est comme si les personnages cherchaient refuge dans le monde de l’occulte. Pour se protéger des horreurs de la guerre et la laideur de certains êtres humains, les moyens mis à disposition sont parfois insignifiants. Seule la grande force morale et la dévotion dont font preuve Nazmiyeh et sa famille les aideront à tout supporter. C’est une belle leçon de courage et d’humilité que nous donne Susan Abulhawa. A travers le personnage de Nazmiyez, cette femme généreuse à la langue acérée, elle nous offre un très beau portrait de femme. Après tant d’épreuves traversées, sa confiance en sa famille ne la quitte jamais. Pas plus que sa foi envers sa sœur, Mariam. Un roman lumineux bien que déchirant que je n’oublierais pas de sitôt.
Verdict : Avec les honneurs
Tagué:Chronique familiale, Conflit israëlo-palestinien, Déracinement, Denoël, Palestine
J’en entends parler en bien, j’aimerais le lire un jour 😀
Je l’ai trouvé très touchant. Et ça permet de voir le conflit israelo-palestinien sous un autre oeil.