Date de parution : 12/03/2015
Editions : Points
Collection : Grands romans
ISBN : 978-2-7578-4899-9
Nbr de pages : 567
Prix constaté : 8.80€
Résumé :
Chine, 1721. Daiyu, dix-sept ans, est accueillie à Pékin au sein de la famille de sa mère, les Jia, des aristocrates liés à la maison impériale. Amours illicites, règles hiérarchiques strictes, meurtre et coup d’Etat, la vie à la cours a de quoi déconcerter la jeune provinciale. D’autant plus quand les événements précipitent la chute de la famille Jia, qui passe de l’opulence à la misère.
Impressions :
Avec « Dans le pavillon rouge », Pauline Chen a voulu rendre hommage à un ouvrage paru en Chine au 18ème siècle, récit qui s’étirait sur plus de 2500 pages et que l’auteure a cherché ici à condenser et à réinterpréter. Je ne connaissais pas le roman originel de Cao Xueqin mais je suis ravie d’avoir découvert l’histoire de la famille Jia, qui nous offre un aperçu de la vie contraignante dans une grande maisonnée à l’époque Qing. C’est une peinture des mœurs captivante, un ballet où l’on voit parents proches et éloignés, serviteurs, concubines, ancienne et nouvelle génération se confronter, pour mieux redéfinir les rôles qui leur incombent. Un roman captivant, qui malgré ses presque 600 pages ne m’a pas ennuyé un instant. Bienvenue dans le palais de Rongguo !
La grande force du roman de Pauline Chen, c’est de n’oublier personne quand il s’agit de montrer le quotidien de l’époque. Petit personnel comme fonctionnaire, chacun y trouve sa voix car les relations entre maitres et serviteurs étaient parfois bien ténus. Il n’était pas rare de voir une servante appréciée s’élever au rang de concubine, tant que son niveau d’éducation ne laissait pas trop à désirer. On pourrait croire que la position privilégiée de successeur ou de première épouse serait la plus envieuse, mais à lire « Dans le pavillon rouge », on se rend vite compte qu’il n’en est rien. Chaque position dans la hiérarchie amène son lot d’obligations et de contraintes, que l’on soit une femme mariée ou un fils ainé. Cette ambiguïté des rapports qui reposent sur un sens du devoir préétabli peut vite voler en éclats.
Pauline Chen passe du temps à polir ses personnages, leurs motivations, leurs espoirs, leurs désirs profonds. Les relations entre les personnages sont au cœur de ce roman et les rapports de force entre les différentes parties changent régulièrement. C’est passionnant de voir tout ce petit monde se démener pour respecter les convenances ou les briser selon leurs envies. Le personnage de Xifeng, qui est mis en exergue dans une grande partie du roman est complexe et changeant et sa destinée m’a beaucoup remuée. De première épouse et responsable de la gestion du palais, elle finira humiliée puis abandonnée de tous. Il est consternant de constater que l’intérêt d’une personne réside dans son statut et que vous êtes apprécié et respecté selon ce que vous pouvez apporter aux autres.
L’auteure nous dépeint ainsi la condition féminine de l’époque, que l’on soit première épouse, douairière, concubine, fille ainée ou servante. Et s’il y a bien un trait qui ressort de tout ça, c’est qu’une femme n’avait pas son mot à dire à l’époque et était au mieux un oiseau en cage prié d’obéir à ses parents, puis à son mari, à son fils ou à ses maitres. L’autre intérêt du roman réside dans la reconstitution minutieuse de l’époque, avec son contexte historique changeant, ses rituels et ses superstitions. La seconde partie du récit qui montre que la renommée d’une maison dépend aussi du pouvoir politique en place est très finement menée. Un vrai coup de pied dans la fourmilière qui change les rôles. Pauline Chen ne nous laisse pas sur notre faim et nous emmène aux côtés de ses personnages jusqu’à la fin, dans un épilogue qui montre bien que le bonheur ne réside pas forcément dans l’opulence.
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