Titre original : Kotori (2012)
Date de parution : 03/09/2014
Editions : Actes Sud
ISBN : 978-2-330-03438-2
Nbr de pages : 269
Prix constaté : 21.80€
Résumé :
Il est le seul à pouvoir apprendre la langue pawpaw afin de communiquer avec son frère aîné, cet enfant rêveur qui ne parle que le langage des oiseaux, n’emploie que ces mots flûtés oubliés depuis longtemps par les humains. Après la mort de leurs parents, les deux hommes demeurent ensemble dans la maison familiale. D’une gentillesse extrême, l’aîné, qui ne travaille pas, se poste chaque jour tout contre le grillage de la volière de l’école maternelle.
Peu à peu, la directrice remarque son calme rassurant pour les oiseaux, sa façon subtile de les interpeler, et lui confie l’entretien de la cage. Quant au cadet, régisseur de l’ancienne résidence secondaire d’un riche propriétaire du pays, le jardin de roses, les boiseries des salons, la transparence des baies vitrées sont à la mesure de son attachement pour les lieux de mémoire. Parfois, les deux frères décident de « partir en voyage »…
Impressions :
Yôko Ogawa est une auteure japonaise appréciée qu’il me tardait de découvrir. Son dernier roman paru en France chez Actes Sud est une belle entrée en matière dans l’univers doux et poétique de l’auteure. Contemplatif, paisible, « Petits oiseaux » est le genre de roman que l’on accompagne le temps d’un instantané de vie. Les lecteurs qui cherchent un but, un plan à suivre dans leurs romans passeront sûrement à côté de ce récit lancinant qui nous présente juste l’histoire simple de deux frères pas comme les autres. Fan de dynamisme et/ou de mélodrame n’y trouveront pas leur compte. Pourtant, l’ennui ne pointe pas le bout de son nez, très certainement grâce à la magnifique prose de Yôko Ogawa qui nous émeut.
« Petits oiseaux », c’est l’histoire de deux frères qui vouent une passion aux oiseaux. L’ainé, qui souffre d’un problème d’élocution, s’est inventé un langage secret que seul son frère cadet semble comprendre. Entre les deux frères, une belle complicité s’installe et bientôt leur vie prend des allures de rituel immuable. Cette relation très touchante qui se noue autour des oiseaux et d’un quotidien paisible m’a beaucoup émue. Yôko Ogawa traite avec doigté les questions de solitude, de différence, d’abnégation. Sans pathos, l’auteure arrive à nous chambouler face aux difficultés que rencontrent la fratrie, à la manière que les autres les perçoivent, sans cesse juge et juré. Pourtant, l’auteure ne force pas le trait, elle ne s’appesantit pas sur l’indifférence ou l’ignorance des uns et des autres. Fugacement, elle lance une constatation que l’on saisit au vol et qui n’en finit pas de nous bouleverser. Une telle maitrise de son récit force le respect.
Si « Petits oiseaux » est un roman tranche-de-vie qui ne laisse pas indifférent, c’est surtout grâce à la plume poétique et imagée de l’auteure. Les notions de bonheur, d’osmose avec la nature, de temps figé sont rendus avec beaucoup de soin et de perspicacité. Yôko Ogawa nous éclaire de son écriture perçante sur cette sensation de carpe diem, de saisir le moment présent et de le savourer. Mais surtout de trouver notre bonheur dans les choses simples de la vie, dans les petits plaisirs quotidiens. Lire « Petits oiseaux », c’est pénétrer un univers où tout coule de source, où la vie suit son cours, avec son lot de nouvelles rencontres, ses changements qu’il suffit de saisir à bras le corps pour trouver sa place. Où la beauté et la joie se trouve peut-être tout simplement dans le trille d’un oiseau…
Lu dans le cadre des Matchs de la rentrée littéraire 2014 de Price Minister
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