Archives de Catégorie: Steampunk

Paolo BACIGALUPI – La fille automate

la-fille-automateTitre vo : The windup girl
Broché paru le : 09/02/2012
ISBN : 978-2-84626-384-9
Éditeur : Au diable vauvert
Nombre de page : 608
Prix constaté : 23€

Résumé :

La sublime Emiko n’est pas humaine. C’est une créature artificielle, élevée en crèche et programmée pour satisfaire les caprices décadents d’un homme d’affaires de Kyoto. Etres sans âme pour certains, démons pour d’autres, les automates sont esclaves, soldats ou jouets pour les plus riches, en ce XXIe siècle d’après le grand krach énergétique, alors que les effets secondaires des pestes génétiquement modifiées ravagent la Terre et que les producteurs de calories dirigent le monde.
Qu’arrive-t-il quand l’énergie devient monnaie ? Quand le bioterrorisme est outil de profit ? Et que les dérives génétiques font basculer le monde dans l’évolution posthumaine ?

Ce que j’en ai pensé :

  Quelle claque mes amis ! Quelle claque ! « La fille automate » est probablement un des meilleurs livres que j’ai lu ces dernières années ! Un roman d’anticipation qui nous dépeint un futur si proche et si probable, qu’on frissonne aux implications qu’il suscite. Quand on sait que ce roman est le tout premier de Paolo Bacigalupi, on ne peut que féliciter son talent à créer un univers aussi crédible. D’ailleurs les professionnels et lecteurs de tout poil ne s’y trompent pas, le roman a raflé plusieurs prix dont le Locus, le Hugo et le Nebula, excusez du peu ! Une cascade de prix pour un roman qui le mérite amplement tant « La fille automate » marque les esprits. C’est simple, après cette lecture, vous ne verrez plus notre monde de la même manière…

  Ce roman nous plonge dans les méandres d’une monde futuriste, où les maladies ont décimé plus de la moitié de la population et où l’énergie se fait rare. En effet, plus d’électricité, plus de pétrole, presque plus de gaz, sans compter que suite à plusieurs épidémies, la nourriture fraiche est devenue un luxe. Fruits et légumes sont de l’histoire ancienne, ravagés par les champignons et les pestes génétiquement modifiées. Les grandes multinationales dealent l’énergie et inondent le monde de leurs produits nouvelle génération, le génie transgénique est partout. Au milieu de ce maelström navigue la Thaïlande, qui grâce à un transpiratage systématique et à un blocus étranger rigoureux, réussit à se maintenir tant bien que mal à flot. Siège de toutes les convoitises, Bangkok veille jalousement sur sa banque de semences qui lui permet de garder son indépendance.

  Dans cet éden énergique, divers personnages se meuvent et finissent par mêler leurs destinées. Il y a le capitaine Jaidee et sa subordonnée Kanya, tous deux membres de la milice des Chemises Blanches, qui a pour but de contrôler tous les produits étrangers entrant dans le pays (une sorte d’officiers des douanes), et qui exercent leur autorité avec inflexibilité ; Anderson et Carlyle, deux gaijin qui œuvrent sournoisement pour les multinationales qu’ils incarnent ; Hock Seng le « Yellow Card » rescapé et réfugié qui trahit en secret pour parvenir à ses fins ; et bien sûr la fameuse « fille automate », Emiko, une des nouvelles personnes issue du Japon, que la malchance a fait s’échouer dans cet univers hostile.

  Les premiers chapitres font figure de transition et d’adaptation, car c’est tout une échelle de nouvelles valeurs que l’auteur tente de nous inculquer. Les termes inventés sont nombreux, et il faut un certain temps pour appréhender dans sa totalité l’univers créé par Paolo Bacigalupi. Bravo d’ailleurs à la traductrice, qui livre un travail incroyable et pas si évident sur ce roman ! Que ce soit les noms des sociétés caloriques (PurCal, AgriGen, Total Nutrient Holding), des maladies qui frappent la nourriture et les gens (rouille vésiculeuse, cibiscose, charançon transpiraté), que les nouveaux animaux crées génétiquement (cheshire, mastodonte), tout concourt à nous plonger dans cet univers futuriste qui nous parait si probable. On pense à Dolly, le clone brebis, à la grippe aviaire, au H5N1, aux céréales génétiquement modifiés, et on se dit que ce futur n’a rien d’aberrant en soi.

  Ici, il n’est question que de manipulations génétiques et économiques, de corruption, de piratage, de bioterrorisme, le profit nous apparaissant comme le maitre mot du roman. A cela, s’oppose les croyances religieuses, auxquelles les gens se rattachent (parfois jusqu’à l’extrême) par désespoir. C’est un avenir désenchanté et violent que nous livre Bacigalupi, mais si réaliste et si finement analysé qu’on ne peut que dévorer le roman avec effroi et admiration devant le travail réalisé. Un récit d’anticipation visionnaire et brillant qui mérite sa place dans chaque bibliothèque. Un futur culte !

Verdict : Nuit blanche

nuit-blanche

Chris WOODING – Frey, tome 2 : L’épave perdue

frey2Titre vo : The Black Lung captain (2010)
Editeur : Bragelonne
Broché paru le 21/10/2011
ISBN : 978-2-35294-525-3
Nbr de pages : 470
Prix constaté : 22.40€

Résumé :

Pour Darian Frey, la chance a tourné. Son équipage et lui en sont réduits à tenter les coups les plus minables pour maintenir leur aéronef à flot. Aussi, quand on lui parle d’une épave débordant des trésors d’une civilisation perdue, Frey est tout ouïe. Bien sûr, le vaisseau en question s’est écrasé au cœur d’une île lointaine et impénétrable, peuplée de bêtes gigantesques et de tribus sauvages. Et il n’est pas le seul à vouloir mettre la main sur la cargaison.

Certains sont prêts à tuer. Frey aura besoin de tous les talents de menteur, de tricheur et de voleur qui ont fait sa renommée. Une mission dangereuse, voire suicidaire. Heureusement, le bon sens ne l’a jamais arrêté…

Ce que j’en ai pensé :

Le premier tome avait été un coup de cœur pour moi, un roman dans le plus pur style du divertissement, plein de peps, d’humour, d’aventures, bref un roman qui met de bonne humeur et fait passer un bon moment ! Ce second tome reprend les mêmes ingrédients et nous emmène dans le sillage de l’équipage du Ketty Jay, qui comme de bien entendu, se retrouve une nouvelle fois embarqué dans des mésaventures rocambolesques. All aboard !

Après les péripéties incroyables du premier tome, on pourrait croire que l’équipage du Ketty Jay se soit finalement bien soudé : il n’en est malheureusement (ou heureusement ?) rien ! Trop de secrets et de non-dits planent au-dessus de chaque membre et justement ce deuxième tome nous propose d’en découvrir un peu plus sur le passé de chacun. En particulier Jez et sa mystérieuse « ascendance » Mane. Les révélations à son sujet sont au cœur du tome et j’ai trouvé l’intrigue principale vraiment intéressante et bien menée. Certains membres se rapprochent, et c’est un sacré revirement de voir Frey se préoccuper de son équipage, lui qui était un peu le « je-m’en-foutiste » par excellence.

Mais ne vous inquiétez pas, Frey garde tout de même son statut d’anti-héros, pour preuve : le roman débute sur les chapeaux de roues et une course-poursuite, Frey est ses compagnons ayant eu la charmante idée de voler des orphelins ! (Cible facile par excellence, il faut bien nourrir son homme !). Le premier chapitre est d’ailleurs hilarant et les réparties fusent avec toujours autant de panache. Action et rebondisements sont au programme, le roman nous emmenant dans une nouvelle mission suicidaire avec magie démoniaque et complots d’illuminés à la clef. C’est toujours aussi jouissif, le steampunk et le roman de piraterie se mariant toujours aussi bien.

Petit bémol à ce second tome cependant, Chris Wooding nous noie à certains moments dans des intrigues secondaires pas franchement intéressantes, trop longues et qui finissent par casser la dynamique du roman. Les passages avec Pinn et son grand rival le chat, qui s’avéraient plutôt drôles dans le premier tome, plombent ici l’intrigue principale. Une espèce de remplissage qui n’avait pas lieu d’être, j’espère que l’auteur rectifiera le tir pour le tome 3 !

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Arthur SLADE – Les agents de M. Socrate, tome 3 : Le peuple de la pluie

les-agents-de-mr-socrate3Titre vo : The Hunchback Assignments, book 3: Empire of ruins (2011)
Broché paru le : 8 février 2012
Editeur : Le Masque
ISBN : 978-2-7024-3620-2
Nb. de pages : 308 pages
Prix constaté : 12.50€

Résumé :

Après ses aventures au fond de la mer face à la redoutable Mlle Hakandottir, Modo est condamné au repos, à l’extérieur de Londres. Ce n’est qu’au bout de quelques semaines qu’il découvre sa nouvelle mission.

Au programme, un temple égyptien perdu au milieu de la jungle australienne, un masque aux pouvoirs dévastateurs et un peuple de la forêt peu accueillant. Le but : récupérer un masque construit par le Peuple de la Pluie, également convoité par la Confrérie de l’Horloge. Quiconque a tenté de s’emparer du masque a succombé à la folie. Aidé par Octavia et M. Socrate lui-même, Modo réussira-t-il à s’emparer du masque et à éviter les pièges millénaires tendus par le Peuple de la Pluie ?

Ce que j‘en ai pensé :

  Troisième tome des aventures des agents de M. Socrate pour Arthur Slade et probablement mon préféré des trois, « Le peuple de la pluie » m’a fait passer un très bon moment de lecture ! C’est toujours aussi frais, la science-fiction est toujours de la partie, les bons sentiments sont de retour. Avec quand même une nouveauté, ou plutôt une évolution, Modo se décidant enfin à tenir tête à son mentor, M. Socrate !

  « Le peuple de la pluie » nous emmène sur les traces du secret des pyramides égyptiennes…en Australie ! Eh oui, le récit se passe principalement sur les mers et dans les airs, direction l’Australie à la découverte d’un mystérieux visage qui rend fou. Au programme : un peuple adorateur, des oiseaux mécaniques, une course-poursuite en ballon, un vieux temple truffé de secrets, bref de l’aventure en veux-tu en voilà ! Ça peut paraitre un joyeux mélange mais ça fonctionne vraiment, l’auteur sachant mener sa barque avec cohérence et le patchwork s’avère dès plus réussi comme toujours !

  C’est également l’occasion pour Modo (et pour le lecteur) d’en apprendre un peu plus sur le très discret M. Socrate, que l’on voyait de manière un peu intermittente dans les précédents tomes. Ici, le vieux gentilhomme se joint à la fine équipe et vit des aventures au même titre que notre héros, Modo. On retrouve bien entendu Tharpa, le garde-du-corps magnifique, Mme Finchley la comédienne hors-pair, Hakkandottir la redoutable ennemi et bien sûr la jeune espionne Octavia, à la langue toujours aussi bien pendue ! De nouveaux personnages font aussi leur apparition en la présence de Lizzie, une combattante à la personnalité entière et Visser, le maitre fauconnier. Bref, des personnages attachants et toujours aussi fouillés, c’est un réel plaisir de les suivre de tome en tome.

  Si ce troisième tome possède son lot de rebondissements et de combats, l’intérêt principal réside cependant dans l’évolution des relations entre les différents personnages. Le voile sur la relation existante entre Hakkandottir et M. Socrate est en partie levé, et le lecteur apprend ce qui l’en est des sentiments du gentilhomme anglais envers son protégé. On le croyait froid, mais il en est tout autre et le fait que Modo se décide enfin à s’opposer à ses ordres revêt une importance capitale. En somme, c’est un peu un tome de transition où notre héros se remet en question pour mieux grandir.

  Enfin, j’ai adoré les boutades échangées entre M. Socrate et Octavia, cette dernière apportant la touche d’humour du roman ! Une fois ce tome refermé, je n’ai eu qu’une envie, me précipiter sur le quatrième tome des agents de M. Socrate, qui n’est malheureusement pas encore disponible en vo !

Verdict : Avec les honneurs

rock

Chris WOODING – Frey, tome 1

ketty-jay-1Lu en vo sous le titre « Retribution Falls » aux Éditions Orion (448p)
Version française chez Bragelonne (424p) le 21 janvier 2011.

Résumé :
Pirate, voleur, menteur, mercenaire, séducteur, bretteur… autant de qualificatifs qui conviennent parfaitement pour décrire Darian Frey. À bord de son aéronef, il est le chef d’une petite bande d’aventuriers vivant chichement d’activités illégales. Notre ami est très loin du portrait du héros, et il s’en contente parfaitement. La fin justifiant les moyens, son équipage s’en sort toujours avec les moyens du bord : arnaque, magie noire, lames bien affûtées… Courir très vite peut aussi s’avérer utile, souvent. L’important, c’est de faire profil bas, et que son aéronef ait assez de fuel pour voler.
Bref, le cap’taine est beaucoup de choses… mais sûrement pas un assassin de sang froid. Pourtant, à la suite d’un casse facile qui augurait pourtant le meilleur pour leur compte en banque, tout dérape : Frey gagne le titre d’ennemi public numéro un, pourchassé par toutes les forces de la Coalition. Cette histoire puant la conspiration à plein nez, Frey devra faire preuve de toutes ses capacités criminelles pour éviter la corde.

Ce que j’en ai pensé :

Voici mon GROS coup de cœur Fantasy après Les Salauds gentilshommes l’année dernière. Un mix entre fantasy, steampunk, SF, piraterie, difficile de cataloguer les contes du Ketty Jay tellement il est de choses à la fois. Ce roman est tout ce que j’adore dans le genre : c’est drôle, enlevé, culotté, les réparties sont truculentes …Une bouffée d’air frais !

Le ton est posé dès les premières phrases, ses messieurs sont en mauvaise posture, tout est très visuel, un style qui dépote comme dans un bon blockbuster made in USA. Alors, on adhère ou pas, personnellement j’ai adoré.

Le roman possède un peps sidérant et s’en tire avec brio sur tous les plans. Alors oui, ce n’est pas de la « grande » littérature mais RF détend, amuse, intéresse et ça fait du bien de temps en temps !

Les personnages sont tous charismatiques, très fouillés, leur passé (lourd pour la plupart) est développé au fur et à mesure que l’histoire progresse. Ce qui rend Retribution Falls incroyablement riche car en plus l’intrigue est proprement creusée et palpitante. Il y a beaucoup d’action, de l’aventure et bien sûr l’humour omniprésent. Les personnages ont la répartie facile, c’est très jubilatoire. L’intrigue a aussi un coté sombre et mystérieux (Crake et Jay). Je ne vous dévoilerai rien pour ne pas vous priver du plaisir de la découverte.

L’univers de RF est très bien construit et développé : les vaisseaux (qui m’ont rappelé FF9), les démonistes, les conflits politiques…L’intrigue possède aussi sa part de romantisme et une profondeur que l’on ne soupçonnerait pas dans un roman de ce type.

De plus, comme la vie est bien faite, j’ai découvert que le roman sortait en France aux éditions Bragelonne le 21 janvier 2011. C’est pas beau ça ? Vous savez ce qu’il vous reste à faire de vos étrennes…

En conclusion :
Un roman qui décoiffe et qui décontracte, une vrai bouffée d’oxygène dans la multitude de romans fantasy-SF de ces dernières années. Les personnages sont fascinants, sympathiques, de véritables anti-héros comme je les aime ! L’intrigue est stimulante, l’univers de Retribution Falls travaillé. L’action et l’aventure sont présents à chaque tournant, sans oublier la part de tragédie et de romance. What are you waiting for ? Hop in !

Verdict : Nuit blanche

nuit-blanche

Si avec ça, vous n’êtes toujours pas convaincu !