Archives de Catégorie: Pas ma tasse de thé

Richard POWERS – Orfeo

orfeoTitre original : Orfeo (2014)
Traduit par : Jean-Yves Pellegrin
Date de parution : 19/08/2015
Editions : Cherche-Midi
ISBN : 978-2-7491-33653-2
Nbr de pages : 425
Prix constaté : 22€

Résumé :
Peter Als, 70 ans, est un compositeur solitaire, à la vie bien rangée. En quelques jours, son existence va basculer.
Une visite de la police, une infection bactériologique dans un hôpital de l’Alabama et Peter est soupçonné de terrorisme. La Sécurité nationale veut l’entendre, la presse s’en mêle, il préfère prendre la fuite. Commence alors pour lui un périple à travers les États-Unis, afin de retrouver certaines fi gures de son passé, son ex-femme, sa fi lle : un voyage clandestin dans l’espace autant que dans la mémoire, l’occasion d’une possible renaissance.

Impressions :
Richard Powers est un auteur américain très réputé dans la sphère littéraire et on m’a en a vanté les mérites plus d’une fois. Avec « Orfeo », je me suis dit que c’était l’occasion ou jamais de découvrir l’auteur à travers ce vieillard en déroute qui se réfugie dans la musique. La musique dans ses plus infimes variations. Avec ses mouvements, ses compositions et ses chefs d’œuvre. La création est au cœur même de ce récit passionné, Peter Els, notre vieux compositeur, essayant de récréer la vie à tout prix : que ce soit à travers ses partitions, sa fille ou ses cultures de bactéries…

  « Orfeo » n’est pas une œuvre facile à apprivoiser. Le fait de ne pas savoir lire la musique peut être un frein à la lecture. Richard Powers, en vrai passionné, nous noie sous un déluge de termes techniques auxquels on ne comprend pas tout. Et bien que l’on se sente parfois transporté par son exaltation, le récit semble parfois un peu hermétique. L’auteur fusionne le passé et le présent de Petr Els, en enchainant les remembrances et les compositions musicales, ce qui n’aide pas non plus à la compréhension. Néanmoins, on redécouvre que la musique n’est pas toujours qu’un fond sonore lorsque l’on cuisine ou que l’on conduit mais que cela peut être aussi l’expression d’une humeur, d’une émotion, quelque chose de plein et d’unique. Je me suis d’ailleurs surprise à réécouter certains morceaux de musique et à les redécouvrir avec une nouvelle oreille.

  Le portrait de cet homme pour qui la composition a parfois été une souffrance est assez fascinant en soi. Sa vie, qui n’a rien eu d’un long fleuve tranquille, est rythmée par la musique. Ses choix découlent toujours d’une manière ou d’une autre de cet art. Bons ou mauvais, difficile à dire tant celle-ci compte pour lui et l’influence. Si le message est magnifique et la plume érudite, il faut bien admettre que Richard Powers oublie parfois le lecteur en cours de route. On a parfois l’impression qu’il a écrit Orfeo pour lui et pour une poignée de lettrés qui se reconnaitront dans le parcours de Peter Els. J’ai eu beaucoup de mal à me plonger dans le récit, je l’ai lu de manière fragmentée, lisant parfois des passages en diagonale, revenant sur certaines scènes dont je ne saisissais pas le propos. Bref, je pense qu’Orfeo est une œuvre à part, qui ne conviendra pas à tous les lecteurs. Saura-t-il vous atteindre ? A vous de voir…

Verdict : Pas ma tasse de thé

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Michal AJVAZ – L’autre ville

l'autre villeTitre original : Druhé mesto (2005)
Parution le 02 avril 2015
Editions : Mirobole
Collection : Horizons pourpres
ISBN 979-10-92145-35-9
Nbr de pages : 224
Prix constaté : 19 €

GRAND PRIX EUROPÉEN UTOPIALES 2015
FINALISTE PRIX MYTHOLOGICA 2016
FINALISTE GRAND PRIX DE L’IMAGINAIRE 2016

Résumé :
Dans une librairie de Prague, un homme trouve un livre écrit dans un alphabet inconnu et l’emporte chez lui ; bientôt l’ouvrage lui ouvre les portes d’un univers magique et dangereux. À mesure qu’il s’enfonce dans les méandres de cette autre ville, il découvre des cérémonies baroques, des coutumes étranges et des créatures fascinantes ; derrière la paisible Prague des touristes, des cafés se muent en jungles, des passages secrets s’ouvrent sous les pieds et des vagues viennent s’échouer sur les draps…

Impression :
Les éditions Mirobole savent dénicher des romans hors du commun, ça c’est certain. Ils n’hésitent pas à publier des auteurs inconnus, des textes différents de ce que l’on voit habituellement. Avec « L’autre ville », on nage en plein délire. Le délire de l’auteur tchèque contemporain le plus réputé de son pays. Au vu du résumé, je m’attendais à quelque chose de surréaliste, de dépaysant et d’onirique. Et il est vrai que c’est un roman étrange. Il n’y a pas à proprement parler d’intrigue. A partir du postulat de départ (le narrateur découvre un livre écrit dans un alphabet inconnu qui lui permet d’entrer dans un univers onirique qui s’amalgame au monde réel), l’auteur tisse un canevas farfelu fait de rencontres importunes, de sensations exotiques et de fantasmagories visuelles. Du narrateur, on ne sait pratiquement rien. On ne fait que le suivre au gré de ses pérégrinations hallucinatoires.

  Malheureusement, je n’ai pas réussi à me laisser transporter par la transe promise. Si le roman est à bien des égards hypnotique (on finit par ne plus savoir ce qu’on lit et ce qui se passe au juste), il est aussi très déstabilisant. J’ai dû m’y prendre à plusieurs fois pour essayer d’y comprendre quelque chose, mais à chaque fois je me perdais dans le propos de l’auteur qui passe du coq à l’âne. Ce n’est pas un mauvais livre, mais comment dire, c’est le genre de roman qui tient plus de l’expérience à vivre à laquelle on adhère ou pas. Personnellement, je suis complétement passée à côté. L’auteur nous bombarde de mots, joue avec la syntaxe, les figures de style. Les phrases sont à rallonge, il s’arrête sur une description pour enchainer sur une autre et par dans des circonvolutions qui donnent le tournis. On en serait presque ivre. Je ne dirais pas que je n’ai pas aimé mais le voyage promis m’a laissé sur le quai. A tenter pour l’expérience.

Verdict : Pas ma tasse de thé

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Takuma MORISHIGE – Séki, mon voisin de classe, tome 1

séki1Titre original : Tonari no Seki-kun (2011)
Date de sortie : 27/08/2015
Editions : Akata
Collection : S
ISBN : 236974068X
Nbr de pages : 160
Prix constaté : 7.95€

Pour lire un extrait, c’est ici !

Résumé :
Rumi est une élève studieuse et sérieuse… Mais elle a un GROS problème ! Son problème, c’est Séki ! C’est qui ? Ben, Séki, son voisin de classe ! Cet énergunème aussi stoïque que génial passe son temps à… tuer le temps ! Parce que les cours, c’est vraiment pas son truc. Alors il préfère bricoler, s’amuser, découper, inventer… faire tout ce qui lui passe par la tête sur son bureau, qui se transforme alors en véritable table d’expérimentations ! Difficile alors, pour la pauvre lycéenne, de rester concentrée, alors que son voisin s’agite dans tous les sens, sans jamais se faire prendre par les professeurs. Le pire dans tout ça, c’est que quand l’imagination de Séki déborde « un peu » trop, c’est toujours sur elle que ça retombe… pour le plus grand plaisir des lecteurs !!

Impressions :
Point tombée sous le charme de Séki, cet hurluberlu qui invente de nouvelles manières récréatives de passer le temps en classe. Il ne ménage pourtant pas sa peine dans ce premier tome avec des batailles de shogi, de création d’origamis ou encore d’atelier de couture ultra kawaï. Et tout ça pendant les cours, parce que bon, c’est bien connu, écouter le prof en classe, c’est d’un chiant… (non, ce n’est pas moi qui le pense, mais Séki ma bonne dame).

  Ce nouveau manga de Takuma Morishige publié chez Akata est un petit phénomène au Japon avec une adaptation en anime qui a connu un joli succès. «Séki mon voisin de classe » fait partie de ces MDNI (comprenez mangas délirants non identifiés) qu’on adore ou qui nous laisse complètement indifférent. Voire pantois. Voire navré. Dans mon cas, je me suis juste sentie hors du coup car les enchainements de ce trublion de Séki ne m’ont fait ni chaud ni froid. Je n’ai pas ri, je n’ai pas trouvé ça mauvais non plus. Mais je ne suis pas rentrée dans le délire du mangaka.

  Les chapitres courts passent d’une idée de Séki à une autre, le personnage central étant « épaulé » de Rumi, la voisine malchanceuse de celui-ci qui doit subir ses délires au point de plus rien suivre en classe. Les différentes distractions de cet élève dissipé sont bien souvent liées à des jeux typiquement japonais, ce qui n’aide pas le lecteur français à s’attacher à ses facéties. Les cases sont dynamiques, le mangaka allant à l’essentiel, sans s’encombrer de développer une intrigue, puisque l’intérêt du manga réside dans son caractère de saynètes. Le trait est agréable, un peu passe-partout, typique du genre. Bref, c’est à tester pour savoir si on aime… ou pas.

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Robert ALLISON – Lettres mortes

lettres mortesTitre original : The letter bearer (2014)
Traduit par : Isabelle D. Philippe
Paru le : 30/10/2014
Editions : Denoël
Collection : & D’ailleurs
ISBN : 978-2-207-11621-0
Nbr de pages : 296
Prix constaté : 22€

Résumé :
1942, au beau milieu du désert libyen. Un jeune soldat anglais reprend connaissance, sa moto totalement détruite à quelques mètres de lui. Il a sauté sur une mine et est grièvement blessé. Une musette pleine de lettres gît à ses côtés. Il ne se souvient de rien, ni de qui il est, ni pourquoi il se retrouve dans cet endroit. À la surprise de tous, il se remet peu à peu de ses blessures et occupe sa convalescence à lire les missives. L’une d’entre elles le touche particulièrement : celle qu’un lieutenant, Tuck, a écrite à la femme aimée. Le jour où une tribu de Bédouins attaque le campement, le jeune amnésique saisit l’occasion de changer d’identité et d’endosser celle de Tuck. Il va s’inventer une vie rêvée.

Impressions :
« Lettres mortes » est un roman contemporain sur fond historique qui suit pendant un court laps de temps la vie de soldats paumés au beau milieu du désert libyen pendant la seconde guerre mondiale. Si ce n’est pas le genre de récits vers lequel je me tournerais habituellement, j’y ai fait de belles découvertes comme «Le chemin des âmes » de Joseph Boyden. L’histoire de ce soldat amnésique qui usurpe l’identité d’un soldat disparu parce qu’il a été ému par une lettre qu’il transportait me semblait porteur de tout un tas d’émotions. Malheureusement, je n’ai pas du tout été transportée par ce roman, que j’ai trouvé lourd dès les premières pages, avec un style un brin présomptueux (ça démarrait mal).

  Le style et la narration me plaisait si peu que j’ai lu le roman en diagonale, peu intéressée par la destinée de ce jeune soldat anglais. Le récit est pourtant plutôt court mais il manque de dynamisme et ne véhicule pas beaucoup d’émotions. On se sent sans cesse en dehors de l’histoire, peu touché par le héros et par ce qui lui arrive. Malaise en partie expliquée par la manière dont a l’auteur de rester en retrait, à la façon d’un narrateur externe qui ne fait que rapporter des faits. Sans parti pris ni sentiments. Et quand Robert Allison s’essaie à la réflexion dans une débauche de métaphores et de grandiloquence, ça tombe carrément à plat à cause de son style pompeux… Bref, je suis complétement passée à côté de ce roman qui n’a pas réussi à m’émouvoir et qui m’a paru « froid ».

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Jo WALTON – Morwenna

morwennaTitre original : Among others (2011)
Traduit par : Luc Carissimo
Date de parution : 10/04/2014
Edition : Denoël
Collection : Lunes d’encre
ISBN : 978-2-207-11654-8
Nbr de pages : 334
Prix constaté : 21.50€

Résumé :
Morwenna Phelps, qui préfère qu’on l’appelle Mori, est placée par son père dans l’école privée d’Arlinghust, où elle se remet du terrible accident qui l’a laissée handicapée et l’a privé à jamais de sa sœur jumelle, Morganna. Loin de son pays de Galles natal, Mori pourrait dépérir, mais elle découvre le pouvoir des livres, notamment des livres de science-fiction. Samuel Delany, Roger Zelazny, James Tiptree Jr, Ursula K. Le Guin et Robert Silverberg peuplent ses journées, la passionnent. Alors qu’elle commence à reprendre du poil de la bête, elle reçoit une lettre de sa folle de mère : une photo sur laquelle Morganna est visible et sa silhouette à elle brûlée. Que peut faire une adolescente de seize ans quand son pire ennemi, potentiellement mortel, est sa mère ? Elle peut chercher dans les livres le courage de se battre.

Impressions :
Grand gagnant du prix Nebula et du prix Hugo, Morwenna me faisait de l’œil depuis sa sortie vo et sa vf annoncée sur le blog de la collection Lunes d’encre chez Denoël. J’en attendais beaucoup, de cette ode à la littérature de l’imaginaire. Mais malgré mes bonnes dispositions, je n’ai pas du tout réussi à y adhérer.

  L’absence d’intrigue m’a gênée tout comme le manque de finalité du roman. J’ai lu quelque part que c’était un récit sur la résilience et je veux bien le croire. Morwenna qui se bat contre sa solitude, qui ne se laisse pas abattre par la mort de sa jumelle ni par son handicap, c’est sûr que c’est touchant et admirable. Mais le procédé narratif utilisé par Jo Walton qui construit le roman tel le journal intime de la jeune fille au jour le jour est plus source d’ennui qu’autre chose. Il ne se passe pas grand-chose entre la première entrée de son journal intime et la dernière. Morwenna évolue très peu. Du moins pas assez pour que l’on apprécie son parcours. De plus la personnalité de la jeune fille nous parait un peu froide, trop détachée de tout.

  Certes, il y a quelques sursauts, surtout quand Morwenna se lance sur son sujet préféré : la littérature SFFF. Ou qu’elle analyse son environnement en voyant de la magie partout. Magie qui n’est que très peu exploitée et ne présente pas vraiment d’intérêt au final. Pareil pour la longue liste de romans cités qui ne fait pas montre d’un quelconque développement. L’auteure nous balance des titres en veux-tu en voilà sans prendre le temps de s’y attarder. Je n’y ai pas vu d’intérêt, à moins de connaitre déjà lesdits titres (l’envie ne m’a traversé à aucun moment de me renseigner un peu plus sur tel ou tel livre par exemple…). Si le but était de mettre en valeur ce type de littérature, c’est un peu raté selon moi. Bref, je n’ai pas été touchée par la magie de Morwenna et j’en ressors avec l’impression d’être complètement passée à côté…

Verdict : Pas ma tasse de thé

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