Archives de Tag: Littérature Australienne

Rebecca JAMES – La vérité sur Anna

la vérité sur annaTitre original : Sweet Damage (2013)
Paru le : 05/06/14
Edition : XO
ISBN : 978-2-84563-683-5
Nbr de pages : 328
Prix constaté : 19.90€

Résumé :
Tim, un jeune Australien répond à une petite annonce pour louer une chambre dans la plus belle bâtisse d’un quartier huppé de Sydney. Une véritable aubaine, car la seule contrepartie du loyer avantageux est de venir ponctuellement en aide à la propriétaire de l’immense maison, la fragile Anna. Agoraphobe depuis le décès de ses parents, la jeune fille vit recluse dans cette mystérieuse bâtisse. Tim s’installe dans sa nouvelle chambre offrant une vue imprenable sur l’océan. Il tente doucement d’apprivoiser la jeune fille, mais bientôt, d’étranges manifestations surviennent dans la maison. Tim est réveillé en pleine nuit par des pleurs, puis par des bruits étranges. Le comportement d’Anna l’intrigue puis l’inquiète de plus en plus. La jeune fille est-elle persécutée par des proches qui voudraient profiter de sa faiblesse ou est-elle dangereuse ? De plus en plus attaché à la jeune femme, Tim cherche à comprendre. Mais est-il prêt à se mettre en danger pour lui venir en aide ?

Impressions :
Le synopsis de « La vérité sur Anna » m’a de suite interpellée. Une maison où il se passe des choses étranges, une jeune femme qui se barricade chez elle, un entourage au comportement troublant et de nombreux non-dits, voilà qui avait l’air alléchant ! Et qui promettait une bonne dose de suspense et de secrets à déterrer… L’auteure a-t-elle tenu toutes ses promesses ? En un sens oui, car le roman lance plusieurs pistes que le lecteur prend plaisir à suivre, tout en imaginant plusieurs scénarios à priori crédibles. Notre intérêt est piqué à plusieurs reprises, entre les phénomènes étranges survenus dans la maison et le comportement névrosé d’Anna qui est aussi inquiétant que les réactions du couple d’amis de celle-ci paraissent louches. On se pose une multitude de questions, la tension est palpable, tout va bien jusque-là…

  Et puis, certains détails viennent nous mettre la puce à l’oreille. Choix délibéré de la part de l’auteure qui essaie de nous mettre sur la voie. Mais au lieu d’accompagner ces indices par une prise de conscience de la part du narrateur, Tim (qui se trouve dans la même situation que le lecteur vu qu’il ne connait pas l’histoire d’Anna), celui-ci reste étonnamment passif et ne saisit aucune allusion. Du coup, ses réactions m’ont paru téléphonées, pas logiques et au final peu crédibles. Même subjugué par une femme attirante, on peut garder un semblant de déduction (du moins, j’espère). Mais lui ne réagit jamais à rien. La faute peut être au nombre de bières que le protagoniste ingurgite. J’ai eu l’impression de lire un roman qui nous vantait les mérites de l’alcool comme délassant ! Je n’ai pas compté le nombre exact mais à chaque fois qu’il rentre chez lui, il en boit au moins une, voire deux ou trois ou… Et bien sûr, monsieur partage, et bien tôt ce sont Tim ET Anna qui boivent à tour de rôle de la bière à chaque chapitre… Sympa la vision de l’australien moyen.

  Dommage car la structure du récit et le passé déchirant d’Anna livré au compte-gouttes étaient vraiment intéressants. Les flash-backs révélateurs auraient eu plus d’impact si Tim, de son côté avait réagi de manière plus logique et ne nous avait pas soulé avec l’histoire de son ex qui est cousue de fil blanc. Intéressant comme un joli minois fait vite oublier les défauts des demoiselles. Le personnage de Lila et la conclusion du récit m’a paru particulièrement cliché. Je m’attendais à quelque chose d’un peu plus ambitieux. Là c’est du vu et revu. Voulu ou pas, le premier rôle masculin agace par son côté creux, on est loin de l’archétype du mec « cool » qui se laisse vivre, comme voudrait nous le faire croire l’auteure. Anna est plus intéressante, elle possède plus de profondeur. Son comportement névrosé s’explique, on la sent fragile, perdue, sans plus aucun repère auxquels se rattacher à part la maison, qu’elle se refuse à quitter désormais. Les chapitres courts liés aux évènements qui s’enchainent rapidement et aux incursions d’Anna qui fait entendre sa voix entre deux chapitres apportaient une belle dynamique au récit. Et le huis clos prend l’eau à cause de son narrateur fantoche et sa fin par trop familière…

Verdict : Roulette russe

roulette-russe

Lu dans le cadre d’un partenariat entre les éditions XO et Livraddict, que je remercie.

M.L. STEDMAN – Une vie entre deux océans

une-vie-entre-2Titre original : The light between oceans (2012)
Parution : 09/10/2013
EAN : 9782234071988
Edition : Stock
Nbr de pages : 449
Prix constaté : 21.50€

Résumé :
Libéré de l’horreur des tranchées où il a combattu, Tom Sherbourne, de retour en Australie, devient gardien de phare sur l’île de Janus, une île sur les Lights, sauvage et reculée. À l’abri du tumulte du monde, il coule des jours heureux avec sa femme Isabel ; un bonheur peu à peu contrarié par l’impossibilité d’avoir un enfant.
Jusqu’à ce jour d’avril où un dinghy vient s’abîmer sur le rivage, abritant à son bord le cadavre d’un homme et un bébé sain et sauf. Isabel demande à Tom d’ignorer le règlement, de ne pas signaler « l’incident » et de garder avec eux l’enfant. Une décision aux conséquences dévastatrices…

Impressions :
J’avais un peu délaissé la littérature contemporaine ces derniers temps, mais la lecture du résumé d’ « Une vie entre deux océans » m’a convaincu de repousser la porte de ce vaste genre. Le roman, vaguement historique (le héros ayant participé à la guerre 14-18), est incroyablement immersif. On plonge très facilement aux côtés de Tom puis d’Isabel, qui nous font partager leur quotidien de gardien de phare. Un métier qui n’existe plus guère, mais qui est rendu de manière vivace dans le premier roman de M.L. Stedman. On s’imagine très bien l’isolement, la sensation d’être à la merci des éléments, toujours sur le qui-vive… Mais aussi le petit cocon protecteur que l’on peut y tisser à deux.

  Pas niais pour deux sous, le récit louvoie entre passé et présent, les flash-back, nombreux au début du roman, nous permettant de retracer la naissance de ce couple malmené par une suite de drames. La narration, à la troisième personne du singulier, alterne entre Tom et Isabel, avec un ton parfois doux-amer, parfois pince-sans-rire, qui réussit très bien au roman. C’est triste, sans être larmoyant, c’est beau sans être pesant, c’est dramatique sans être pathétique. L’auteur maitrise à merveille la tension de son récit. Ce qui peut paraitre de prime abord comme la simple histoire d’un couple sympathique prend peu à peu des accents de tragédie. Tragédie apportée par la volonté d’enfant et par l’arrivée, improbable, d’un nourrisson perdu en mer.

  M.L. Stedman nous livre des personnages réussis, crédibles. La relation de couple Tom/Isabel nous parait vraie, avec ses petites chamailleries, ses petits heurts et cette tendance à s’épauler dans les moments pénibles. Le contexte, détaillé, avec ses quelques références à l’époque et à la fonction d’un gardien de phare, apporte le bagage culturel qui fait d’ « Une vie entre deux océans » un roman complet. La plume de l’auteure, sait s’emballer et devenir poétique, ce qui apporte un plus indéniable à cette émouvante histoire. De même que l’auteur analyse en finesse les multiples émotions qui viennent perturber ses personnages. Un bon roman, et un final poignant.

Verdict : Avec les honneurs

rock

Lu grâce à un partenariat entre Livraddict et les éditions Stock, que je remercie !

Darren WILLIAMS – Conséquences

consequencesTitre original : Angel Rock (2002)
Broché paru le : 11/10/2012
Edition : Sonatine
ISBN : 978-2-35584-165-1
Nbr de pages : 392
Prix constaté : 20€

Résumé :
1969. Angel Rock est une petite localité du sud de l’Australie, austère et abandonnée du monde. Le village a été durement touché par la crise, l’industrie du bois peine à le maintenir en vie. Nature hostile, conditions de vie difficiles, familles isolées, c’est dans ce contexte douloureux qu’un drame s’abat sur la communauté : Tom Ferry, 13 ans, et son petit frère Flynn disparaissent dans le bush, aux abords du village.
Une battue est organisée pour les retrouver, en vain. Sydney, quelques semaines plus tard. Une adolescente en fugue originaire d’Angel Rock est retrouvée morte dans une maison abandonnée. Le suicide ne fait aucun doute pour les autorités. Mais Gibson, un policier sombre et tourmenté, décide, de poursuivre ses investigations. Défiant sa hiérarchie, il gagne Angel Rock ou il va mener une enquête qui, bien vite va tourner à l’obsession.
Dans cette petite communauté où rien ne s’oublie mais où rien ne se dit jamais, Gibson devra affronter le poids du passé, le sien et celui du village, pour mettre à jour des secrets enfouis depuis trop longtemps.

Impressions :
Les éditions Sonatine ont gagné leurs galons en nous proposant des thrillers à la croisée des genres, navigant parfois entre le fantastique et l’historique, nous offrant des romans hétéroclites et de qualité. « Conséquences » n’échappe pas à la règle, même s’il reste de nature plus classique. Darren Williams, écrivain australien, m’a bluffé par la maitrise de son intrigue. C’est comme s’il jouait avec nous et nous baladait dans cette petite ville aux règles singulières et inconnues, auxquelles seuls ses habitants répondent.

  L’action plante son décor à Angel Rock (Castle Rock, people ?), une petite bourgade d’Australie profonde où chacun se connait, où la vie n’est pas une sinécure, la nature sauvage et impossible à dompter étant de la partie. Malgré cela, il faut survivre, s’adapter pour s’en sortir. Sur cette base, Darren Williams nous concocte une intrigue tentaculaire, mêlant enquête policière et secrets de village, drame familial et monstres humains. La tension, tapie entre les pages de « Conséquences », nous fait craindre pour ses jeunes protagonistes, les enfants devant payer un lourd tribut pour les erreurs commises par leurs parents. C’est incroyablement bien mené, tant et si bien que j’ai été émue aux larmes et que j’ai tremblé de peur pour Tom qui perd son petit frère dans le bush et devra en subir les effroyables « conséquences », lui, le mal-aimé de la famille…

  Vous l’aurez compris, les relations familiales sont au cœur de ce thriller oppressant dont le malaise nous gagne très rapidement. On vibre en compagnie des personnages, tellement humains, criant de réalisme, l’auteur faisant montre d’une dextérité rare quand il s’agit de nous présenter des personnages et leurs émotions. Darren Williams n’hésite d’ailleurs pas à explorer leur psyché sans retenue. Bien entendu, le roman reste « classique » dans le sens où il n’innove pas et que la trame a un petit côté déja-lu, mais on oublie vite cela face à l’efficacité de l’auteur. « Conséquences » est un thriller désenchanté, mais profondément sensible et émouvant, où les personnages prennent le pas sur l’intrigue. C’est un monde rude et impitoyable que nous décrit Darren Williams, où les enfants perdent leur innocence très tôt et où la douceur de l’enfance passe en un instant. Un roman à fleur de peau, que je recommande chaudement (ça tombe bien, il vient de sortir en poche chez Points !)

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Benjamin LAW – Les lois de la famille

Les-lois-de-la-familleTitre original : The Family Law
Date de parution : 16/05/12
Editeur : Belfond
Collection : Littérature étrangère
ISBN : 978-2-7144-5004-3
Nb. de pages : 261
Prix constaté : 18€

Résumé :
Si votre adolescence n’a été qu’un long combat orthodontaire ; si vous avez subi l’horreur fashion des années 80 ; si vous avez d’affreux souvenirs de Noëls en famille ; si vous avez participé, enfant, à des spectacles artistico-niais dans des maisons de retraite ; s’il vous reste quelques cicatrices de batailles fraternelles ; si, par hasard, vous avez vécu une rencontre aussi violente que sensuelle avec un diable de Tasmanie, ne cherchez plus, ce livre est pour vous.

Ce que j’en ai pensé :
En ces temps apocalyptiques, rire peut faire le plus grand bien. Se déstresser après avoir vu les infos inquiétantes du soir, se délasser au bout d’une dure journée de travail, voilà ce que propose le désopilant roman de Benjamin Law. Je ne me souviens plus avoir eu d’aussi francs moments de rigolade qu’à la lecture de ces « Lois de la famille ». Peut-être parce que certains souvenirs de l’auteur m’en rappelait d’autres, plus personnels. Il faut avouer que l’auteur a le chic pour désamorcer une situation grave en ridicule, j’imagine les réunions de famille chez Law, qui ne doivent pas être de tout repos !

  Benjamin Law manie l’humour avec verve et panache et dresse un portrait truculent de sa famille hors du commun. Famille qui nous semble proche de nous quelque part avec ses névrosés, ses ratés et ses moments de grâce. L’auteur nous offre des instantanés de vie, des souvenirs jetés pêle-mêle comme autant de photos de famille que l’on découvre en poussant des « oh ! » et des « ah ! ». Le ton est résolument drôle et sarcastique, l’auteur/narrateur n’ayant peur ni du ridicule ni de choquer par ces propos parfois crus (ah ! l’histoire de sa naissance, tout un poème !). On fronce d’ailleurs régulièrement le nez de dégoût devant certaines histoires.

  Chaque chapitre propose de revisiter un souvenir de l’auteur sur un sujet particulier. Une fois c’est noël, une autre fois ce sont les vacances ratées avec le circuit des parcs touristiques les plus pathétiques d’Australie. Benjamin Law ose tout, et aucun sujet n’est tabou. Le quotidien de sa famille dont les parents ont émigrés de Chine a le mérite de dédramatiser une vie pas toujours facile. La façon dont l’auteur relate l’épisode des cafards qui avaient envahis sa cuisine lorsqu’il était petit est peut-être contée de manière loufoque et drolatique, mais son quotidien ne devait pas être toujours rose. Entre petites cruautés et excentricités, Benjamin Law trouve le ton juste. C’est doux-amer, caustique et cocasse, juste ce qu’il faut pour souffler, la petite larme de fou rire au coin de l’œil.

Verdict : Avec les honneurs

rock

NB : un petit aparté à propos du titre vo du roman « the family law » qui, s’il se traduit effectivement par « les lois de la famille », présente aussi un jeu de mot avec le nom de l’auteur qui est « Law ». L’auteur nous présente donc « sa » famille, la famille law. Plutôt cocasse.

Karen MILLER – Les enfants du pêcheur, tome 2 : La fille du mage

enfantsdupêcheur2Illustration de couverture : Pascal Casolari
Titre vo : Fisherman’s children, book 2 : The reluctant mage
Date de parution : 10/05/12
Editeur : Fleuve Noir
ISBN : 978-2-265-09374-4
Nb. de pages : 535 pages
Prix constaté : 23.50€

Résumé :
Le Royaume de Lur se meurt sans les pouvoirs d’Asher qui contrôlait le climat jusque-là. Rafel, son fils, était parti en quête d’espoir, en quête d’un
peuple qui pourrait les aider. Mais il n’est jamais revenu de son expédition au-delà des montagnes. Tous le croient mort. Sauf sa soeur Deenie qui le voit dans ses cauchemars. Elle sait que seuls les pouvoirs de Rafel pourront les sauver.
Deenie est terrifiée à l’idée de partir à sa recherche, car elle a senti l’ombre maléfique d’un nouveau pouvoir assombrir le royaume. Et si Morg était revenu ?

Ce que j’en ai pensé :
Si le premier tome de ce dyptique souffrait de quelques longueurs et de redondances, ce deuxième tome est beaucoup plus tourné vers l’action pure et dure et la dynamique de l’intrigue s’en ressent grandement. Le roman commence sans temps mort et sans rappel des faits antérieurs, un peu comme si on débutait un nouveau chapitre. On est loin des pages et des pages d’installation de l’intrigue du premier tome. Ce qui est plutôt une bonne chose. D’ailleurs, tout ce second tome est beaucoup plus rythmé, on laisse un peu de côté les relations familiales pour se recentrer sur la magie, l’aventure, les « batailles », d’où un récit beaucoup plus enlevé et prenant.

  Ce tome relève l’intérêt du lecteur aussi par le fait que l’on voyage enfin dans le monde de Karen Miller, le premier tome se passant pour la plus grande partie de l’intrigue en « vase clos », ce qui jouait sur l’impression de répétition voire de radotage (on aura bien compris qu’Archer est têtu, qu’il ne veut pas que ses enfants fassent de magie, etc.). L’auteur nous faisant enfin voyager à travers Lur, on rencontre de nouveaux personnages, avec de nouvelles mœurs, un point de vue différent sur la magie et Morg, ce qui renforce la solidité et la diversité de l’intrigue, l’auteur excellant aussi bien dans la description des sentiments de ses personnages que dans l’enchainement des rebondissements.

  Côté personnages, on retrouve Deenie, Arlin et Charis et on laisse de côté l’ancienne génération Archer/Dathné/Pellen. Un peu de sang neuf bienvenu, étant donné que c’est Deenie la « petite souris » qui est à l’honneur cette fois-ci, et elle va devoir prendre les choses en main si elle veut sauver sa famille et le destin de Lur tout entier… J’avoue que c’était très plaisant de découvrir une nouvelle facette de la jeune fille qui était plutôt effacée dans le premier tome, son frère lui volant la vedette. Ici, Deenie s’affirme et ne se laisse plus autant marcher sur les pieds. L’aspect « aventure » est ainsi très présent, vu que la jeune fille chemine vers son frère et fait la rencontre d’Ewen, un prince qui ne laissera pas indifférente…

  Bref, beaucoup d’action, d’aventure et de magie, une touche d’amour et une bonne dose d’amitié font de ce dyptique une sympathique découverte, certes classique et un peu longuet dans l’ensemble, mais qui se révèle efficace au final.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Fleuve Noir, que je remercie !