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Luke SCULL – Les Compagnons du chaos, tome 1

Les compagnons du chaos 1Titre original : The Grim company, book 1 (2013)
Traduit par : Emmanuel Chastellière
Date de parution : 10/04/2014
Editions : Fleuve
ISBn : 978-2-265-09819-0
Nbr de pages : 522
Prix constaté : 21.90€

Résumé :
Les Seigneurs Mages ont renversé les dieux. Depuis, le monde a changé. Ces tyrans aux pouvoirs démesurés ont besoin de magie brute, produite par les cadavres des dieux déchus. Une guerre dévastatrice menace d’embraser tout le continent. Davarus Cole est un jeune homme rebelle et vantard s’imaginant très bien en élu destiné à renverser le Seigneur Salazar, qui règne sans partage sur la cité de Dorminia. Il va croiser la route de Brodar Kayne, un vieux guerrier des Highlands qui fuit lui-même un autre Seigneur Mage, le Shaman. Si leurs chemins se séparent bien vite, ils vont néanmoins tous les deux se retrouver entraînés dans une lutte acharnée contre Salazar, chacun à leur façon : Cole se fait capturer par la milice du tyran et se voit contraint d’embarquer sur un navire qui semble condamné d’avance tandis que Brodar Kayne accompagne une mission de sabotage destinée à priver Salazar de magie. Mais le Seigneur Mage n’est pas sans fidèles serviteurs : parmi eux, Barandas, un homme bon et droit bien conscient des exactions de Salazar… mais déterminé à défendre les intérêts de son maître. Et les menaces qui pèsent sur lui sont nombreuses : la Dame Blanche espère elle aussi imposer son joug sur les terres du tyran.

Impressions :
La dark fantasy a le vent en poupe ces dernières années. Volonté des auteurs de ne s’imposer aucune limite ou réel demande de la part d’un lectorat qui exige des intrigues toujours plus sombres ? Un peu des deux j’imagine. Personnellement, même si je ne me complais pas dans la violence gratuite, j’apprécie la dark fantasy pour ce qu’elle a à offrir. Un univers désenchanté, des personnages complexes, des complots à foison. Et parfois pour alléger l’atmosphère, un humour noir. En cela, ce premier tome des « Compagnons du chaos » ne déçoit pas. Si l’intrigue de Luke Scull est loin d’être ébouriffante, elle n’en reste pas moins efficace et divertissante.

  Le premier bon point de l’auteur, c’est de ne laisser aucun aspect à la traine. Que ce soit les personnages, l’univers, le système de magie, les enjeux politiques, chaque élément est développé avec le même intérêt, ce qui donne un premier roman très égal, sans réelle faiblesse. Bien sûr l’intrigue développée (à savoir un groupe hétéroclite de héros qui se réunissent pour abattre un tyran) n’a rien de bien original à offrir. Du moins évite-t-on l’écueil du récit initiatique, aucun protagoniste ne se démarquant réellement des autres. Il y a bien le jeune Davarus Cole qui aimerait bien être le grand héros de l’histoire mais Luke Scull le tourne en dérision en en faisant le jeune premier qui prend ses désirs pour des réalités. Les trois quart du temps ses rêveries le placent en fâcheuse posture et l’obligent à se laisser secourir par un tiers. Pour faire figure de héros, tu repasseras mon petit…

  Ce procédé est plutôt ingénieux car il allège l’atmosphère lors des scènes de combat et c’est assez rafraichissant de voir un personnage qui ne se découvre pas des tas de « superpouvoirs enfouis en lui » dès le début. Les personnages secondaires ne sont pas en reste, bien qu’ils soient plus classiques. Barandas, un chevalier qui bataille entre son sens du devoir et son intégrité, Eremus, un mage estropié qui cache bien son jeu et Brodar Kayne et Jerek deux mercenaires amis qui se chamaillent tout le temps. Le ton est ouvertement familier sans tomber dans le vulgaire et les piques que s’envoient les deux mercenaires sont souvent jubilatoires. Le récit sait se faire sombre tout en s’interrogeant sur les notions de bien, de mal, de loyauté, d’abnégation. Les mages sont-ils par essence mauvais ou est-ce leur usage de la magie qui les corrompt ? On sent que Luke Scull a réfléchi à un système de magie qui fait sens, avec ses déviances et son lourd tribut sur les mages qui l’utilisent. Bref, un premier tome efficace même si pas follement original et qui remplit son office : divertir !

Verdict : Bonne pioche

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Nabil OUALI – La Voix de l’empereur, tome 1 : Le corbeau & la torche

la voix de l'empereurDate de parution : 02/10/2014
Editions : Mnémos
ISBN : 978-2-35408-278-9
Nbr de pages : 267
Prix constaté : 21€, existe en ebook pour 8.99€

Pour lire le prologue, c’est par ici !

Résumé :
Voici l’histoire de quatre destins réunis au cœur d’un empire mourant. L’enfant du village gelé, le paladin hanté par un sombre secret, le prêtre émérite d’un ordre qu’il méprise, et le fils de l’empereur.
Dans les rues des cités fourmillantes ou les profondes forêts, chacun accomplit un voyage sur les routes de l’empire mais aussi dans les méandres de son être : quelles sont les ficelles que tire le clergé dans les coulisses ? Qui a tenté de tuer l’empereur et d’éteindre à jamais sa voix ? Sur le sentier escarpé qui mène au pouvoir, le chemin est infiniment plus important que le sommet.

Impressions :
Premier roman d’un jeune auteur français, publié dans une magnifique édition reliée de belle qualité à un prix très abordable, ce premier tome du « Corbeau et de la torche » fut une découverte plaisante à défaut d’être passionnante. Un certain nombre de points m’ont gênée, à commencer par le style. Bien que la plume recherchée de Nabil Ouali semble être un des points forts relevés par certains lecteurs, j’avoue pour ma part ne pas y avoir adhéré. On sent la volonté qu’a l’auteur de rendre son texte beau, sophistiqué mais c’est justement là où le bât blesse. L’auteur cherche à en faire trop. Faire de belles tournures de phrases, c’est un bel exercice mais quand le style parait poussif et certaines phrases empesées, c’est qu’il y a un problème. Le ton manque de naturel et ça se sent. Ce qui est dommage car du coup le début du roman est un peu laborieux, il faut persévérer pendant un certain temps pour réussir à passer outre et se concentrer sur le fond moins sur la forme.

  L’histoire, classique, tourne autour d’une prophétie et fait la part belle aux intrigues politiques. Cette prophétie met en scène trois personnages principaux ainsi qu’une quantité impressionnante de personnages secondaires. La narration, chorale, offre une vision assez vaste de l’univers imaginé par Nabil Ouali. Les points de vue se complètent et permettent au lecteur d’appréhender les différentes factions et leurs motivations. La magie n’est pas encore au premier plan mais on sent que d’anciennes choses se réveillent et que des pouvoirs oubliés sont à l’œuvre. De quoi éveiller notre curiosité. A noter que Nabil Ouali privilégie dans ce premier tome les rapports de force mis en place et les manigances politiques et religieuses. Ce qui m’a particulièrement plu ! On sent qu’il y a de la matière, l’auteur lançant de nombreuses pistes qui ne demandent qu’à être exploitées.

  Si « La voix de l’empereur » jette les bases d’un univers politique ambitieux, c’est avant tout un récit de dark fantasy qui ne fait pas dans la dentelle. Certains passages relativement violents voire morbides restent à l’esprit (celui avec les roses nourries de sang par exemple). Les personnages sont retors à souhait, prêt à tout pour parvenir à leur fin. Tout se joue à coup de perfidie et d’opportunisme. Bien que cet univers sans concessions m’ait plu, l’auteur gère parfois mal le comportement de ses personnages qui prennent des décisions arbitraires et réagissent bizarrement à certains moments clés. C’est le cas plusieurs fois (la réaction du champion du roi au moment de son décès, le fait que l’on n’écoute pas la version du prince lorsqu’il se fait attaquer…). Soit ça manque d’explications qui pourraient justifier de telles réactions, soit ça manque tout simplement de logique. En tout cas, ça manque de crédibilité. Du côté des personnages, certains tirent leur épingle du jeu comme Glawol ou Gweleth. Frimas est mystérieux mais un peu en retrait. De même que Ravel dont le rôle est sous-exploité dans ce premier tome. Il est vrai que le récit est plutôt court pour un premier tome, la suite développera sûrement un peu tout ça !

Verdict : Bonne pioche

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