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David BENIOFF – La ville des voleurs

la-ville-des-voleursTitre original : City of thieves (2008)
Poche paru le : 04/09/13
Edition : J’ai Lu
ISBN : 978-2-290-05931-9
Nbr de pages : 410
Prix constaté : 7.60€

Résumé :
Leningrad, 1941. Arrêtés pour vol et accusés de désertion, deux adolescents, Lev et Kolya, attendent leur exécution au fond d’une cellule. Alors qu’ils se croient condamnés, on leur propose un étrange ultimatum : ils auront la vie sauve à condition de se procurer une douzaine d’oeufs pour le gâteau d’anniversaire de la fille d’un puissant colonel soviétique. Cette quête surréaliste, dans une ville en proie aux pires privations, va les entraîner de l’autre côté des lignes ennemies à la recherche de l’impossible.

Impressions :
Le nom de David Benioff vous dit peut être vaguement quelque chose, sans que vous réussissiez à mettre le doigt dessus… Pas étonnant car ce nom apparait régulièrement dans le casting de séries tv à succès (Game of thrones par exemple) ou de films. Il s’agit d’un scénariste très apprécié Outre-Atlantique, qui n’a jusqu’à présent, écrit que deux romans. « La ville des voleurs » est une fiction historique qui s’inspire de la vie du grand-père de l’auteur, qui a vécu en Russie à l’époque de la seconde guerre mondiale. Période qui a plongé le pays dans une grande famine et le chaos le plus total.

  Réalité historique ou pas, je ne saurai évidemment pas vous dire, n’étant pas spécialiste de l’époque mais le roman est très évocateur et s’imprime avec une facilité déconcertante dans notre esprit. On sent la patte du scénariste qui sait comment insuffler la vie à son histoire. Le roman se déroulant à une époque très difficile, certains passages sont particulièrement pénibles et laissent le lecteur le cœur au bord des lèvres. Oui, le récit est éprouvant mais prend aux tripes, si bien que l’on passe par toute une palette d’émotions diverses. Peur, joie, dégoût, espoir… C’est toute la magie d’un récit saisissant.

  Malgré un contexte historique intense, David Benioff laisse de côté la grande histoire pour s’intéresser plus spécialement aux conditions de vie déplorable des russes pendant la guerre. La famine avait projeté son ombre sur tout un territoire, les gens étant contraints aux pires bassesses dans l’espoir de survivre juste un jour de plus. Les combines pour tromper la faim étaient nombreuses et le plus souvent dangereuses, voire carrément mortifiantes. Le désespoir laissait le champ libre au fameux système D : racler la colle dans les livres pour en faire des espèces de bonbons, faire bouillir le cuir des chaussures, récupérer l’huile de moteur pour en filtrer un semblant d’alcool pour tenir face au froid, etc. Puis, dans l’ombre, des combines plus ignobles se dessinaient : s’attaquer aux animaux de compagnie, aux morts voire… aux vivants. Je vous laisse imaginer l’horreur de ces scènes.

  Entre deux scènes d’une horreur indescriptible, des passages plus légers font place. Il ne faut pas oublier que le duo improbable qui rythme le récit, j’ai nommé Lev et Kolya, a été réuni par un concours de circonstances des plus loufoques. Nos deux pauvres compères, pour échapper à une exécution sommaire, ont accepté une mission chimérique : celle de trouver des œufs pour le gâteau de mariage de la fille d’un haut gradé. Dans le cas présent, la dernière plume de poule étant un doux souvenir, autant dire qu’ils ne sont pas tirés d’affaire… Heureusement cette quête inepte permet au récit de ne pas s’enfermer dans un univers sordide. Lev et Kolya qui s’entendent comme chien et chat au départ, se lancent dans des joutes d’esprit et des blagues foireuses (surtout Kolya) qui relâchent la tension. Kolya est l’antithèse de Lev. Si le premier est un beau parleur, le second est un taiseux. Quand le premier est le tombeur de ces dames, l’autre est timide et maladroit. On finit assez facilement à se prendre d’affection pour ces héros. Plus le roman progresse et plus l’humour de Kolya, éternel optimiste, parait forcée. Comme pour appuyer le côté illusoire de cette quête stupide. La fin, déchirante, caustique et irréelle apporte la touche finale à un récit qui aura su me secouer. A découvrir.

Verdict : Nuit blanche

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Simon VAN BOOY – Outre-Atlantique

outre-atlantiqueTitre original : The Illusion of Separateness
Paru le : 21/08/2013
Edition : Autrement
ISBN : 978-27467-3490-6
Prix constaté : 18€

Résumé :
Los Angeles, 2010. Martin, d’origine française, est venu s’installer en Amérique avec sa famille, des boulangers, après la guerre. Ses parents ont accompli un acte héroïque en 1944, sans qu’ il sache bien lequel. Un beau jour, il voit arriver dans la maison de retraite où il travaille un certain M. Hugo, un très vieil homme défiguré, qui meurt dans ses bras. France, 1968 : deux enfants découvrent dans les bois les restes du bombardier B-24 d un soldat américain. Vingt-cinq ans plus tôt, ce jeune GI vivait ses derniers instants de détente à Coney Island, le parc d’attraction de New York, avec sa fiancée Harriet. John a réapparu à la Libération, sans jamais vraiment expliquer ce qu il lui était arrivé. On va le découvrir, grâce au récit d’Amelia, la petite-fille de John, et à plusieurs flashback : petit à petit émergent les liens entre John, Martin et M. Hugo. Outre-Atlantique traverse l’océan et les années pour faire surgir, dans une prose intense et délicate, ces liens secrets qui tissent les destins.

Ce que j’en ai pensé :
Roman choral, « Outre-Atlantique » nous emmène sur les traces de différents personnages qui ont vu leurs destinées étroitement liées à un moment ou à un autre, à partir de la seconde guerre mondiale. Par un incroyable concours de circonstances, les divers protagonistes se rencontrent, parfois l’espace d’un fugace instant, et interagissent sur leur respective destinée, pour le meilleur (jamais le pire).

  Le récit débute par la voix de Martin en 2010, et suit les aléas de l’Histoire (la petite et la grande), pour nous emmener en 1944, mais aussi en 1981 en 1948, sur les pas de deux soldats, allemand et américain, supposés ennemis mais qui feront preuve de compassion à un moment clé de leur vie. Le récit, tel une galerie des glaces, renvoie le reflet de chaque personnage qui se croisent (parfois indirectement), dans une succession d’images à travers le temps et l’espace.

  Bien que j’aie apprécié la façon dont Simon Van Booy connectait chaque protagoniste, j’avoue être restée un peu détachée du récit, les personnages me parlant peu. Rapidité de la narration ou manque d’approfondissement de chaque « scénette », je ne sais pas vraiment l’expliquer, mais j’ai ressenti peu d’empathie pour les personnages. Ce qui est plutôt étonnant étant donné le tour dramatique de l’intrigue. La faute, peut-être, à une narration un peu indolente, qui manquait de dynamisme malgré les courts chapitres. Ce qui est dommage car l’idée était intéressante.

Verdict : Roulette Russe

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Lu dans le cadre de l’opération « On vous lit tout », organisée entre Libfly et le Furet du Nord.

William WHARTON – Birdy

birdyBroché paru le 07/05/12
Editeur : Gallmeister
Collection : Americana
ISBN : 978-2-35178-054-1
Nbr de pages : 372
Prix constaté : 24.50€

Résumé :
Dans la banlieue de Philadelphie des années 1930, Al et Birdy sont inséparables depuis qu’ils se sont rencontrés sur les bancs de l’école. Al est athlétique, hâbleur, bagarreur. Birdy est fluet, discret, et n’a qu’une passion : les oiseaux. Sa vie s’organise autour des immenses volières qu’il construit pour ses canaris, mais son obsession vire peu à peu à la folie tandis qu’il poursuit son rêve de voler et de devenir lui-même un oiseau.
Des années plus tard, alors qu’ils reviennent de la guerre, Al, blessé au combat, est appelé au chevet
de Birdy, qui vit prostré dans la cellule d’un hôpital psychiatrique, enfermé dans un mutisme incompréhensible. Dans un monologue intérieur délirant, le rêveur fou ne s’adresse plus qu’à ses oiseaux. Face à son vieil ami, Al égrène alors leurs souvenirs comme autant de récits d’aventures pour tenter de le ramener parmi les hommes.

Ce que j’en ai pensé :
L’adaptation cinématographique de « Birdy » reste, à ce jour, un de mes films cultes, de ceux qui vous marquent à jamais par leur émotion à fleur de peau. Je me souviens très bien avoir eu des frissons puis finalement pleuré lors de mon premier visionnage, tant l’histoire était bouleversante et les acteurs saisissant. J’étais donc extrêmement curieuse et désireuse de découvrir le roman original, de savoir si je pouvais retrouver un peu de la magie du film. Au final, une chose est sûre, le roman est tout aussi émouvant et authentique, voire bien plus complet car riche en détails qu’un film ne permet pas. Faut-il donc lire Birdy si l’on a vu le film ? Oui. Faut-il le lire même si l’on n’a pas vu le film. Mille fois oui.

  Cela vous semblera peut être exagérer que de dire que ce roman est transcendant, mais il est si cher à mon cœur et parait si sincère dans sa narration que j’ai envie de le dire (c’est fait !). Non seulement le sujet du roman est insolite – un homme se prenant pour un oiseau et se conduisant comme tel, ce n’est pas si courant – mais il explore également de nombreux thèmes porteurs tel que la folie, la guerre et ses conséquences sur l’esprit, l’amitié, la liberté… Car être Birdy, c’est finalement vouloir être libre de toutes attaches, ne devoir rendre de compte à personne, laisser les préjugés des autres glisser sur soi. Il ne faut pas s’y tromper, si l’histoire est triste et touchante de bien des manières, le message est, quant à lui, positif, loin du pathos que l’on pourrait craindre.

  Le roman se présente en plusieurs longs chapitres alternant les points de vue d’Al et de Birdy. Les flash-back sont nombreux et permettent de mieux cerner la personnalité des deux amis. Au fur et à mesure, le lecteur comprend ce qui les a rendu si brisé chacun à leur manière. Car si Birdy est celui qui se retrouve aliéner en asile psychiatrique, Al nous apparait également comme un être plein de fêlures. L’ambiance du roman est lumineuse malgré le sérieux de situation et on rit souvent immergés dans les souvenirs des deux amis d’enfance. Que dire de plus, si ce n’est que la tension monte crescendo tout au long du roman et que la fin coupe le souffle.

En bref, un roman culte dans tous les sens du terme, porteur d’espoir et de tout un tas d’émotions. Une belle histoire d’amitié et une vision lucide de ce que la guerre peut détruire en chacun de nous. A découvrir.

Verdict : Indétrônable

indétrônable

Jeffrey ARCHER – Kane & Abel

Titre vo : Kane & Abel (1979)

Edition parue le : 04/04/2012

Editeur : Le Livre de Poche

ISBN : 978-2-253-16168-4

Nbr de pages : 720

Prix constaté : 8.60€

Résumé :

Ils sont nés le même jour et pourtant tout les sépare : William Kane et Abel Rosnovski, le fils de banquier de Boston et l’orphelin polonais recueilli par un paysan.

A leur naissance, le 18 avril 1906, l’un paraît promis à la réussite et à la puissance du Nouveau Monde. L’autre semble condamné à la misère et aux désastres qui ravagent le Vieux Continent. Mais le destin va réunir ces deux hommes dans une lutte acharnée pour l’argent et le pouvoir, où chacun sait qu’il ne pourra y avoir qu’un gagnant… Durant plus de six décennies, c’est au prix d’une rivalité sans merci que tous deux vont construire un empire, par-delà les crises économiques, les soubresauts de l’histoire et les drames personnels.

Ce que j’en ai pensé :

  « Kane et Abel » est un roman comme je les aime, une fabuleuse fresque historique et sociale qui nous emmène dans les coulisses de la crise économique de 1929, en passant par les deux guerres mondiales, le tout sous couvert de luttes de pouvoir et de déchirements familiaux ! Une épopée familiale grandiose, conduite sur 3 générations et que l’auteur construit en parallèle l’une de l’autre, avec ses deux protagonistes nés le même jour mais que tout oppose. L’un est né en Pologne en 1906 sous occupation Russe et recueilli par une famille pauvre, l’autre né aux Etats-Unis, premier descendant d’une lignée de banquiers. Leurs destins respectifs finiront par se croiser pour le meilleur et pour le pire…

  Jeffrey Archer en fin économiste, nous livre une analyse éclairée sur la crise financière, sur le jeu des actions et des fusions, sur les répercussions de la guerre, et moi qui ne suis pas particulièrement friande en règle générale de ce type de roman, j’ai adoré découvrir les dessous de la finance. Le roman (de plus de 700 pages quand même) est découpé en plusieurs parties qui retracent plusieurs époques de la vie de Kane et Abel. Au début du récit, l’auteur alterne les chapitres (un pour Kane, un pour Abel) jusqu’à ce que leurs pas se rejoignent, ce qui fait que malgré la densité de l’intrigue, on ne s’ennuie pas une seconde. Il faut dire que Jeffrey Archer est vraiment un conteur hors-pair, on plonge dans la vie de ses héros avec beaucoup d’intérêt et d’empathie.

  Principalement en ce qui concerne Abel qui jouit d’un capital sympathie énorme, étant donné les épreuves qui ont jalonné sa vie. On ne peut pas rester de marbre face à ses blessures, le roman mêlant habilement les faits historiques, au côté plus émouvant de la fresque familiale. Les personnages inventés par Jeffrey Archer possèdent d’ailleurs beaucoup de charisme, on en déteste certains, on en vient à aimer d’autres, mais aucun ne nous laisse indifférent. Il faut dire que l’auteur a peaufiné son récit dans les moindres détails, aucun aspect n’étant laissé de côté. D’où un roman prenant et entier, sophistiqué même, qui donne le tournis quand on vient à comprendre toutes les répercussions. Bref, un vrai plaisir de lecture que je n’oublierai pas de sitôt !

Verdict : Nuit Blanche

A savoir : en 1985, le roman a été adapté en mini-série avec Peter Strauss et Sam Neil en rôles-titres. J’avais adoré cette saga familiale que l’on regardait en famille le dimanche après-midi ! Le roman m’a donné envie de la revoir, mais celle-ci est malheureusement introuvable aujourd’hui…