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Andrew Sean GREER – Les vies parallèles de Greta Wells

les vies parallèles de Greta WellsTitre original : The Impossible Lives of Greta Wells (2013)
Traduit par : Hélène Papot
Date de parution : 15/01/2015
Editions : Points
ISBN : 978-2-75784949-1
Nbr de pages : 310
Prix constaté : 7.20€

Résumé :
Dans le dédale du temps, une femme cherche son chemin…
New York, 1985. Après une douloureuse rupture et la mort de son frère jumeau, Greta Wells suit un traitement par électrochocs pour guérir sa dépression. Mais des effets secondaires pour le moins inattendus apparaissent : Greta se trouve régulièrement transportée dans ses « vies parallèles », en 1918 et 1941. Différentes vies, différentes époques, mais dilemmes similaires : suivre sa passion ou protéger sa famille, s’affirmer ou se taire. et surtout, dans quelle vie rester ? A travers ces enivrants voyages dans le temps, Andrew Sean Greer nous fait revivre les moments-clés de notre siècle passé, auxquels se mêlent les tragédies intimes de Greta et de ses proches.

Impressions :
Un récit de science-fiction qui se cache dans la littérature blanche ? Ça arrive plus souvent qu’il n’y parait. « Les vies parallèles de Greta Wells » est un roman contemporain qui baigne dans une ambiance SF puisque son héroïne vit plusieurs existences à la fois, passant d’un univers parallèle à un autre et changeant de dimension temporelle en cours de route. OK, dit comme ça, ça a l’air compliqué mais ne fuyez pas ! Je vous assure que l’auteur maitrise sa narration avec doigté et que le récit est très accessible.

  Les sauts temporels sont particulièrement bien amenés. L’histoire se concentre sur la vie de Greta, une trentenaire habitant à New York au milieu des années 80. L’auteur pose le postulat de départ suivant : Greta passe d’un monde à l’autre à chaque électrochoc qu’elle subit. En effet, l’héroïne suite à un deuil particulièrement éprouvant et à une rupture difficile, se laisse doucement glisser vers la mélancolie et la déprime l’engloutit. Après avoir testé toutes les solutions médicamenteuses possibles, son médecin parvient à la décision que seule la « convulsivothérapie » (comprenez des électrochocs bien barbares) pourrait l’amener à se dépêtrer de ses humeurs noires.

  Et voilà notre héroïne précipité dans une dimension alternative, à une autre époque où elle retrouve tous ceux qu’elle connait mais où les cartes sont rebattues et un nouveau jeu distribué. Parfois elle y est mère de famille, parfois délaissée par son mari parti à la guerre mais jamais aucune de ces existences n’est parfaite. Le plus étonnant est que Greta se retrouve projetée à une époque différente. Parfois c’est en 1918, parfois en 1941. Andrew Sean Greer se paie ainsi le luxe d’explorer des contraintes historiques différentes : la guerre qui menace d’exploser dans les années 40, la fin de la première guerre mondiale en 1918 avec son épidémie de grippe mortelle, l’explosion du SIDA dans la communauté gay dans les années 80. De quoi offrir à son récit une grande richesse narrative.

  L’auteur analyse ainsi de nombreuses thématiques comme la condition féminine, l’homosexualité, la gémellité (Greta ayant un frère jumeau qui représente tout pour elle) mais il exploite surtout cette manne historique qui lui permet de nombreuses interrogations sur la notion de bonheur, d’abnégation. Peut-on être heureux et réussir sa vie même à une époque troublée ? L’importance des convenances joue t’elle sur le choix de nos partenaires ? Félix, le frère de Greta n’accepte pas son homosexualité dans ses vies parallèles, mais au moins, il y est en vie… A chaque bond dans son moi alternatif, Greta essaie d’améliorer « sa » vie, se sentant délivrée du poids de son passé. Le caractère introspectif du roman amène des réflexions pertinentes. On se glisse dans la peau de Greta comme dans un vieux vêtement, petit à petit. Bref, un récit émouvant et convaincant qui ne laisse pas indifférent.

Verdict : Avec les honneurs

rock

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