Titre original : Citrus County (2010)
Date de parution : 06/11/2013
Edition : Le Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-17599-5
Nbr de pages : 312
Prix constaté : 6.90€
Résumé :
Dans la banlieue américaine de Citrus County, on est certes en Floride, mais bien loin des palmiers et des paillettes de Disneyland. Dans ce no man’s land digne d’un film des frères Coen, la vie est tout sauf douce : les adultes ne jouent pas leur rôle, les professeurs ne donnent plus l’exemple et l’air empeste le marécage. Alors comment ne pas déraper lorsqu’on découvre l’amour pour la première fois et qu’on est un adolescent élevé par un oncle malveillant dans une ferme à moitié insalubre ?
Impressions :
Si vous êtes du genre à broyer du noir en cette période de fêtes de fin d’année, que vous avez le blues ou ne savez plus très bien où vous en êtes, je vous déconseille la lecture de « Citrus County » de John Brandon. Ce roman est pétri d’un pessimisme ambiant, ses personnages étant désorientés et mal dans leur peau, ce qui fait de Citrus County un récit démoralisant. Mieux vaut donc le lire à un moment où l’on est bien dans sa tête car l’amertume qui suinte de ses pages ne saura guère vous épargner…
Classé en tant que thriller, « Citrus County » est avant tout un roman « à auteur » car la prose de John Brandon et l’ambiance caustique qu’il dépeint sont l’âme du récit. La 4ème de couverture mentionne Richard Ford, ce que je ne pourrai pas soutenir vu que je n’ai pas encore lu de roman de l’auteur, mais s’il y a bien un roman que Citrus County m’a rappelé, c’est le désormais interdit à la vente « Rage » de Richard Bachman alias Stephen King. C’est aussi dérangeant et désenchanté, et les deux dépeignent un adolescent qui « bascule » et se laisse entrainer par ses pulsions. Les personnages de John Brandon sont mis au pied du mur, confrontés à des tourments intérieurs qui les font chavirer pour le pire et… pour le pire !
Toutes les figures y sont égratignées : policiers, médias, parents, enfants, adultes, adolescents. On peut dire que John Brandon n’y va pas avec le dos de la cuillère. Si certains ont des pulsions de meurtre en s’imaginant l’assassinat d’une collègue encore et encore (ah! Hitchock, sors de ce corps !), d’autres se laissent submergés par des tourments plus physiques : l’âge des premiers émois amoureux. Au final, tous les protagonistes se laissent guidés par l’ennui et par la peur de grandir (que ce soit le professeur qui refuse de prendre ses responsabilités, que ce soit l’ado qui veut bénéficier de ce sentiment d’invulnérabilité qui accompagne l’enfance). La banlieue de Citrus County serait-elle toxique pour ses habitants ? Possible vu que l’auteur décrit son statisme avec beaucoup de morgue.
Bref, un roman mordant et inquiétant où chacun y prend pour son grade. L’écriture limpide et sarcastique de John Brandon nous plonge tête la première dans cette banlieue désolée où l’antipathie trouve son origine. A ne pas lire si vous êtes démoralisé.
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