Titre original : Carter beats the Devil (2001)
Date de parution : 17/04/2014
Edition : Super 8
ISBN : 978-2-37056-010-0
Nbr de pages : 810
Prix constaté : 22€
Existe au format numérique pour 12.99€
Résumé :
1923, San Francisco : c’est l’âge d’or du cirque et des magiciens, qui connaissant un succès sans précédent à travers tout le pays. Carter le Grand, l’un des prestidigitateurs les plus célèbres du pays, donne ce soir-là un spectacle exceptionnel devant le président des Etats-Unis, Warren G Harding, qu’il invite sur scène pour participer à l’un de ses stupéfiants numéros. La représentation est un triomphe mais, quelques heures plus tard, le président meurt mystérieusement dans sa chambre d’hôtel.
Sachant qu’il va être suspecté, Carter disparaît afin de mener sa propre enquête. Persuadé que le magicien est dépositaire d’un secret d’une importance capitale, l’agent Griffin, des services secrets, se lance alors à ses trousses. Affronter un génie du trompe-l’œil et de l’illusion tel que Carter ne va pas être chose aisée.
Impressions :
« Carter contre le diable » est un roman atypique, difficile à classer parce qu’il mélange plusieurs genres (historique, thriller, tranche-de-vie, un chouïa de fantastique) sans vraiment s’arrêter sur un domaine particulier. Ce qui aura le don d’en frustrer certains mais d’en captiver d’autres. Pour ma part, j’ai bien accroché à ce melting-pot mais surtout à l’ambiance que réussit à installer Glen David Gold. Avec cette aura de magie, de poudre aux yeux et ce personnage à la destinée tragique et hors du commun, ce roman ne pouvait que me plaire. Le récit lie des faits historiques (Carter le grand étant un personnage ayant réellement existé) à une peinture d’une époque marquée et marquante : les Etats-Unis des années 20-30. On plonge de plein fouet dans la période de la prohibition où les avancées technologiques étaient spectaculaires et l’âge d’or des magiciens était à son apogée. Le public se bousculait pour voir les plus grands prestidigitateurs et ceux-ci rivalisaient d’inventivité pour nous éblouir.
Glen David Gold est particulièrement brillant lorsqu’il s’agit de nous décrire l’atmosphère de ces shows avec des représentations orchestrées au millimètre, la manière de détourner l’attention du public pour mieux le mystifier et le combat acharné que se livraient en sous-main les magiciens pour être celui qui lançait LE nouveau numéro spectaculaire. Carter, en personnage central du roman, nous est présenté de manière non conventionnelle puisque le récit qui commence par la mort du président Harding et les soupçons qui pèsent sur Carter, intègre de nombreuses ellipses temporelles qui reviennent sur l’enfance du héros et sur la naissance de sa vocation de magicien. On le découvre par le biais de coupures de journaux dont prend connaissance l’agent Griffin (qui mène l’enquête sur le meurtre du président). Malheureusement ces articles de presse ne sont pas toujours très au fait de la réalité et donnent une impression du personnage erroné. Seul le lecteur est conscient de ce qui s’est réellement passé car là où les journaux nous laissent sur notre faim, l’auteur rétablit la vérité par le biais de réminiscences du personnage. Un procédé plutôt ingénieux, qui tient en haleine !
Le roman ne se concentre pas sur une enquête, comme il est signalé sur la quatrième de couverture un brin trompeuse, mais se penche plutôt sur la carrière et la vie personnelle d’un homme de génie. Bien qu’hanté par plusieurs drames, la magie gravite toujours autour de Carter, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à la mystérieuse mort du président Harding. Les personnages secondaires, nombreux, sont croqués avec soin et sont souvent truculents. Entre les agents des services secrets lourdauds qui nous amusent par leur naïveté et leur bêtise et les amis/ennemis de Carter qui auront un impact sur le devenir de Carter, rien n’est laissé au hasard. Le soupçon de suspense intégré à la trame est la touche qu’il fallait pour rendre le roman addictif. Sur 800 pages, jamais le roman n’ennuie, ni ne lasse, au point que je l’ai « avalé » en 3 jours. Un exploit quand on sait que le roman n’est au final, qu’un hommage au monde de la magie et à un des magiciens les plus doués de sa génération.
En bref, si « Carter contre le diable » offre quelques rebondissements, c’est surtout le portrait de Carter qui fascine et le talent de conteur de Glen David Gold qui nous prend dans ses filets. Un roman « à ambiance » qui sait bousculer le lecteur et le faire passer par toute une palette d’émotions. Une réédition aux petits oignons par la toute jeune maison d’édition Super 8, dont le catalogue promet de bonnes choses !
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