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Reif LARSEN – L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet

ts.spivetTitre original : The Selected Works of T.S. Spivet (2009)
Paru le : 15/06/2011
Edition : Le Livre de Poche
ISBN: 9782253159766
Nbr de pages : 416
Prix constaté : 8.10€

Résumé :
T S Spivet est un jeune prodige de douze ans, passionné par la cartographie et les illustrations scientifiques. Un jour, le musée Smithsonian l’appelle : il a obtenu le très prestigieux prix Baird et il est invité à venir faire un discours. A l’insu de tous, il décide alors de traverser les Etats-Unis dans un train de marchandises pour rejoindre Washington DC… Mais là-bas, personne ne se doute qu’il n’est qu’un enfant.
Muni d’un télescope, de quatre compas et des Mémoires de son arrière-arrière-grand-mère, T S entreprend un voyage initiatique qui lui permettra peut-être de comprendre enfin comment marche le monde…

Impressions :
J’étais très intriguée par ce roman lors de sa sortie en grand format, avec son apparence de grand cahier bourré d’annotations diverses. Surprise, le livre vient d’être adapté au cinéma, ce qu’il l’a fait rappeler à mon bon souvenir. J’ai beaucoup apprécié l’aspect didactique et ludique qu’a de présenter le jeune narrateur ses idées et interrogations en schémas et explications. Certes, il faut parfois perdre un peu de temps en digressions diverses, mais l’esprit de T.S. est un tel labyrinthe, si fertile en imagination, qu’on lui pardonne au final cette sale manie. Ce gamin est un tel surdoué qu’il s’interroge sur tout et n’importe quoi, ce qui me rappelle la curiosité des enfants que nous avons été un jour. Pourquoi ceci, pourquoi cela ? TS trouve forcément une explication et se charge de nous l’expliquer par une carte, une représentation. On rit parfois devant l’absurdité de telle chose, mais cela aide aussi à s’ouvrir l’esprit.

  L’histoire sous ses dehors de grande évadée sauvage, cache en son sein un récit tragique. Celle d’un enfant qui a perdu son jeune frère et qui se sent responsable. Celle d’un enfant qui se sent rejeté par son père, par son environnement qui ne lui convient pas. J’ai aimé le message sous-jacent, les passages émouvants où T.S. entre deux remplissages, a un éclair de lucidité et sort de sa bulle. Je l’ai trouvé très touchant. J’avoue avoir trouvé le comportement des parents aberrant, même s’il s’agit d’une famille atypique. On peut être passionné par son travail ou ses recherches mais se préoccuper de ses enfants. Le comportement de la mère au final m’a paru très détaché. Ne pas être démonstratif dans ses sentiments, n’exclut pas d’en avoir.

  Le périple de T.S. est une chevauchée sauvage, une migration vers une contrée qu’il croit meilleure. A l’image des westerns que son père affectionne tant. Confronté à des dilemmes et des obstacles, le jeune garçon évolue, mûrit et prend de l’assurance. Ça lui permet de prendre de la distance face à ses peurs et ses doutes. Par contre, j’ai un peu tiqué sur la prose beaucoup trop soutenue de T.S. Il a beau être un surdoué, son parler est beaucoup trop recherché, trop précis, j’ai eu du mal à trouver ça très crédible. Le contraste avec un enfant normal est trop grand. Bref, un roman riche en émotions, en péripéties et en découvertes. A découvrir.

Verdict : Bonne pioche

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Gillian FLYNN – Les apparences

les-apparencesTitre original : Gone girl (2012)
Paru le : 02/10/2013
Edition : Le Livre de Poche
ISBN : 978-2-253-16491-3
Nbr de pages : 691
Prix constaté : 8.60€

Résumé :
Amy et Nick forment en apparence un couple modèle. Victimes de la crise financière, ils ont quitté Manhattan pour s’installer dans le Missouri. Un jour, Amy disparaît et leur maison est saccagée. L’enquête policière prend vite une tournure inattendue : petits secrets entre époux et trahisons sans importance de la vie conjugale font de Nick le suspect idéal. Alors qu’il essaie lui aussi de retrouver Amy, il découvre qu’elle dissimulait beaucoup de choses, certaines sans gravité, d’autres plus inquiétantes.

Impressions :
Si vous rêvez d’un thriller qui vous chamboule la tête et vous mène en bateau jusqu’au dénouement final, « Les apparences » est fait pour vous. Ca faisait bien longtemps que je ne m’étais pas autant fait surprendre par un roman de ce type. On nous donne une version reportée des événements, une enfilade d’indices qui nous portent à douter de l’innocence du suspect puis la deuxième partie du roman vient tout remettre en question. Le procédé est admirable et Gillian Flynn se révèle maitresse de son récit et de la crédulité du lecteur. J’avoue que je me suis laissée berner, à tel point que les presque 700 pages de cette version poche ont défilé en coup de vent.

  La manière qu’a l’auteure de décortiquer les relations de couple, de la rencontre au train-train quotidien, est purement jubilatoire. C’est d’un cynisme mais d’un réalisme si cru qu’on finit scotché par cette descente aux enfers. Gillian Flynn n’est pas tendre avec ses personnages et n’hésite pas un instant à mettre au grand jour leurs mauvais côtés, leurs vilenies, sans parti pris aucun. Du mari à l’épouse, chacun en prend pour son grade. Même les beaux-parents. C’est une sorte de jeu de chaises musicales, où chaque personnage se retrouve à tour de rôle mis sur la sellette. Nous prenons connaissance des faits à travers le prisme de chacun et les versions des faits divergent, se craquellent jusqu’à laisser apparaitre la vérité. Un procédé très ingénieux !

  La mise en abyme du récit qui passe par le fameux journal d’Amy, et le compte à rebours d’après la disparition apportent une tension bienvenue, le suspense et les rebondissements allant crescendo. Si au début on est un peu amusé par les détails de cette vie de couple passée au crible, on finit abasourdi par les révélations. N’est pas sociopathe qui croit ! Le ton de Gillian Flynn est très irrévérencieux, très porté sur l’humour noir, c’est grinçant et le style de l’auteure fait mouche (je pense notamment aux fameux quiz d’Amy). Bref, un thriller hors du commun et percutant, qui vous fera vous arracher les cheveux de la tête une fois la dernière page tournée. Cynique je vous dis…

Verdict : Nuit blanche

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Heidi W. DURROW – La fille tombée du ciel

La-fille-tombée-du-cielTitre original : The girl who fell from the sky (2010)
Paru le : 02/05/2013
Editions : Le livre de poche
ISN : 978-2-253-16445-6
Nbr de pages : 285
Prix constaté : 6.60€

Résumé :
À onze ans, Rachel, fille d’une mère danoise et d’un père G.I. noir américain, voit sa vie basculer un triste jour d’été. Un drame dont elle est la seule survivante lui arrache sa famille. Recueillie par sa grand-mère, une femme aussi aimante qu’intransigeante, Rachel découvre bientôt la difficulté d’être métisse dans une société qui donne trop d’importance à la couleur de peau. Mais la véritable nature de la tragédie qui enlise Rachel lui sera révélée par Brick, un jeune voisin qui a assisté à sa chute et qui se retrouve, bien malgré lui, dépositaire du seul fragment de vérité susceptible de libérer la fillette des ombres de son passé.

Ce que j’en ai pensé :
De retour à une lecture plus contemporaine avec « La fille tombée du ciel » de Heidi W. Durrow, roman qui m’avait interpellé lors de sa sortie en grand format. Ce petit roman (moins de 300 pages écrites de manière aérées) nous emmènent sur les pas de la jeune Rachel, métisse de 11 ans dans les années 80 aux Etats-Unis, autant dire que ce n’était pas gagné de se faire accepter à l’époque, le racisme étant encore très présent (et il l’est toujours d’ailleurs). Le récit est coupé en deux parties, jouant sur la transition entre enfance et adolescence et l’émancipation de la jeune fille qui a grandi trop vite suite à un drame familial des plus horribles.

  Les chapitres alternent les différentes voix du récit pour mieux nous immerger dans le quotidien de la jeune fille, et le mystère qui entoure le drame vécu par Rachel se fait jour petit à petit. Malheureusement, je n’ai pas réussi à accrocher à la narration (surtout lors des passages de Rachel, qui nous parle de manière éclatée, à l’image de sa psyché qui en a pris un coup), trop passive et contemplative. D’ailleurs, il faut voir le nombre de fois ou l’expression « c’est, c’était » est utilisée. On reste froidement en dehors de cette histoire, alors que l’on devrait être ému et touché par ses fêlures. Un peu comme si on lisait un rapport clinique, sans âme. Ce que j’ai trouvé fort dommageable, le récit ayant un potentiel certain mais mal utilisé dans la forme.

  L’histoire est par ailleurs très émouvante et des plus dramatiques, et si tant est que la narration avait été différente, l’auteur aurait pu toucher du doigt quelque chose d’évocateur. Il faut tout de même reconnaitre la pudeur élégante avec laquelle Heidi Durrow évoque le drame, et certains passages réussissent à se faire poétiques (notamment sur la fin). J’ai par ailleurs apprécié la façon dont la jeune Rachel finit par se libérer de son fardeau, par s’humaniser au contact des autres. Son tout dernier souhait à la fin du roman était bouleversant et tragique à la fois. Bref un récit qui a ses failles et ses bons points, mais qui ne m’a pas pleinement convaincue.

Verdict : Roulette Russe

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