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Hiroshi SEKO & Hajime ISAYAMA – L’attaque des titans : Lost Girls

l'attaque des titans - lost girlsTitre original : Shosetsu Shingeki no Kyojin Lost Girls (2014)
Traduit par : Emmanuel Bonavita
Date de parution : 13/04/2016
Editions : Pika
ISBN : 978-2-8116-2658-7
Nbr de pages : 245
Prix constaté : 14.95€

Résumé :
2 femmes, 2 destins, 1 combat Retrouvez Mikasa et Annie dans des aventures inédites à travers trois histoires : Lost in Cruel World dépeint la rencontre de Mikasa et d’Eren. Wall Sina Goodbye s’intéresse à une enquête menée par Annie alors qu’elle vient d’entrer dans les Brigades Spéciales. Lost Girls, enfin, illustre un moment de tension particulier entre Annie et Mikasa, guerrières au talent hors du commun…

Impressions :
Tous les fans d’animes et de mangas auront forcément entendu parler de « L’attaque des titans » (à moins de vivre dans une grotte). Que ce soit le manga original, publié chez Pika. Ou l’anime sorti chez @Anime, par qui le titre s’est fait connaitre en premier chez nous. En inaugurant sa collection « romans », Pika a décidé de publier le premier roman adapté de l’univers de « L’attaque des titans ». La première question que l’on se pose bien évidemment est : « Peut-on lire le roman si l’on ne connait rien à l’univers précité ? » Je vous le déconseillerais.

  Ce recueil qui réunit trois nouvelles plus ou moins longues qui s’intercalent à tour de rôle à un moment bien précis de l’histoire, nous permettent de combler une ellipse temporelle. Ou de nous fournir de plus amples explications sur l’état psychologique d’un personnage à un moment clé. La première nouvelle « Lost in the cruel world » nous dépeint une Mikasa au bord de la rupture lorsqu’elle apprend la mort d’Eren. « Wall Sina Goodbye » nous explique comment Annie a passé sa journée de repos avant le jour fatidique de l’attaque d’Eren. Enfin, la novelette « Lost Girls » revient sur la confrontation Mikasa/Annie juste avant que celle-ci se fasse capturer. Vous comprendrez donc que ceux qui ne connaissent rien à l’univers et n’ont pas vécu ses moments de tension passeront complétement à côté de l’intérêt du roman.

  Les deux premières histoires, comme nous l’explique l’auteur dans la préface, ont été écrites en tant que bonus dans les versions DVD de l’anime. Elles ne sont donc pas indispensables à la compréhension de l’histoire. Disons plutôt qu’elles apportent un nouvel éclairage sur la personnalité des deux personnages féminins les plus mystérieux et taiseux de l’œuvre. Mikasa et Annie, deux héroïnes virtuoses du combat, font partie des personnages les plus intéressants de « L’attaque des titans ». Déjà parce que ce sont des héroïnes flamboyantes, plus fortes que leurs homologues masculins. Mais surtout parce qu’elles ne se dévoilent pas beaucoup et que l’on doit sans cesse interpréter leurs gestes (ou leur manque d’émotion extérieure) pour arriver à saisir leur psyché. Sur ce point, c’est assez intéressant de s’imaginer tout le panel de sentiments par lesquels elles passent lors des moments de tension. Pour Mikasa, on sait qu’Eren est l’être qui compte le plus et qu’elle se dévoue entièrement à lui. La voir s’écrouler lorsqu’elle croit le perdre prend tout son sens. Pour Annie, c’est plus complexe. On ne sait pas trop ce qui la motive. Quelques pistes sont lancées çà et là, mais on se pose beaucoup de questions sur ces motivations, sur ce qu’elle ressent à sacrifier ainsi des camarades. La confrontation finale entre les deux héroïnes dans la dernière nouvelle acquiert ainsi une portée plus symbolique.

  Néanmoins, à ceux qui espéreraient des révélations, passez votre chemin. On n’apprend rien de fondamentalement nouveau dans ce recueil. Il n’y a pas non plus beaucoup d’action. L’aspect psychologique est privilégié et tout ce qui fait des deux héroïnes des badass est gommé pour montrer leur fragilité. « Lost in the cruel world » est même assez déstabilisante parce qu’elle dépeint la rencontre Eren/Mikasa d’une manière totalement différente. J’ai été un peu perdue par la narration qui se veut réaliste alors qu’elle se passe dans la tête de Mikasa. Une espèce de version alternative. J’avoue ne pas y avoir vu beaucoup d’intérêt. Voir Mikasa se projeter dans un avenir rêvé aurait eu plus d’impact. En définitive, bien que j’apprécie beaucoup « L’attaque des titans », pour moi ce roman n’est pas indispensable et serait plutôt à réserver aux fans ultimes de l’œuvre.

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Marcus SAKEY – Les Brillants, tome 1

les brillantsTitre original : Brilliance (2013)
Traduit par : Sébastien Raizer
Date de publication : 18/02/2016
Editions : Folio Policier
ISBN : 978-2-07-046831-7
Nbr de pages : 568
Prix constaté : 8.20€

Résumé :
Dans le Wyoming, une petite fille perçoit en un clin d’œil les secrets les plus sombres de tout un chacun. À New York, un homme décrypte les fluctuations des marchés financiers et engrange 300 milliards de rofit en une semaine. À Chicago, une femme maîtrise le don d’invisibilité en sachant d’instinct se placer là où personne ne regarde. On les appelle les «Brillants», et depuis les années 1980 1 % de la population naît avec ces capacités aussi exceptionnelles qu’inexplicables.
Nick Cooper est l’un d’eux : agent fédéral, il a un don hors du commun pour traquer les terroristes. Sa nouvelle cible est l’homme le plus dangereux d’Amérique, un Brillant qui fait couler le sang et tente de provoquer une guerre civile entre surdoués et normaux. Mais pour l’arrêter, Cooper va devoir remettre en cause tout ce en quoi il croit, quitte à trahir les siens.

Impressions :
Un roman avec des superpouvoirs, du suspense et une touche d’espionnage, il n’en fallait pas plus pour m’intéresser. Ce premier tome des Brillants ne tient pourtant pas toutes ses promesses. Bien que les éditions Folio aient décidé de le publier dans leur collection « Policier » plutôt que SF (une bonne idée somme toute), j’avoue que j’ai été déçue que l’auteur n’exploite pas plus avant les capacités extraordinaires de ses personnages. Marcus Sakey s’intéresse plus à l’aspect thriller et infiltration de l’intrigue qu’au postulat de départ SF, ce que j’ai trouvé dommage tant le potentiel est immense.

  Au lieu de faire de ses « brillants » des êtres cartoonesques aux facultés surhumaines, l’auteur exploite un filon plus réaliste et en fait des êtres de génie, dont le cerveau est bien plus développé que l’humain lambda. Pas de boules de feu, d’yeux lasers ou de personnages se jouant de la gravité, ici on sait lire les auras, anticiper les mouvements, tracer des schémas dans son environnement. J’ai apprécié ce réalisme parce qu’il ancre plus facilement le lecteur dans cet univers pas si éloigné du nôtre. Un futur tangible et terrifiant qui voit naitre une nouvelle forme de terrorisme. Le parallèle avec X-Men et sa lutte entre humains « supérieurs » et humains normaux est tracé. Mais cela s’arrête là.

  Bien que l’auteur donne quelques pistes sur cette évolution, il n’approfondit pas vraiment le background et c’est dommage. Les scènes de traque et d’infiltration sont très enlevées, on s’imagine très bien tout ce petit monde sur le terrain. Coups de filet, attentats, interrogations musclées, tout est mis en place pour nous en mettre plein les yeux et filer à cent à l’heure. Si l’action est au rendez-vous, Marcus Sakey se ménage également des scènes plus quotidiennes qui nous permettent d’en apprendre plus sur l’agent Nick Cooper, le héros du roman. Bien que j’aie apprécié sa capacité à déchiffrer autrui et son amour pour sa famille, il m’a laissé un peu indifférente. Comme si je restais en retrait de son histoire, pas vraiment impliquée par ce qui lui arrive. La faute à un récit un peu aseptisé, la narration étant plus analytique qu’émotionnelle. Il manquait clairement le petit quelque chose selon moi. Un ressenti en demi-teinte donc.

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Shûzô OSHIMI – Dans l’intimité de Marie, tome 4

dans l'intimité de marie 47 tomes en cours au Japon
Titre original : Boku wa Mari no Naka, book 4 (2014)
Date de parution : 21/10/2015
Editions : Akata
ISBN : 978-2-36-9740841-1
Nbr de pages : 184
Prix constaté : 7.95€

Résumé :
L’enquête piétine… Yori et Isao ne savent plus trop comment faire, pour retrouver où est passé l’esprit de Marie. Aussi, un peu désespérés, ils rendent à nouveau visite à  » l’autre Isao « . Sera-t-il un allié de choix ? Pendant ce temps, l’intervention d’un professeur de Marie risque bien de poser quelques problèmes au sein de sa famille… Comment Isao fera-t-il pour gérer la tempête qui s’annonce ?

Impressions :
Ce quatrième tome ne plaira pas à tout le monde. A la question que l’on se posait « Où est Marie ? », Shûzô Oshimi choisit d’y répondre par une scène sulfureuse, une scène dérangeante que je n’avais pas anticipée au vu des trois premiers tomes assez soft. Enfin, le « Public averti » prend tout son sens… Si j’ai été un peu déçue par le tour pris par ce tome, le mangaka semble avoir une idée bien précise en tête et aborde la sexualité sans tabou. Moi qui trouvais Shûzô Oshimi respectueux vis-à-vis du rôle de la femme, on voit dans les gestes de Marie-Isao quelque chose de désespéré et d’un peu voyeur, on ne sait pas trop sur quel pied danser. Je pense qu’Oshimi aurait pu y passer moins de planches ou accentuer le côté « déconnecté » de la réalité sans y perdre en décharge émotionnelle. Certes, c’était peut-être voulu, comme un électrochoc pour Marie et pour le lecteur, une manière de la faire réagir en somme (l’avenir nous le dira), mais j’ai trouvé ça trop long et dispensable sur une bonne partie.

  La première partie du tome est magnifiquement menée par contre. Surtout les passages avec la mère de l’adolescente, qui montre ouvertement son désarroi face à son nouveau comportement. L’impact que tout ça a sur sa vie familiale commence à se faire ressentir, on sent ses parents à bout, prêts à se déchirer pour décider ce qu’il y a de mieux pour la jeune fille. L’émotion est là, sur les visages des personnages, dans l’expressivité d’un regard vide, c’est poignant. Le trait est vraiment maitrisé, Shûzô Oshimi se révèle particulièrement à l’aise avec les visages et les sentiments à fleur de peu. Côté intrigue, le final du tome qui met en scène la confrontation de Marie-Isao avec ses camarades de classe et la mini-apparition de Marie laisse présager une confrontation. Entre Yori et Marie-Isao. Entre l’éveil sexuel et le respect du corps. Gageons que le mangaka saura mener tout ça avec tact (je croise les  doigts).

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Hiroshi SHIIBASHI – Illegal rare, tome 1

illegal rare 1Titre original : Illegal rare (2014)
Série finie en 4 tomes.
Date de parution : 07/10/2015
Editions : Delcourt
Collection : Shônen
ISBN : 978-2-7560-7237-1
Nbr de pages : 181
Prix constaté : 6.99€

Résumé :
Fukumen et Black Vampyr King AxL sont à la tête d’une organisation de défense des créatures surnaturelles en voie de disparition, les «Rares». Leur but ? Les protéger de l’inlassable traque dont elles font l’objet et leur permettre de vivre librement. Première mission : retrouver une sirène qui vient d’être kidnappée. Encore faut-il qu’AxL retrouve la taverne où les Rares se réunissent…

Impressions :
Certains d’entre nous reconnaitront peut-être Hiroshi Shiibashi pour son manga « Nura, le seigneur des yokai », 25 tomes série complète avec en sus 2 saisons d’un anime produit par le studio DEEN. « Illegal rare » suivra t’il le même chemin ? Rien n’est moins sûr, le manga étant bouclé en 4 petits tomes, de quoi laisser souffler le mangaka j’imagine. A quoi s’attendre avec ce premier tome ? On y retrouve la passion du mangaka pour les monstres en tous genres, avec un pitch qui tourne autour de créatures fantastiques en voie de disparition, un héros classieux et des combats nerveux. Bref, si vous faites fan de licornes, sirènes ou autres vampires, ce manga pourrait bien vous plaire.

  « Illegal rare » est un shônen pur jus qui ne renouvelle pas le genre mais surfe sur la vague fantastique amorcé il y a quelques années. Si ce premier tome ne se démarque pas de la production actuelle, il divertit à défaut d’autre chose. Les monstres sont plutôt bien fichus, mention spéciale pour le masque d’épouvantail de Fukumen. Le costume d’Axl lors de sa transformation en Black Vampyr m’a semblé bien ridicule en comparaison (si ça devait en jeter, c’est raté !). L’intrigue qui tourne autour de différentes affaires de chimères chassées est intéressante mais manque encore de poids, on est en droit d’attendre d’autres enjeux en toile de fond. Le trait de Shiibashi Hiroshi est agréable, quoique classique, la mise en scène relativement dynamique. A noter, des petites touches d’humour bienvenues. Bref, sympa sans être transcendant.

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Vladimir LORTCHENKOV – Camp de gitans

camp de gitansTitre original : Tabor uhodit (2010)
Traduit par : Raphaëlle Pache
Date de parution : 03/09/2015
Editions : Mirobole
Collection : Horizons Pourpres
ISBN : 979-1-092-145458
Nbr de pages : 373
Prix constaté : 21.50€

Résumé :
A l’Assemblée générale des Nations Unies, un terroriste moldave prend en otages tous les grands de ce monde, d’Obama à Poutine, en passant par Merkel, Berlusconi et Sarkozy. Ses revendications stupéfient la planète.
Pendant ce temps en Moldavie, entre incurie, corruption et culte aveugle de l’Union européenne, le pays a sombré dans l’anarchie, la capitale Chisinau est envahie par des hordes d’enfants abandonnés et une étrange religion se répand : les Moldaves seraient le Peuple élu, le nouvel Israël, qui réclame une Terre promise au bord de la Méditerranée… L’ONU va devoir agir, sans quoi, adieu les otages !
Découvrez dans ce roman à l’écriture étourdissante comment les Moldaves marchandent avec Dieux, ou pourquoi le major Plechka, maton filou, oblige ses prisonniers à écouter en boucle les trésors de la poésie nationale…

Impressions :
Autant j’avais été charmée par le récit farfelu de Vladimir Lortchenkov dans « Des mille et une façons de quitter la Moldavie », autant « Camp de gitans » qui reprend pourtant les mêmes ingrédients, m’a laissée perplexe. Est-ce à cause de l’effet de surprise qui ne joue plus ? Est-ce que c’est la caricature de ce peuple moldave qui a atteint ses limites ? Difficile à dire. Une chose est sûre, l’ensemble sent un peu le réchauffé et la surenchère dans laquelle se lance l’auteur n’apporte pas grand-chose au schmilblick. Pire, à plusieurs reprises Lortchenkov nous perd dans son délire quand il nous énumère par le détail les écrits mystiques de son nouveau prophète. A trop forcer le trait, le récit en devient parfois laborieux.

  Bien que rien n’oblige le lecteur à avoir lu « Des mille et une façons de quitter la Moldavie » avant d’entamer « Camp de gitans », il faut savoir qu’on y retrouve certains personnages et que l’intrigue suit une certaine continuité depuis ce précédent roman. Nous retrouvons donc notre chère peuplade moldave qui essaie par tous les moyens de se carapater de ce pays gangréné et honnis. Aux grands maux les grands remèdes, cette fois-ci ils se sont mis en tête de prendre en otage l’assemblée de l’ONU et d’exiger une terre promise… Oui comme dans la Bible. Délires pseudo-mystiques, discussions absurdes, personnages aux bords de la rupture, rien ne nous est épargné. Le ton est d’autant plus à prendre au 2ème voire au 3ème degré tant les comportements sont vils. On rit, jaune, mais on grince aussi un peu des dents quand ça coince. C’est un exercice d’équilibre constant dont l’auteur joue et la morgue des propos (notamment avec le gang des enfants violeurs et meurtriers) n’est pas toujours heureux.

  Qu’à cela ne tienne, on ne pourra pas dire que l’auteur ne met pas les pieds dans le plat. Mieux, il le casse et s’en donne à cœur joie à pieds joints. Corruption carcérale, conditionnement pavlovien hérité de l’époque de l’URSS, abus de confiance. Vladimir Lortchenkov ne se met aucune barrière et aborde tous les sujets qui fâchent. C’est noir, très noir mais en même temps éclairé sous bien des aspects. Ça rappelle la situation désespérée des migrants qui pensent que tout va s’arranger s’ils vivent en Europe ou ces pays qui pensent que rentrer dans l’Union Européenne va les tirer vers le haut. Ce n’est malheureusement pas souvent le cas… A charge du lecteur de savoir lire entre les lignes de cette satire sociale et laisser de côté l’aspect aberrant du récit pour saisir la critique sous-jacente. Bref, un bon roman tout de même mais moins drôle que son prédécesseur et surtout qui fait trop dans la démesure, jusqu’à la rupture.

Verdict : Roulette russe

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