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Scott McCLOUD – Le Sculpteur

le_sculpteurTitre original : The Sculptor (2015)
Date de parution : 18/03/2015
Editions : Rue de Sèvres
ISBN : 978-2-36981-124-4
Nbr de pages : 496
Prix constaté : 25€

http://www.gillesparis.com

Résumé :
David Smith consacre sa vie à l’art – jusqu’à l’extrême. Grâce à un pacte avec le diable, le jeune artiste voit son rêve d’enfance réalisé : pouvoir sculpter tout ce qu’il souhaite, à mains nues. Mais ce pouvoir hors norme ne vient pas sans prix… il ne lui reste que 200 jours à vivre, pendant lesquels décider quoi créer d’inoubliable est loin d’être simple. D’autant que rencontrer l’amour de sa vie le 11ème jour ne vient rien faciliter !

Impressions :
Quelle claque ! Ce roman graphique possède une telle puissance narrative, on touche à la perfection. Voilà c’est dit ! C’est un véritable tourbillon d’émotions qui nous agrippe à la lecture de cette réécriture du mythe de Faust. De l’Art porteur, plus important que la vie et pourtant… Ces 500 pages de pure poésie où l’Art filtre par les sentiments (ou bien est-ce le contraire ?) m’ont chamboulé comme jamais. Cet artiste en manque d’inspiration, que le génie semble avoir abandonné, est touchant par sa fragilité. Quand son oncle décédé apparait pour lui proposer d’échanger le restant de sa vie pour 200 jours de création illimitée, il n’hésite pas une seconde. Seul, son Art étant au centre de sa vie, qu’a-t-il à perdre ? Mais c’est là que sa muse apparait, une jeune femme vulnérable qui a besoin de lui autant qu’il a besoin d’elle…

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  La mise en page est audacieuse, elle nous emporte dans le décompte mortel qui nous fait vibrer en accord avec David Smith. On tourne les pages avec angoisse, espérant un retournement de situation qui permettrait un happy-end. Scott McCloud parvient à nous faire ressentir la tension omniprésente du récit mais aussi à nous émouvoir. Un pacte passé avec le diable pour retrouver l’inspiration et laisser son empreinte sur le monde quitte à en mourir, c’est du déjà-vu mais c’est si bien orchestré qu’on en oublie ses prédécesseurs. Les sculptures imaginées par David sont une représentation des moments clé de sa vie, une rétrospective de ces petits instants insignifiants qui l’ont marqué à jamais. Cette intimité soudaine que l’on partage avec le héros nous prend à revers. Je ne m’attendais pas à me sentir aussi concernée par cet artiste sans le sou. Et pourtant…

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  Visuellement, ça en jette. Les teintes de noir et de bleu dans lesquelles sont rendues les planches permettent à Scott McCloud de nous immerger dans un univers onirique où tout est possible. Des sculptures jaillissent des trottoirs, des immeubles, des murs. Les objets du quotidien perdent leur matière et se transforment en exutoire à la colère enfouie de David. C’est renversant. L’œuvre véhicule également tout un tas de sentiments qui nous secoue. Le grand amour, l’amitié trouvent chacun un écho dans l’Art de David. Chaque détail détient sa portée symbolique et la fin nous laisse émue jusqu’aux larmes face à l’œuvre majeure de l’artiste. Un incontournable !

Verdict : Indétrônable

indétrônable

Gabriel Bá & Fábio MOON – Daytripper : Au jour le jour

DaytripperEditions : Urban Comics
Collection : Vertigo Deluxe
ISBN : 978-2-3657-7013-2
Nbr de pages : 250
Prix constaté : 22.50€

Résumé :
Les mille et une vies d’un aspirant écrivain… et ses mille et une morts. Brás de Oliva Domingos, fils du célèbre écrivain brésilien, passe ses journées à chroniquer les morts de ses contemporains pour le grand quotidien de São Paulo… et ses nuits à rêver que sa vie commence enfin. Mais remarque-t-on seulement le jour où notre vie commence vraiment ? Cela commence-t-il à 21 ans, lorsque l’on rencontre la fille de ses rêves ? À 11 ans, au moment de son premier baiser ? À la naissance de son premier enfant peut-être ? Ou au crépuscule de sa vie…

Ce que j’en ai pensé :
La chose est plutôt rare, mais me revoici avec un avis sur un comics. Parce que oui, je ne lis pas que des mangas, j’aime aussi les BD & comics, même si je n’en lis qu’occasionnellement. « Daytripper » avait capté mon intérêt grâce aux bons échos que j’avais lu lors de sa sortie vo. L’opération « La BD fait son Festival » chez Price Minister tombait vraiment à pic. A mon tour, je suis tombée sous le charme de ce comics atypique, plutôt conséquent (250 pages) et qui se suffit à lui-même (comprenez que c’est un oneshot, sorti à l’époque en plusieurs fascicules).

Ce n’est pas tant les dessins qui m’ont plu, mais plutôt le message de l’oeuvre et la poésie qui s’en dégage. Les chapitres alternent les instantanés importants de la vie de Brás de Oliva Domingos, journaliste nécrologique dans un petit journal. Le récit nous emmène d’une page à l’autre, lors des évenements marquants de son existence. Chaque chapitre s’arrête sur LE moment où tout peut basculer et changer sa vie à jamais (une naissance, une rencontre, etc.). Chaque décision a ses conséquences et la vie du héros-narrateur peut prendre pluieurs chemins. Si chaque fin de chapitre est tragique avec la mort annoncée de Brás , c’est aussi porteur d’espoir, car les auteurs insistent sur le caractère sacré de la vie et apportent un message qui se grave dans notre esprit : « Carpe Diem ».

Tout au long de ces 250 pages, Gabriel Bá et Fábio Moon nous emmènent dans l’ univers coloré et foisonnant du Brésil, avec ses croyances et ses petites particularités. Le récit passe des moments joyeux du quotidien au drame fatidique. Les thèmes évoqués sont porteurs : la vie, l’amitié, la carrière, l’amour, la famille, la découverte de soi… Chaque nouvelle chute de chapitre est bouleversante et on en vient à apprécier la vie simple de Brás de Oliva Domingos, ce héros si proche de nous, qui nous rappelle notre mortalité. Une oeuvre marquante !

Ma note : 16/20

Merci à Price Minister et à la librairie Entre les Pages !

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