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Paolo BACIGALUPI – Ferrailleurs des mers, tome 1

Ferrailleursdesmers1Titre vo : Ship Breaker, book 1 (2010)
Paru le : 19/04/2013
Edition : Au diable vauvert
ISBN : 978-2-84626-504-1
Nbr de pages : 394
Prix constaté : 18€

Résumé :
Fin du XXIe siècle, il n’y a plus de pétrole, la mondialisation est un vieux souvenir et la plupart des États-Unis un pays du tiers-monde. Dans un bidonville côtier de Louisiane, Nailer, un jeune ferrailleur, dépouille avec d’autres enfants et adolescents les carcasses de vieux pétroliers. Le précieux cuivre récupéré dans les câblages électriques au péril de leur vie leur permet à peine de se nourrir. Un jour, après une tempête dévastatrice, Nailer découvre un bateau ultramoderne qui s’est fracassé contre les rochers. Le bateau renferme une quantité phénoménale de matériaux rares, d’objets précieux, de produits luxueux et une jeune fille en très mauvaise posture. Nailer se retrouve face à un dilemme. D’un côté, pour récupérer une partie de ce trésor et en tirer de quoi vivre à l’aise parmi les siens, il doit sacrifier la jeune fille. De l’autre, l’inconnue est aussi belle que riche et lui promet une vie encore bien meilleure, faite d’aventures maritimes dont il rêve depuis longtemps.

Ce que j’en ai pensé :
Après son excellent premier roman, « La fille automate », qui avait été un coup de cœur pour moi l’année dernière, Paolo Bacigalupi nous revient cette fois-ci avec un roman orienté jeunesse, premier tome d’un dyptique de science-fiction qui m’a une fois de plus ébouriffée. Certes, le titre étant axé jeunesse, l’intrigue est beaucoup moins complexe que dans son précédent roman, mais l’auteur ne fait pas pour autant l’impasse sur un univers solide, riche et pensé dans ses moindres détails. D’ailleurs, l’intrigue était si palpitante et l’univers décrit si captivant que j’ai englouti le roman le temps d’une après-midi pluvieuse. Bacigalupi possède un talent certain quand il s’agit de nous dévoiler un monde futuriste léché, mais pourtant réaliste, car il réussit à le rendre vivant à nos yeux.

  Toujours aussi sombre et aussi créatif, l’auteur nous emmène dans un futur proche où suite à des cataclysmes écologiques, notre bonne vieille planète Terre (mais surtout les Etats-Unis, lieu de l’intrigue) peine à se stabiliser. Les matières premières sont devenues denrée rare et l’eau a envahi les terres habitables. Avec la recrudescence de vols de cuivre, or et autres matériaux relatés dans nos propres journaux télévisés, impossible de ne pas faire le parallèle avec « notre » monde. Le dérèglement des conditions climatiques fait également tilt dans notre esprit, ce qui rend l’univers imaginé par Bacigalupi crédible et pénétrant. Comme dans « La fille automate », l’auteur étoffe son sa création en introduisant des créatures mi-canine mi-humaine, que les humains auraient modifiées génétiquement afin de créer des êtres au dévouement parfait. La manipulation génétique, ça vous dit quelque chose ? Bref, l’auteur pose des bases solides pour son intrigue, le tout sans lourdeurs ou longueurs, le roman étant accessible aux ados.

  C’est donc tout naturellement que l’on se retrouve emmené aux côtés de Nailer, personnage Ô combien sympathique. Parfois un peu tête à claques, le jeune garçon est aussi volontaire et malin qu’il est loyal. Les personnages secondaires, bons ou mauvais, sont bien campés, même si j’aurais aimé un peu plus de manichéisme chez certains, notamment le père de Nailer. Si l’ambiance futuriste est décrite avec adresse, le roman regorge également d’une bonne dose d’aventure, le petit côté esprit de piraterie en plus. Les rebondissements s’accumulent et l’intrigue s’épaissit crescendo. On retrouve un certain nombre de valeurs, tels que la place de la famille et de l’amitié, la survie dans un monde hostile avec ce qu’il comporte de chance mais aussi l’émancipation et le passage à l’âge adulte. La loi du talion étant d’autant plus vraie dans ce tome, traitrise et dévouement se bousculent en faisant des étincelles. La faune et la flore sont parfaitement rendues, et l’on sentirait presque à certains moments l’eau saumâtre mouiller notre corps… Si vous êtes fan de récit d’aventure et de monde impitoyable, ce roman devrait vous plaire !

Verdict : Nuit blanche

nuit-blanche

Alexandra BRACKEN – Les insoumis, tome 1

insoumis1Titre vo : The darkest minds, book 1 (2012)
Paru le : 07/03/2013
Edition : La Martinière Jeunesse
ISBN : 978-2-7324-5168-8
Nbr de pages : 512
Prix constaté : 14.90€

Résumé :
Dans un futur proche, les adolescents ont été décimés par un virus inconnu. Les survivants, dotés de pouvoirs psychiques incontrôlables, sont classés par couleurs en fonction du danger qu’ils représentent, et parqués dans des camps.
Ruby et quelques autres refusent cette fatalité et s’enfuient. Échapperont-ils à leurs poursuivants? Et surtout, parviendront-ils à maitriser leurs pouvoirs psi sans perdre leur âme?
Dans un monde à la dérive, leur liberté fait peur. Pourtant, l’avenir est entre leurs mains.

Ce que j’en ai pensé :
Surfant sur la vague des romans dystopiques comme Divergent ou Promise, « Insoumis » nous propulse dans un avenir pessimiste où une épidémie décime peu à peu les enfants. Les rescapés, eux, se mettent à développer des habiletés hors du commun : télékinésie, synesthésie, empathie, etc. Et bien sûr, la populace (ou devrais-je dire les adultes ?), prise de peur décide de réprimer et assujettir la nouvelle génération. Je dis bien sûr, car le point d’orgue de ces romans YA nouvelle vague, est de montrer un futur apocalyptique, où les lois sont bafouées et la jeunesse opprimée. Comme je l’avais déjà remarqué avec « Divergent », ces romans sont de plus en plus alarmistes et violents, et bien que le but est de servir d’électrochoc aux dérives possibles de notre société, j’ai un peu l’impression qu’il y a une surenchère malsaine de virulence qui n’est pas pour me plaire. Mais j’oubliais que l’amour résout tout !

  OK, vous l’aurez compris, je n’ai été qu’à demi convaincue par ce roman qui pourtant, me faisait très envie au départ. Là, j’ai un peu eu l’impression de lire toujours la même chose, le même schéma se répétant de sortie en sortie. Pour commencer, le roman manque de rythme et de profondeur, la romance et les sentiments prenant le pas sur l’intrigue. On en saura pas plus sur l’origine de l’épidémie, ni sur ces conséquences mondiales et économiques, qui sont survolées vite fait en passant. L’auteur nous lâche quelques bribes d’information de-ci de-là, mais c’est bien trop peu pour réellement nous satisfaire. Là où le roman pêche vraiment, c’est dans sa construction, qui manque de scènes de transition, les chapitres se succédant en occultant certaines scènes de progression logique. L’auteur semble d’ailleurs oublier certains détails qui ne collent pas, on passe sous silence certaines réactions des protagonistes qui n’arrivent pas…

  L’héroïne, quant à elle, ne fait pas du tout preuve de logique. La pauvrette réfléchit-elle ? A part à se torturer sur ses émois et « non, je suis un monstre… », elle ne cherche pas à comprendre son univers, choisit de garder un moyen de contacter des psychopathes qui veulent se servir d’elle (au cas où… Euh… Franchement ?). Bref des réactions pas crédibles, surtout pour une jeune fille qui sort de 6 ans d’isolement et qui se méfie (a priori) de tout le monde. C’est en gros, pour la première partie, le récit d’une fuite, puis d’un semblant de retour à la vie et à la « normalité ». Pas de surprises également, dans le scénario, on sait que certains dévoileront leur vrai visage tôt ou tard et la fin s’avère convenu dans le genre. Je n’ai pas ressenti d’affinité quelconque avec les personnages, qui se révèlent plats et sans saveur. Mis à part deux scènes qui sont éprouvantes et/ou émouvantes (le passé de Ruby et les quelques scènes d’action), le reste n’apporte pas de grand renouveau. C’est loin d’être mauvais, mais je ne suis pas sûre que cela reste dans les annales. Ou alors c’est moi qui suis blasée… Peut-être. Bref, je ne suis pas spécialement curieuse de lire la suite.

Verdict : Planche de salut

planche-de-salut

Samantha BAILLY – Oraisons, intégrale

OraisonsIllustration de couverture : Fred Augis
Paru le : 29/03/2013
Edition : Bragelonne
ISBN : 978-2-35294-690-8
Nbr de pages : 716
Prix constaté : 25€

Résumé :
En Hélderion, la mort peut rapporter beaucoup… surtout à la famille Manérian, qui procède aux oraisons, les rites funéraires du royaume. Mais la réalité de la mort les frappe de plein fouet lorsqu’on retrouve le corps de leur plus jeune fille dans une ruelle sordide.
Tout désigne les clans, ces dangereux rebelles qui s’opposent à Hélderion. Aileen, prête à tout pour venger sa cadette, se lance dans une enquête qui la mettra à rude épreuve.
Noony, leur soeur aînée, se retrouve quant à elle aux premières loges de l’entrée en guerre de son pays contre le continent voisin. Mais elle est bien décidée à s’opposer à ce conflit qui pourrait tourner en véritable massacre.
Prises dans des intrigues dont les enjeux les dépassent, les deux soeurs devront affronter le système qui les a forgées.

Ce que j’en ai pensé :
« Oraisons » est un dyptique que j’avais envie de lire depuis longtemps et sa sortie en intégrale tombait à pic ! Le cycle trouvait de bons échos sur la blogo littéraire qui plus est, et c’était aussi l’occasion de découvrir un autre jeune auteur français, qui nous régalent vraiment ses derniers temps ! Heureusement, Samantha Bailly est de ceux-là, et signe avec « Oraisons » un cycle efficace, dynamique et prenant, qui se lit très vite.

  Dans la veine d’un James Clemens et de son cycle des « Bannis et proscrits », « Oraisons » est une fantasy qui fait la part belle à ses personnages. Tout tourne autour d’eux, l’intrigue naviguant sur les traces de la fratrie Manérian, qui se retrouve en plein cœur d’un complot de grande envergure. La magie est ici assez subtile, de même que l’univers est assez soft côté créatures féériques, vous ne retrouverez pas les sempiternels elfes et Cie (ce qui est plutôt agréable !). Par contre, l’auteure introduit quelques trouvailles comme les sang-de-lune (une bête plutôt dangereuse pour ceux qui la voit éclore), des lynx télépathes (en quelque sorte) ainsi que quelques figures plus connus comme un fantôme. Mais l’ingrédient le plus éminent est bien sûr la place de l’Astracisme, la grande religion qui est au cœur du roman. C’est d’une certaine manière le moteur du dyptique, Samathan Bailly faisant évoluer son intrigue dans les sphères religieuses, là où le pouvoir est concentré.

  Je suis sûre que certains font déjà une mauvaise tête « Oh! Encore de la religion ! » Oui, et celle-ci ressemble à s’y méprendre au Christianisme et à ses fameuses « oraisons religieuses » (d’où le titre). Ok, mais pas d’inquiétude car l’Astracisme dérive rapidement de notre monde, la pratique de la religion reposant sur une base beaucoup moins mystique, les âmes des morts étant littéralement arrachés du corps des défunts. Ouch! Ça fait peur… On touche également au sujet de la réincarnation, lesdites âmes devant réintégrer le cycle de la vie. Pas mal de références à notre monde en somme, bien que l’auteure se réapproprie le sujet pour en faire quelque chose de créatif, les apparences premières étant trompeuses. Car « Oraisons » est surtout l’histoire d’un vaste complot, d’une machination diabolique qui jettera à bas tout ce en quoi croyait nos jeunes héroïnes…

  Comme je vous le disais plus haut, la fratrie Manérian est au cœur de cette intégrale, les trois sœurs jouant un rôle primordial dans la conspiration politico-religieuse. La benjamine, par son meurtre, changera radicalement la destinée de ses deux sœurs, qui prennent alors des chemins divergents. Noony, l’ainée et Aileen, la cadette, de caractère similaire au début du récit (comprenez que c’était des jeunes filles bien comme il faut, soumises au patriarche de la famille) vont s’émanciper et voir leur univers voler en éclats. J’ai adoré la façon dont l’auteure faisait évoluer ses personnages, les ambitions de chacun nous faisant face progressivement et certains protagonistes, qui cachaient bien leur jeu au départ, nous apparaissent dans toute leur vilenie. D’autres, au contraire se lâchent et deviennent prêts à tout pour arriver à leur fin. Samantha Bailly sait comment distiller ses révélations subrepticement, c’est un des points que j’ai particulièrement apprécié. La narration, dynamique, alterne entre les phases primordiales dans l’avancée du récit, et d’autres passages plus gentillets de romance, même si celles-ci sont vouées à l’échec.

  En bref, « Oraisons » est un agréable mix de romance, d’aventure, de machinations épouvantables et d’émotions diverses. On est certes loin des cycles les plus ambitieux, mais c’est efficace et ça se dévore sans vergogne. A découvrir.

Verdict : Avec les honneurs

rock

Lu dans le cadre d’un partenariat entre les éditions Bragelonne et Livraddict que je remercie !

Régis GODDYN – Le sang des sept rois, tome 1

Le sang des 7 rois, tomeIllustration de couverture : Yann Tisseron
Paru le : 21/02/2013
Edition : L’Atalante
Collection : La dentelle du cygne
ISBN : 978-2-84172-625-7
Nbr de pages : 400
Prix constaté : 21€

Résumé :
25 juillet 806.
Deuxième jour de traque. Depuis le départ du château, la pluie n’a pas cessé de tomber. Je profite d’une roche en surplomb pour abriter le journal et écrire ce premier compte-rendu. Arrivés sur les alpages, nous avons suivi la crête pour trouver des indices. Rien ne nous avait préparés à ce que nous avons trouvé là. Un autre campement avait été édifié à cinquante pas à vol d’oiseau du premier et tout indique qu’alors que nous pensions notre retard considérable, ses occupants s’en étaient allés quelques heures auparavant.

Ce que j’en ai pensé :
Encore un nouvel auteur de fantasy française qui se lance dans l’aventure, et cette fois-ci, il nous vient de chez l’Atalante, qui nous avait offert de belles surprises l’année dernière. Premier d’un cycle prévu en sept tomes (on peut dire que l’auteur voit grand et fait preuve d’ambition d’entrée de jeu), « Les sept royaumes » ne voit ébouriffera pas… par son titre (plus que convenu), ni… par son début (qui manque de dynamisme). Mais si vous persévérez au-delà des quelques 150 premières pages (quand même), vous tomberez vite d’accord avec la maison d’édition qui nous le vend comme un petit bijou dans le genre. Oui, ce premier tome possède tous les ingrédients d’un futur grand (je l’espère).

  De prime abord, l’intrigue ne nous émeut pas plus que cela. L’auteur nous propose un mystère certes, mais la narration prend son temps et les événements avancent lentement. La traque commence et les pièces de l’échiquier se mettent en place tout doucement. J’avoue que j’ai trouvé le début du roman très mollasson, il ne se passait pas grand-chose et la mise ne place n’était guère palpitante. J’en suis même venue à me demander ce qui avait pu plaire autant. Passé ce cap, le protagoniste principal, un garde ce qu’il y a de plus lambda, voire insignifiant et inintéressant, commence à se révéler sous nos yeux et son périple devient le nôtre, au point que l’on en vient à ne plus lâcher le bouquin… Du coup, on en félicite l’auteur, qui réussit le tout de force de nous subjuguer par sa construction machiavélique. Les événements et autres mystères se révèlent au final, adroitement agencés, tel qu’on salue le talent qu’a Régis Goddyn de nous prendre de court au fur et à mesure du récit. La plume est élégante, soutenue sans être empesée et l’auteur manie les mots avec doigté. Les événements se précipitent et la tension monte crescendo, de même que l’humour pointe le bon de son nez, une relative « paix » s’installant vers le milieu du récit. Une paix trompeuse lorsque le récit bascule vers l’horreur et que la vérité éclate au grand jour…

  L’ambiance médiévale qui emprunte finalement très peu à la magie (qui reste très subtile dans l’univers construit), fait la part belle aux intrigues de pouvoir, chacun œuvrant pour son propre bénéfice. Ceux que l’on croie tirer les ficelles en premier lieu, se voient reléguer en second plan et les complots politiques passent au premier plan. Régis Goddyn nous offre d’ailleurs un univers détaillé, pensé dans ces moindres détails (historique, politique, géographique et j’en passe). Bref, il y a de quoi faire. Quelques originalités sont au cœur de ce premier tome, avec notamment l’origine du sang bleu et l’auteur se paie même le luxe d’amener une réflexion sur le pouvoir et la monarchie (avec ses traditions de succession filiale). Les personnages secondaires sont cependant un peu fades. Seuls Rosa et Orville sont réellement intéressants. Un choix délibéré je pense, au vu des nombreux prochains tomes. Néanmoins, ces deux premiers rôles sont savoureux, juste ce qu’il faut. Une aura de mystère enveloppe les deux protagonistes, qui font preuve d’ingéniosité et qui prennent leur destin en main, une fois abandonnés de tous. Orville nous étonne par sa complexité, et ses différentes facettes se dévoilent lorsque les choses se corsent. J’espère que la personnalité de Rosa, un peu en retrait dans ce premier tome, viendra à s’étoffer par la suite. Bref, une très bonne découverte dont j’attends la suite de pieds fermes !

Verdict : Avec les honneurs

rock

Richard KADREY – Sandman Slim, tome 1

sandmanslim1Titre vo : Sandman Slim, book 1 (2009)
Paru le : 07/03/2013
Editions : Denoël
Collection : Lunes d’encre
ISBN : 978-2-207-10896-3
Nbr de pages : 361
Prix constaté : 23€

Résumé :
Victime de ce qu’il croyait être ses meilleurs amis, le magicien James Stark est expédié vivant aux enfers, où le général Azazel en fait un gladiateur puis un tueur à gages. Apprenant la mort de l’amour de sa vie, Alice, Stark arrache le cour d’Azazel et revient chez lui avec trois objets magiques : une clé, un couteau et une pièce qui ne ment jamais.
Si Stark est revenu chez les mortels, c’est évidemment pour se venger. Mais il lui faudra bien plus qu’un couteau, une clé et une pièce magique pour éliminer les membres du Cercle de magie et la véritable menace qui se cache derrière eux.

Ce que j’en ai pensé :
Dans le créneau de la Fantasy Urbaine, on retrouve parfois des titres « bad ass », avec des personnages cash, qu’il ne fait pas bon emmerder et qui vous dégomme à la première incartade. « Sandman Slim » est de ceux-là. Un roman d’urban fantasy sans concessions, punchy et jouissif, qui donne un bon coup de pied dans la fourmilière. Avis aux fans de Tarantino et du Bourbon Kid, ce bouquin est fait pour vous !

  L’histoire nous projette dans le Los Angeles de nos jours, avec ces excès, son melting-pot de nationalités et… sa magie ! Une ville qui ne dort jamais, à plus forte raison parce que des créatures de l’underground peu recommandables y ont élu domicile. Stark fait partie de ceux-là, il revient d’un séjour en enfer et il a la haine. Il est prêt à tout pour se venger de ceux qui l’ont envoyé là-bas, des membres de son groupe de Sub-Rosa (des sorciers). Après onze années passées aux enfers, l’acclimatement à la vie sur Terre ne se fait cependant pas sans heurts et voilà notre anti-héros propulsé au milieu d’un monde qu’il ne reconnait plus. Stark n’est d’ailleurs plus un humain « lambda », ni même un sorcier lambda, son corps exposé à onze années de tourments infernaux ayant quelque peu évolué…

  Vous l’aurez deviné, j’ai adoré le personnage de Stark ! De son physique (le corps couturé de cicatrices, le long manteau en cuir), à son humour pince-sans-rire et à sa propension à se jeter tête la première dans les guets-apens (et advienne que pourra !). Un anti-héros qui dépote vraiment, par son caractère entier. Les personnages secondaires sont tout aussi truculents. Entre le vieil alchimiste Vidocq (petit clin d’œil au personnage français), la « Jade » Candy, sorte de vampire à la Kadrey et le mystérieux docteur Kinski, tous ont du charisme à revendre. Et les influences et autres références, qui sont légion, nous font parfois franchement sourire, voire rire ( Cherry Moon, la gothic lolita sailor moonesque vaut son pesant de cacahuètes !) Même les loosers possèdent du charisme à revendre et tout ce petit monde ajoute du piquant à un roman qui n’en manque déjà pas.

  Entre deux jurons et autres répliques croustillantes, Richard Kadrey fait progresser son histoire de vengeance avec superbe. On pourra reprocher le manque de profondeur de l’intrigue (l’histoire d’une vengeance, rien de bien nouveau sous le soleil), mais le tout ne manque ni de péripéties, ni de révélations et la narration progresse crescendo jusqu’au final en apothéose avec l’apparition de Satan lui-même (qui fait une arrivée et une sortie de grande classe !). Anges, démons, sorciers et j’en passe, chacun œuvre pour son propre intérêt et Stark se fait entrainer dans un complot qui le dépasse. Même s’il voudrait ne se préoccuper que de sa pomme, on sent qu’il possède des valeurs qui le font plonger tête la première dans les emmerdes.

  Le scénario est très cinématographique (ça ferait d’ailleurs un superbe blockbuster) et en met plein la vue. Entre scènes sanglantes, tête coupée qui parle et autres joyeusetés, je vous mets au défi de vous ennuyer une seconde en compagnie de Sandman Slim. L’auteur reprend les grandes fondations de la religion catholique, y rajoute une pincée de délires personnels (les Kissis) et sauce le tout avec les mythes fantastiques, ce qui donne une atmosphère unique qui emprunte beaucoup au rythme des western spaghetti où les héros placent des bons mots tout en enchainant les scènes de carnage. En gros, ça en jette et son héros se paye le luxe d’avoir la classe tout en zigouillant à tour de bras. Sans compter les petites touches d’humour, çà et là, qui ont fini de m’achever (Ah ! la scène de fin !). Je me jetterai sur le tome 2 sans hésiter. Long live Sandman Slim !

Verdict : Nuit blanche

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