Titre original : Redemption road (2015)
Date de parution : 28/01/2016
Editions : Belfond
ISBN : 978-2-714-45960-2
Nbr de pages : 390
Prix constaté : 21€
Résumé :
Écosse, 1985 – Angleterre, de nos jours.
Margaret vient d’être victime d’un grave accident de voiture. Un accident qui aurait dû lui être fatal sans l’intervention miraculeuse d’un homme, un géant au visage brûlé, qui l’a sauvée in extremis avant de plonger lui-même dans le coma. Maxwell, c’est son nom ; un inconnu aux yeux de Margaret.
1985. Cadet d’une famille de malfrats, George McLaughlin a décidé de s’enfuir, le coffre plein de billets volés à ses frères, pour rejoindre sa femme et leur fille, la petite Molly, sept ans. Mais est-il encore temps ? Car sa femme a refait sa vie et Molly ignore tout de son véritable père. Alors quand celui-ci se présente à elle dans la rue, l’enfant panique. Et George commet l’irréparable. Lancés sur les routes écossaises, George et Molly se découvrent peu à peu, et bientôt une belle complicité les unit. Mais ces instants de bonheur sont comptés…
Trente ans plus tard, Margaret s’interroge : qui est ce géant aux yeux bleus, cet ange gardien qui a risqué sa vie pour sauver la sienne ? Pourquoi ce sentiment d’être intimement attachée à cet homme ? Que lui cache sa mémoire et comment faire pour libérer les terribles souvenirs qu’elle recèle ?
Impressions :
« Le piège de la mémoire » est un magnifique drame familial qui m’a tenu en haleine tout le long de ses 400 et quelques pages. Le genre de roman qui explore le quotidien parfois trivial de ses personnages tout en livrant une analyse psychologique assez fine sur l’importance des liens familiaux. Sommes-nous définis par nos actes, par notre parenté ? Même lorsque l’on a occulté tout une partie de notre passé ? La rédemption est-elle possible ? Lisa Ballantyne soulève de nombreuses questions sur la quête identitaire, sur le poids d’une affiliation malheureuse, sur les liens du sang et sur le sens du sacrifice. Quand nos souvenirs sont trop lourds à porter, n’est-il pas plus facile de se décharger de leurs poids pour se réinventer complétement ? Une solution commode en apparence, mais qui a un coût…
J’ai été transportée par le récit que nous livre Lisa Ballantyne, qui est construit à la manière d’un jeu de pistes qui nous transporterait entre 1985 et 2013. A partir d’un accident de la route, l’auteur tisse sa toile et nous livre deux récits gigognes, celui de Margaret professeur de lettres en 2013 et celui de Big George mécanicien en 1985. Si le lien qui unit les deux personnages devient vite évident, c’est tout le processus narratif qui parvient à capter notre attention et à nous immerger dans le récit. L’intrigue faite de mauvais coups du sort, de choix malheureux et d’analyse psychologique nous prend à la gorge. J’ai adoré la manière dont l’auteure parvient à nous démontrer que même animé des meilleurs intentions du monde, les gens vous associeront toujours à la branche pourrie de votre famille. Les préjugés ont la dent dure…
Si l’intrigue est si prenante, c’est en partie grâce à ses personnages bien croqués. Que ce soit la petite Molly, si attachante et fragile ou Big George, ce géant au grand cœur, maladroit dans l’expression de ses sentiments ou encore Angus, ce journaleux cruel et bouffi d’orgueil, qui n’éprouve pas une once d’amour pour sa femme et sa fille. Tous ont le mérite de nous remuer. L’aspect psychologique est appréciable parce qu’il ne tombe pas dans la caricature du gentil/méchant. L’auteur parvient avec brio à nous faire ressentir les sentiments qui animent ses personnages et ce jusqu’à la dernière page. On est ému par cette fin inéluctable mais empreinte de noblesse. Un très beau roman.
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