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Max BENTOW – L’oiseleur

l'oiseleurTitre original : Der Federmann (2011)
Traduit par : Céline Hostiou
Date de parution : 06/11/2014
Editions : Denoël
Collection : Sueurs froides
ISBN : 978-2-207-117194
Nbr de pages : 323
Prix constaté : 20.90€

Résumé :
Seul point commun de ses victimes : une abondante chevelure blonde qui semble rappeler les plumes d’oiseaux dont il couvre leur corps. L’inspecteur Nils Trojan traverse une phase difficile. Divorcé, père d’une fille unique, il consulte en secret une fois par semaine la psychologue Jana Michels car il souffre de crises d’angoisse. En tant qu’inspecteur de la brigade criminelle, il ne peut se permettre de montrer le moindre signe de faiblesse.
Un jour, dans un quartier populaire de Berlin, il trouve le corps d’une jeune femme, violemment assassinée. Elle a le crâne rasé, recouvert de plumes, et un oiseau mort a été placé à l’intérieur de la plaie mortelle. Avant que Trojan n’ait le temps de comprendre ce qui s’est passé, l’Oiseleur frappe à nouveau, laissant la même signature macabre. L’inspecteur comprend très vite que l’Oiseleur est attiré par les femmes jeunes, blondes, à l’épaisse et ondoyante chevelure.

Impressions :
Un thriller allemand qui mettait en scène d’horribles et mystérieuses scènes de crime avec un oiseau mort laissé comme signature du tueur en série, voilà qui avait de quoi intriguer. Les polars venus d’Allemagne comme de Scandinavie étant souvent originaux, j’étais plus que curieuse d’entamer « L’oiseleur ». Malheureusement, le récit ne tient pas ses promesses et hésite constamment entre le polar féroce et anxiogène et la romance inavouée.

  Si je ne suis pas contre l’intérêt de mettre en scène la psychologie des personnages et leur vie personnelle, le roman de Max Bentow bâtit son personnage principal, l’inspecteur Nils Trojan, à partir de ses déboires amoureux et ses turpitudes intérieures, au point que le protagoniste m’a paru geignard et mou là où il voulait le présenter comme fragile (du moins j’imagine). Ses constants atermoiements au sujet de sa psy ont vite finis par m’ennuyer.

  Si le personnage principal n’est pas très intéressant, les seconds rôles ne sont pas beaucoup mieux mis en avant. Aucun ne sort du lot, que ce soit la fille de l’inspecteur, la psy, ses collègues policiers, tous sont un peu fades et ne laissent pas une forte impression. Le seul personnage qui sort sa tête de l’eau, c’est un des suspects qui file la chair de poule par son comportement trouble et inquiétant. D’ailleurs, c’est lorsqu’il est mis en scène que le récit se fait anxiogène et prend un peu d’ampleur (entre deux apitoiements de Nils…).

  Côté enquête malheureusement, le roman ne se démarque pas beaucoup non plus. Je m’attendais à quelque chose de plus étonnant, j’avais même une théorie mais non, le tueur en série ne soulève pas d’interrogations et se trouve parmi les suspects les plus ordinaires pour un thriller. Dommage. J’ai vraiment eu l’impression en refermant « L’oiseleur », que l’auteur n’avait pas pris de risques et n’avait pas été au bout d’une bonne idée. Bref, un roman pas mauvais mais qui sera vite oublié…

Verdict : Planche de salut

planche-de-salut

Sebastian FITZEK – Le voleur de regards

le-voleur-de-regardsTitre original : Der Augensammler
Paru le : 12/03/2014
Edition : Le Livre de poche
Colelction : Thriller
ISBN : 978-2-253-17784-5
Nbr de pages : 464
Prix constaté : 7.60€

Résumé :
Celui que les médias berlinois ont surnommé le Voleur de regards a de nouveau frappé. Comme à son habitude, il a tué une femme avant d’enlever son enfant. Dans la main de sa victime : un chronomètre qui a commencé à égrener les secondes… Mais cette fois, on a également retrouvé le portefeuille d’Alexander Zorbach sur la scène du crime. Ancien policier devenu journaliste, celui-ci est alors pris dans l’engrenage d’un jeu machiavélique. Il sait qu’il ne dispose que de 45 heures et 7 sept minutes pour découvrir où l’enfant est retenu prisonnier – et ainsi prouver son innocence. Le compte à rebours est lancé…

Impressions :
Auteur allemand de thrillers appréciés, Sebastian Fitzek signe avec « Le voleur de regards » un roman efficace, pas follement novateur dans le fond ni dans la forme, mais diaboliquement bien orchestré. Si vous aimez les thrillers psychologiques où vos nerfs sont mis à rude épreuve ainsi que les courses contre la montre, ce roman risque fort de vous plaire. L’ennui ne pointe jamais le bout de son nez grâce à une construction « à l’envers », les chapitres faisant le décompte jusqu’au bouquet final. Le roman surprend d’ailleurs par son épilogue en début de récit, comme un film qui nous plongerait derechef dans une situation cauchemardesque puis reviendrez en arrière pour nous expliquer comment le narrateur en est arrivé là. Du coup, forcément notre intérêt est éveillé et on a hâte de découvrir le fin mot de l’histoire.

  Si le récit est rythmé par le compte à rebours fatidique, le suspense est aussi maintenu en grande partie par le biais des deux personnages principaux et par leurs interactions. La rencontre entre Alina et Zorbach, plutôt étonnante de prime abord, nous plonge dans une ambiance occulte qui, si elle fait tiquer au début (je ne m’attendais pas à ça) et relativement bien menée, sans glisser dans le ridicule ou le grand-guignolesque. Ouf ! Le fait qu’Alina soit aveugle m’avait fait craindre le pire, mais j’ai été agréablement surprise par la façon dont l’auteur mène sa barque. On sent qu’il s’est renseigné sur le quotidien des non-voyants et le fait qu’il intègre le choc des deux univers voyant/non-voyant (avec tous les quiproquos et les préjugés que cela peut avoir) amène une réflexion intéressante.

  Qui dit thriller psychologique dit bien évidemment personnages au centre du récit. On sort du cadre de la vulgaire chasse à l’homme pour se concentrer sur la psyché des protagonistes. Celle du tueur nous est présentée de manière détournée, par le prisme des autres personnages. Ainsi entre les nombreux chapitres consacrés à Zorbach, de courts chapitres qui donnent voix à la victime séquestrée quelque part, viennent s’immiscer entre deux. Entre la sensation d’étouffement qui en ressort et les motivations du « voleur de regards » qui nous apparaissent lentement, l’atmosphère du récit devient vite addictive. Les pages se tournent sans effort jusqu’au dénouement final, satisfaisant, et sa fin ouverte… un poil rageante ! Bon, ça tombe bien la suite des aventures d’Alina et Zorbach m’attend gentiment sur mon bureau !

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Sarah LARK – Le pays du nuage blanc

le-pays-du-nuage-blancTitre original : Im Land der weissen Wolke (2007)
Paru le : 28/08/2013
Edition : L’Archipel
ISBN : 978-2-8098-1236-7
Nbr de pages : 683
Prix constaté : 23.95€

Résumé :
Londres, 1852. Helen, préceptrice de deux enfants dans une riche famille, répond à une annonce qui propose à des jeunes femmes de partir épouser des Britanniques installés en Nouvelle-Zélande.
Sur le bateau qui la mène à Christchurch, elle se lie avec Gwyneira, une jeune noble galloise qui immigre à cause des difficultés financières de son père. L’amitié entre les deux femmes sera indéfectible malgré les épreuves, les désillusions et la haine, surtout, qui déchirera leurs deux familles. Mais elles auront la joie de voir leurs enfants s’unir et inventer une nouvelle vie, en osmose avec les autochtones et la nature.

Impressions :
J’attendais avec une grande impatience de me lancer dans la lecture du « Pays du nuage blanc », ne m’étant pas frottée au genre depuis longtemps. Un grand roman au souffle aventureux, avec de magnifiques paysages et de beaux rôles de femmes fortes… Un peu comme « Fleur de neige » de Lisa See, le roman de Sarah Lark se concentrant sur l’amitié entre deux femmes que tout oppose à priori… Du moins c’étaient les attentes que j’en avais. Quelle amère déception ! Je n’ai pas du tout adhéré au traitement de l’histoire, au parti pris de l’auteur et à la façon dont elle mène ses personnages. C’est d’une passivité, d’une bassesse écœurante, c’est bien simple l’auteur m’a pris complètement à rebrousse-poil avec sa représentation des hommes et des femmes de cette Nouvelle-Zélande du milieu du XIXème siècle.

  Au lieu de nous peindre le portrait de deux jeunes femmes ballotées par les aléas de la vie et de l’Histoire, de battantes brimées par une époque où les femmes étaient encore gouvernées par les décisions des hommes, Sarah Lark brosse le portrait de deux femmes passives, soumises, qui ne se rebellent jamais, qui ne prennent jamais leur destin en main mais laissent les éléments les porter dans l’attente d’un mieux. Je pensais vraiment que l’auteur ferait s’émanciper ses deux héroïnes, qui finiraient par se battre pour leurs convictions, pour leur famille respective, mais niet. Il n’y a aucune évolution dans leur comportement. De temps en temps un sursaut nous fait espérer un revirement, puis pouf deux phrases plus loin rebelote. Ca faisait longtemps que je n’avais pas été autant agacée et dégoûtée par la tournure que prend un récit.

  C’est simple, j’ai détesté Hélène, l’une des deux héroïnes, dès que celle-ci décide de fermer les yeux sur le comportement de prédateur sexuel (que tout le monde avait remarqué) d’un des employeurs de ses pupilles. La pauvre, que peut-elle y faire ? Euh… Franchement ? Ce n’était pas un pays de sauvages non plus ! D’ailleurs, c’est une des choses qui m’a mis en rogne. Non contente de nous proposer deux héroïnes très effacées, les personnages masculins sont au choix : des pervers, des violeurs, des homos, des lâches, des sadiques. A l’exception d’un ou deux personnages… J’espère que le roman ne sortira pas en Nouvelle-Zélande, sinon ils apprécieront sûrement.

  Il y avait plein de manières différentes de nous présenter une belle amitié indéfectible entre ces femmes, avec tout un tas d’embûches liées aux conditions féminines de l’époque, aux événements historiques tumultueux avec la révolte des autochtones. Ça pouvait être dur et beau, cruel et émouvant, mais pour ça il fallait qu’il y ait une évolution dans le comportement des héroïnes. Un peu comme « La couturière » de Frances de Pontes Peebles qui brasse les mêmes thèmes, mais qui nous présente des rôles de femmes fortes, qui ne soumettent pas aux hommes. Sarah Lark aurait aussi pu forcer le trait sur le côté historique, en obligeant ses héroïnes à faire face à un monde changeant. Que nenni. Oublier les grandes espaces et les descriptions à couper le souffle. Cet aspect est largement occulté. Certains éléments sont évoqués, on s’attend à ce qu’ils provoquent quelque chose, puis rien n’arrive jamais. Comme si l’auteur avait déjà oublié ce détail ou que ça n’avait pas d’importance au final. Un peu facile… Bref, très déçue.

Verdict : Planche de salut

planche-de-salut

Julia FRANCK – Feu de camp

feu-de-campTitre vo : Lagerfeuer (2003)
Broché paru le : 7 septembre 2011
Editeur : Flammarion
ISBN : 978-2-08-121374-6
Nb. de pages : 324
Prix constaté : 21.40€

Résumé :

Berlin-Est, fin des années soixante-dix : une jeune femme dont la beauté classique et la tranquille détermination suscitent partout la curiosité a obtenu de passer à l’Ouest avec ses deux enfants Aleksej et Katja.

Après avoir affronté les mille et une menaces et humiliations qu’infligeait la RDA à ces candidats au départ, voici Nelly Senff au pays de l’abondance et de la liberté. Mais l’Ouest, c’est d’abord pour les réfugiés la promiscuité d’une chambre partagée avec des inconnus au camp de Berlin Marienfelde et un avenir incertain. Sans compter les interrogatoires soupçonneux et sans fin de la CIA.

Ce que j’en ai pensé :

  Comme tout un chacun, j’aime lire une fiction historique de temps en temps, en apprendre plus sur un pan de l’histoire méconnu ou pas. On voit pas mal de romans qui ont pour époque la 1ère ou la 2nde guerre mondiale, mais j’avoue que je n’avais jamais rien lu sur le mur de Berlin, du temps où RDA et RFA se faisaient face. C’est chose faite avec le roman de Julia Franck « Feu de camp », auteure qui a vécu à Berlin-Est en ce temps-là, on peut donc imaginer qu’elle connait bien son sujet.

  Et c’est vrai que le roman est très intéressant d’un point de vue historique, le récit nous emmenant sur les traces d’une jeune femme qui décide de passer à l’Ouest avec ses enfants, à la suite du décès de son mari. A partir de là, l’auteure nous narre les interrogatoires obligatoires des deux côtés du mur, la suspicion, les fouilles au corps puis les difficultés de la vie dans les camps de réfugiés (et oui, on ne vous laissait pas « juste » passer de l’autre côté sans une enquête minutieuse).

  Le récit est vraiment révoltant dans ses détails, on vous radiait pour vous désinfecter et être sûr que vous ne passiez rien de compromettant de l’autre côté, on vous humiliait pour vous soutirer tout ce que vous saviez. Le pire étant que les Etats-Unis n’avaient rien à envier à l’Allemagne quant à ces tortures psychologiques. Bref, on vous traitait comme un terroriste, c’est vraiment choquant ! Le témoignage des différents narrateurs, fortement inspirés de la réalité des faits est bouleversant et pudique. L’auteure se surjoue à aucun moment, on est loin du pathos larmoyant, au contraire, la narration s’avère convaincante.

  Le roman est découpé en plusieurs chapitres, qui offrent chacun un point de vue différent. Il y a Nelly Senff, la jeune maman, Krystyna Jablonowska la violoncelliste qui a du abandonner ses rêves pour soigner sa famille, John Bird l’agent de la CIA qui n’est pas insensible aux charmes de Nelly, Hans Pischke, un jeune homme un peu étrange. Entre les tickets de rationnement, la promiscuité partagée des chambres, les profiteurs du système, le roman ne faiblit pas une minute. Là, où le bât blesse, c’est dans l’écriture (ou la traduction ?) qui malheureusement n’a rien de fluide. Ce sont des fautes de syntaxe, des phrases qui ne veulent rien dire, des expressions mal-à-propos, bref le rythme devient haché, on bute sur les mots, c’est la grosse bête noire du roman ! A tel point, qu’on n’a franchement envie de lâcher le roman plus d’une fois. Dommage, car l’histoire est fort intéressante et le témoignage de cette époque bien mené.

Verdict : Roulette Russe

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