Archives de Tag: Mythologie

Jeanne-A. DEBATS – Testament, tome 2 : Alouettes

testament 2Illustration de couverture : Damien Worm
Date de parution : 31/03/2016
Editions : ActuSF
Collection : Les 3 souhaits
ISBN : 978-2-36629-803-1
Nbr de pages : 438
Prix constaté : 19€

Résumé :
Je m’appelle Agnès, et je suis orpheline. Ah ! Et sorcière, aussi. Mon oncle m’a engagée dans son étude notariale. Ne croyez pas que le job soit ennuyeux, en fait, ce serait plutôt le contraire. En ce moment, tout l’AlterMonde est en émoi à cause d’une épidémie de Roméo et Juliette. Imaginez : des zombies tombant amoureux de licornes, des vampires roucoulant avec des kitsune, des sirènes jurant un amour éternel à des garous. Et tout ce beau monde défile dans notre étude pour se passer la bague au doigt. Mais la situation commence à sérieusement agacer les hautes autorités. Et comme l’AlterMonde n’est pas Vérone, à nous de faire en sorte que cette fois l’histoire ne se termine pas dans un bain de sang…

Impressions :
Quel plaisir de retrouver Agnès dans ce second tome de Testament, avec sa gouaille, ses sentiments ambivalents envers le beau Navarre et son travail pas de tout repos au cabinet de notaire de son oncle ! Une héroïne qui me plait parce que ce n’est ni une cruche, ni une badass. Elle a ses failles, son franc-parler, et sait si bien être indécise quand il est question de la gente masculine. Sans compter que l’auteure la fait se débattre dans ce nouveau tome avec ses problèmes de poids et que du coup, on s’éloigne de l’héroïne super sexy que l’on voit partout, c’est assez rafraichissant.

  L’intrigue gravite autour d’un artefact un peu… spécial dirons-nous, qui fait tomber les membres inter-espèces amoureux à la manière de Roméo et Juliette (lutte de clans et tutti quanti) et du coup le karma s’en mêle. Je salue l’imagination de l’auteure ainsi que son sens de l’humour, il fallait oser quand même ! Entre le panthéon des dieux et autres créatures fantastiques visitées et le côté technologique et moderne du club où se connectent nos amants maudits en puissance, on peut dire qu’Alouettes est le récit d’urban fantasy par excellence. Du sexe, oui, mais tourné en dérision avec malice par l’auteure. Le mix de tout ce bestiaire fantastique (kitsune, satyre, kère…), quel que soit leur origine, fonctionne vraiment bien, les pages défilent à une allure folle !

  Si l’intrigue est rondement menée et nous tient parfaitement en haleine, c’est surtout la plume de Jeanne-A Debats (et le langage cash de ses personnages) qui me plait. La propension d’Agnès à user de métaphores et autres comparaisons pour décrire le monde qui l’entoure, est ce qui, selon moi, fait l’identité de ce cycle. Il n’y a qu’à lire la manière dont elle décrit son oncle au caractère calme en apparence mais explosif si on le cherche, pour se payer des tranches de rire. L’auteure manie la langue française avec beaucoup de verve mais aussi beaucoup d’érudition je trouve, c’est un vrai régal à lire ! Et bien sûr le mystérieux Navarre et sa relation ambiguë avec notre héroïne n’est pas pour me déplaire ! Agnès finira-t-elle pas succomber ? J’ai hâte de le découvrir dans le troisième (et dernier normalement) tome du cycle de « Testament ».

Verdict : Avec les honneurs

rock

Joanne HARRIS – L’évangile de Loki

lokiTitre original : The Gospel of Loki (2014)
Date de paruion : 04/02/2015
Editions : Panini
Collection : Eclipse
ISBN : 978-2-8094-4667-8
Nbr de pages : 398
Prix constaté : 23€

Résumé :
L’ascension et la chute des dieux nordiques du point de vue du plus grand des tricheurs et des menteurs, Loki : sa naissance au royaume des Géants, sa place en Asgard, ses nombreux exploits au nom d’Odin, sa chute et sa trahison. Loki, c’est moi. Loki, le porteur de lumière, bel homme, modeste et insaisissable, héros incompris de ce tissu de mensonges. Lisez cela avec prudence, tout y est au moins aussi vrai que la version officielle, et, j’ose le dire, bien plus divertissant. Jusque-là, l’histoire, telle qu’on la connaît, m’a réservé un rôle assez peu flatteur. Mais désormais, c’est à mon tour d’entrer en scène. À moi de raconter !

Impressions :
Si la mythologie nordique n’a plus de secrets pour vous et que vous êtes enchanté par la description virile d’un Thor cinématographique, le roman de Joanne Harris pourrait bien vous étonner. Ce que l’auteure nous propose dans « L’évangile de Loki », c’est la version revue et corrigée de l’histoire des Dieux scandinaves, narrée par le plus fourbe des dieux, à savoir Loki, le père des mensonges. Oui, le fameux méchant aux cheveux gominés que l’on présente fièrement dans les films revêt ici un aspect bien plus séduisant, plus sournois et osons le dire bien plus truculent que tout ce que l’on avait pu voir jusqu’à maintenant. La version du Loki de Joanne Harris est juste parfaite parce qu’il est l’archétype même de l’anti-héros comme je me l’imagine !

  Dès les premières pages, le narrateur annonce la couleur : il va nous raconter « sa » version, « son » point de vue, très différent de celui donné par les autres dieux de l’Asgard. On s’attend donc à quelque chose de beaucoup plus biaisé mais aussi de beaucoup plus cash, vu que Loki n’a pas peur du ridicule. Et s’il s’arroge le droit de glisser un petit mensonge de-ci de-là ou qu’il se permet quelques largeurs avec l’Histoire, qu’importe, au moins il le reconnait. Le roman de Joanne Harris prend complètement à contre-pied les mythes de l’Asgard et fait fi de la magnificence des dieux pour mieux tourner en ridicule son panthéon, et dieu que c‘est jubilatoire ! On rit du bagout de Loki qui est un conteur hors pair et nous charme avec ces histoires toutes plus farfelues les unes que les autres. La narration choisie est l’exercice parfait pour ça, Loki s’adressant à nous comme s’il nous mettait dans la confidence des secrets de ses pairs.

  Les personnages parlons-en, n’ont plus rien d’imposant. Thor devient un butor stupide, Balder est un poseur naïf, Freyja une sorcière matérialiste, etc. Loki nous présente tout ce petit monde avec une verve implacable et un ton mordant que ne renierait pas Tatie Danielle ! J’ai beaucoup ri lors de certaines anecdotes. Finalement Loki est bien le seul à tirer son épingle du jeu. Malgré son récit à la Calimero (les autres dieux le détestent et pour cause !), celui-ci se donne le beau rôle et on en vient presque à le plaindre malgré ses mauvais tours. Les chapitres, qui débutent par un incipit sous forme de leçons, sont dynamiques, narrés dans un style railleur très inspiré, Loki étant plutôt loquace quand il s’agit de se dédouaner. Du tout bon !

  En bref, un anti-héros sournois et qui a du répondant, capable de se sortir de n’importe quelle situation sans y laisser des plumes… Quoique ! Un récit mordant et drôle, qui se moque des dieux de la mythologie nordique (à la trappe la sexytude de Thor !). Divertissant !

Verdict : Avec les honneurs

rock

Orson Scott CARD – Les mages de Westil, tome 2 : Le voleur de portes

westil 2Titre original : Mither Mages, book 2: The Gate Thief (2013)
Date de parution : 20/03/14
Editions : L’Atalante
Collection : La dentelle du cygne
ISBN : 978-2-84172-665-3
Nbr de pages : 400
Prix constaté : 21€

Résumé :
Cet adolescent a les pouvoirs d’un dieu, mais les dieux eux-mêmes sont menacés de possession.
Depuis qu’il a dérobé les portes de Loki, Danny North est le plus puissant portemage de deux mondes, le nôtre et celui de Westil.
Ce qui ne fait pas de lui le plus heureux des lycéens : les dieux exilés sur Terre le traquent toujours pour le circonvenir ou le tuer, et Danny se demande à présent s’il n’a pas commis une terrible erreur en ouvrant sa grande porte entre les mondes… Car, en s’emparant des pouvoirs de Loki, il s’est aussi chargé de terribles responsabilités en toute ignorance.
Sur Westil, Boulette, alias Loki, en est bien conscient. Et, tandis qu’il se débat avec une reine perfide, une maîtresse éconduite et des intrigues de succession, il doit faire la paix avec Danny. Parce que, avant qu’il ne soit trop tard, il faut à tout prix lui apprendre pourquoi les portes avaient été fermées et quelle menace les belmages font peser sur les mondes.

Impressions :
Après un premier tome des plus sympathiques mettant en scène des dieux nordiques déchus un peu ploucs sur les bords, Orson Scott Card nous revient avec un tome de transition qui continue sur sa lancée, en apportant quelques nouvelles pistes. Si l’on retrouve l’humour du premier tome, l’auteur n’oublie pas pour autant le caractère manipulateur et perfide de ces dieux, qui ne reculent devant rien pour obtenir plus de pouvoir ou écraser leurs ennemis. Au milieu de cette lutte de pouvoir des familles, Danny, notre jeune héros, comprend peu à peu qu’il ne pourra pas éternellement profiter d’une vie d’ado « normal ». Comme toujours, les interactions entre les amis somnifrères de Danny et lui-même sont vivantes et drôles, bien que parfois un peu lourd dans le genre ado en rut. On retrouve le même travers que dans le premier tome. Certaines boutades sont drôles et les dialogues du tac-au-tac amènent une bonne dose de dynamisme dans un tome un peu lent à se développer, mais l’auteur rajoute toujours la couche de trop et l’humour devient pesant parfois.

  Si ce second tome sert de transition dans la trilogie et que les scènes d’action ne se bousculent pas au portillon, Orson Scott Card en profite pour faire évoluer les relations entre les personnages et nous apporter des précisions sur le fonctionnement de la magie westilienne et sur le grand méchant de l’histoire. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur les homomages, sur le système de la portomagerie et sur les objectifs de Loki. Le mélange de diverses religions et mythes donne quelque chose de touffu et intéressant bien que parfois un peu nébuleux à saisir. Nul doute que l’auteur éclaircira certains points dans le troisième et dernier tome. Notamment sur Bel et les Sutahites, sur Westil et les différentes mageries. La genèse des portes, leur manière de fonctionner et leurs réels pouvoirs promettent de bonnes choses pour le dernier tome.

  L’auteur se concentre également sur le développement des liens entre les personnages, qui se resserrent ou se brisent, le jeu des chaises musicales prenant de l’ampleur. L’introduction de nouveaux personnages clés et la mise en place de nouvelles alliances revêtent une importance capitale, les inimités étant de plus en plus évidentes. Entre les trahisons des amis et les complots ourdis qui se retournent contre les comploteurs, « Le voleur de portes » réussit à retenir notre attention malgré un démarrage plutôt lent.

  De plus, Orson Scott Card prend toujours soin des états d’âme de ses personnages et de leurs revirements. Entre un Danny qui se rend compte qu’il doit protéger beaucoup de monde, que son pire ennemi n’est pas celui qu’il croyait et les émois pubères qu’il ressent devant ce parterre de jolies filles qui se jettent à ses pieds, l’auteur ne ménage pas beaucoup son héros. Personnellement, le choix de Card de rendre Danny irrésistible aux yeux de la gent féminin juste parce que c’est un dieu puissant, je ne l’ai pas trouvé judicieux. Certes, comme l’auteur l’explique dans la postface, la mythologie est remplie de couples incertains et de naissances étonnantes, mais il n’est jamais dit que les humaines se pâmaient toutes pour les dieux, bien au contraire. Les ¾ des naissances ont eu lieu après que le dieu ait, d’une manière ou d’autre, dupée ou forcée l’humaine en question… Donc, bon. C’est un peu sexiste cette histoire. La fin du tome, un peu trop vite expédiée, m’a semblé un peu bizarre, comme si l’auteur ne savait pas comment conclure ce tome. Une réécriture plus ample n’aurait pas été du luxe. J’espère un final qui saura corriger les quelques défauts de ce sympathique cycle.

  En bref, un second tome qui prend ses marques et sert de transition en mettant l’accent sur l’évolution des relations entre les personnages et sur le développement de l’univers. L’humour est toujours présent, bien qu’il soit parfois un peu too much, et rend l’ensemble dynamique. Un tome un peu lent et nébuleux dans ses explications mais toujours sympathique !

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

 

Jeanne FAIVRE D’ARCIER – L’opéra macabre

opéra macabreIllustration de couverture : Anne-Claire Payet
Date de parution : 12/07/2013
Edition : Bragelonne
ISBN : 978-2-35294-691-5
Nbr de pages : 525
Prix constaté : 25€

Résumé :
On a beau être vampire,on n’en est pas moins femme…

Des maisons closes d’Alger aux dédales de Bombay, des ruelles sombres de Séville aux bûchers funéraires de Bénarès, les créatures de la nuit ne cessent d’envoûter les humains qui croisent leur route. Mais aujourd’hui comme hier, Carmilla, la sublime danseuse de flamenco vampire, ou Mâra, la Déesse écarlate, qui fut l’amante du Prince des Démons avant de devenir la favorite de nombreux maharadjahs, restent femmes jusqu’au bout des ongles : leurs passions et leurs vengeances sont implacables, surtout lorsqu’elles se piquent d’aimer des tueurs de vampires ou d’exterminer les buveurs de sang assez fous pour les combattre.
Entre l’or rouge et la magie noire, la crasse des théâtres et les sortilèges des palais indiens, la guerre du sang s’annonce plus funeste que jamais…

Impression :
Parus originellement il y a plus de dix ans, les deux opus qui constituent « L’opéra macabre » de Jeanne Faivre D’Arcier nous reviennent dans une édition revue et corrigée par l’auteur, une « fausse » intégrale, la trilogie vampirique de l’auteur se concluant avec « Le dernier vampire » paru il y a peu chez Bragelonne. Nos amis aux dents longues étant dernièrement mangés à toutes les sauces, ce n’est pas tant cette thématique qui m’intéressait que l’action où se déroulent les deux romans : Inde, Europe de l’Est, Etats-Unis ainsi que les diverses époques historiques qui sont couvertes par les deux opus. C’était aussi l’occasion pour moi de découvrir une auteure et de lire un récit qui met les femmes à l’honneur. Loin des clichés de la bit-lit, avec des vampires sauvages, dominatrices et toutes puissantes. Bref, la figure originelle du vampire, cruel et manipulateur.

  Dans le premier roman « Rouge Flamenco », on suit les traces de Carmilla puis dans le second « La déesse écarlate » celle de Mâra. Les deux romans peuvent donc se lire indépendamment l’un de l’autre sans problème, les intrigues étant différentes, bien que le personnage de Mâra, introduit dans le premier roman, revienne au premier plan dans le second. Dans l’ensemble, je suis plutôt mitigée par cet opéra macabre, qui s’il m’a plu par certains côtés, souffre de travers qui freinent la lecture et l’immersion totale. Les différents lieux visités et autres nombreuses époques traversées sont l’un des points forts de « l’opéra ». L’auteure n’a pas son pareil pour nous décrire le faste des beaux quartiers comme la misère des bas-fonds. On navigue entre opulence et déchéance, entre un bordel miteux et un hôtel particulier. L’atmosphère rendue est très vivace, les odeurs, les textures et autres sensations nous étant décrites avec soin, au point que l’on se sent parfois poisseux, parfois grisé en compagnie de nos deux héroïnes. J’ai particulièrement apprécié cet aspect.

  Entre Séville, Bombay ou Alger, l’auteur nous emmène sur les traces de sa représentation de la femme fatale. Vengeresse, impitoyable, que seul l’Amour peut faire plier. Les références sont nombreuses et donnent un certain cachet aux récits. On pense à Sheridan Le Fanu et sa Carmilla, à Carmen de Mérimée, tsigane flamboyante et inflexible, à Dracula de Bram Stocker et son personnage de Jonathan qui revêt ici plus de profondeur. L’opéra macabre emprunte également à la mythologie hindoue et la religion védique. L’intrigue de « La déesse écarlate » baigne dans une aura de mysticisme qui peut étonner concernant les vampires, mais après tout pourquoi pas ? Kali, la déesse destructrice représente plutôt bien nos deux (im)mortelles héroïnes.

  Néanmoins, il faut reconnaitre que les deux opus souffrent de langueurs et d’un manque de clarté certain. « Rouge flamenco » est le récit d’une vengeance ainsi que l’autobiographie de Carmilla. Les lieux et époques sont brassés de manière nébuleuse, au point que l’on perd tous ses repères. L’utilisation du présent de l’indicatif n’est pas pour aider à la fluidité, j’ai trouvé ce choix plutôt maladroit. L’emploi d’un langage soutenu voire spécifique concourt à nous désorienter complétement. Certes c’est beau, la saveur de certaines phrases et autres envolées lyriques sont à saluer. Mais c’est aussi empesé, indolent et ça finit vite par devenir indigeste. Dommage, parce que du coup j’ai eu du mal à apprécier les personnages qui restent éloignés du lecteur et ne transmettent pas aussi bien leurs sentiments qu’une certain atmosphère…

Verdict : Roulette russe

roulette-russe

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Bragelonne que je remercie !

Marilou AZNAR – Lune mauve, tome 1 : La disparue

Lunemauve1Paru le : 06/03/2013
Editions : Casterman
ISBN : 978-2-203-06049-4
Nbr de pages : 415
Prix constaté : 15€

Résumé :
A la veille de ses 16 ans, Séléné Savel voit sa vie changer brutalement de cap. Son père, un universitaire excentrique avec lequel elle vit seule en Bretagne depuis la disparition mystérieuse de sa mère Iris, six ans auparavant, l’envoie à Paris pour y entrer en seconde au prestigieux lycée Darcourt. Froidement accueillie par sa cousine Alexia qui règne sur l’établissement, pas en phase avec les codes de ce nouvel environnement très snob, la jeune fille désespère.
Elle ne trouve un certain réconfort que dans la compagnie de deux garçons très dissemblables : Thomas, un jeune musicien plein d’humour qui n’est manifestement pas insensible à son charme, et surtout Laszlo, bel étudiant trouble et ténébreux, dont elle va devenir passionnément amoureuse. Mais simultanément, Séléné voit son quotidien envahi par des visions étranges, des cauchemars, des événements troublants.
Amenée à enquêter sur le mystère de sa mère disparue, la jeune fille va peu à peu découvrir que celle-ci venait d’ailleurs, d’un monde parallèle où une ancienne civilisation mésopotamienne s’est perpétuée, sous l’influence d’une lune intelligente adorée comme une divinité. Les événements dramatiques qui s’enchaînent à la faveur de cette série de découvertes vont bouleverser à tout jamais l’existence de Séléné.

Ce que j’en ai pensé :
Premier roman d’une jeune auteur française qui signe là le premier tome d’une trilogie young adult, « Lune mauve » revisite les maux de l’adolescence avec candeur et sensibilité. La touche fantastique, légère, ne prend cependant pas beaucoup le pas sur l’intrigue, ce qui m’a pas mal frustrée, je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus développé. Au contraire, ici, on ne rentre jamais de pleins pieds dans ce monde imaginé, l’aspect fantastique venant plutôt apporter un vent de mystère sans réellement servir de support au récit. Dommage, car j’en suis ressortie avec l’impression que cette histoire de lune n’était qu’une sorte de faire-valoir et j’ai été déçue de ne pas en apprendre plus sur ce monde. Néanmoins, petit à petit, le roman bascule dans une ambiance irréelle, mâtinée de mythologie. Ne riez pas, mais le mythe de Séléné m’a rappelé le manga Sailor Moon (oui, bon, chacun ses références !).

  Les affres de l’adolescence sont, par contre, très bien restituées, et on retrouve vite ses marques dans cet univers belliqueux (si, si!). De la difficulté à se faire accepter par ses pairs, les premiers émois amoureux, l’appartenance à un « groupe », cette envie irrépressible de rentrer dans un moule, de suivre le troupeau… Ça ne vous rappelle rien ? J’ai trouvé que Marilou Aznar nous offrait un récit d’une grande authenticité à ce niveau-là, rien ne semblant surjoué ou artificiel. Si ce n’était qu’un roman contemporain sans aucun élément de fantastique, j’aurai trouvé qu’il remplissait parfaitement son office. Le comportement de l’adolescente m’a quand même un peu agacé à ne pas se poser plus de questions sur les événements étranges qui l’entourent, et advienne que pourra. Je l’ai trouvé très passive, à suivre son quotidien et à plus s’intéresser à l’éphèbe de passage qu’autre chose. Quelques incohérences sont également à noter (par exemple quand Séléné explique que son père, anti-technologie, accepte finalement, contraint et forcé, de lui acheter un pc avec le wifi pour l’école, puis quelque temps plus tard, elle nous sort un ipod… Idem pour le maquillage).

  Bref, au vu des avis très positifs que j’avais lu sur « Lune mauve », je suis ressortie de ma lecture déçue par un récit qui ne décolle jamais vraiment, et qui m’a semblé trop mélancolique.

Verdict : Roulette Russe

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