Archives de Tag: Robin Hobb

Robin HOBB – Ki et Vandien, intégrale

Ki&vandienTitre original : The Windsingers, omnibus (2002)
Illustration de couverture : Alain Brion
Date de parution : 16/08/12
Editeur : Mnémos
Collection : Icares
ISBN : 978-2-35408-141-6
Nb. de pages : 845
Prix constaté : 28€

Résumé :
Les Harpies vouent à Ki, une jeune romni, une haine sans merci depuis qu’elle a détruit un nid de ces monstrueuses créatures dans un acte de vengeance désespérée. Endeuillée et seule, Ki doit pourtant reprendre la route avec sa roulotte. Ella a accepté, pour une grosse somme d’argent, de transporter un colis au travers des montagnes enneigées réputées infranchissables. En chemin, elle rencontre Vandien, jeune voleur et personnage étonnant qui l’accompagnera dans un périple semé d’embûches, et l’aidera à comprendre ce qui se trame derrière cette mystérieuse mission…

Ce que j’en ai pensé :
Cette énorme intégrale de près de 900 pages regroupe les quatre tomes du cycle de Ki et Vandien, une des œuvres de jeunesse de Robin Hobb. Le premier qu’elle ait écrit d’ailleurs, puisque le premier tome date de 1982 ! Somme toute, le cycle a bien vieilli, même si l’on sent que l’auteur n’était pas encore au top de la maitrise de son récit. On retrouve donc quelques petites maladresses çà et là, une narration qui saute d’un moment du passé au présent de manière un peu abrupte, rien de bien méchant. On aurait d’ailleurs tort de comparer ce cycle à celui des « Aventuriers de la mer » ou de « L’assassin royal » l’auteur ayant beaucoup progressé dans son style et sa maestria depuis. Ce qui est logique.

  L’intrigue reste conventionnelle mais plaisante, avec juste ce qu’il faut de mystères et de rebondissements. Si dans le premier tome, on ne sent pas encore où l’auteur veut nous emmener, le fil rouge ne se déroulant pas complètement, les tomes suivants deviennent plus palpitants et gagnent en profondeur. Le monde imaginé par Robin Hobb est intrigant avec son choc des cultures, ses paysages grandioses et ses harpies plus « humaines » qu’il n’y parait. En somme, l’auteur pose les bases de son récit en plaçant progressivement une pierre angulaire çà et là. Mais sans jamais aller au fond des choses, ce qui est un peu dommage. Il y a tout de même de quoi se mettre sous la dent avec les coutumes abordées, le voyage entrepris par Ki et Vandien, qui pour une fois n’a rien d’initiatique, mais permet plutôt au duo de s’appréhender.

  Et c’est sans surprise là où l’auteur excelle et où ce cyle prend toute son ampleur : dans la dynamique du tandem Ki et Vandien. De personnalités parfaitement opposés, nos deux héros sont le moteur qui fait fonctionner l’intrigue. On les voit évoluer, se rapprocher puis se clasher pour mieux sonder leur relation. Hauts en couleur et indépendants, les deux protagonistes sont des plus réussis. Ki, mature et grave, aura bien du mal à s’ouvrir à Vandien après le drame qu’elle a vécu, et celui-ci n’hésitera pas à la remettre régulièrement à sa place. Leurs rapports sont très réalistes et les diverses rencontres qu’ils feront durant leur périple ajoutera du sel à leur relation. On peut d’ailleurs dire en toute honnêteté que ce couple improbable prend, plus souvent qu’à son tour, le pas sur l’intrigue. Il faut avouer que Robin Hobb met un point d’honneur à nous faire pénétrer les pensées les plus intimes du duo, notamment dans le troisième tome qui va à contre-courant des autres tomes… La fin du cycle, si elle reste convenue, n’en est pas moins satisfaisante et on quitte Ki et Vandien à regret.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Robin HOBB – Le peuple des rennes, intégrale

le-peuple-des-rennesTitre vo : A Saga of the Reindeer People, omnibus (1988)
Broché paru le 03/05/2012
Editeur : Le Pré aux Clercs
Collection : Fantasy
ISBN-10: 284228495X
Nbr de pages : 694
Prix constaté : 29.90€

Résumé :
Dans un univers désolé ou le froid et la nuit règnent en maîtres, une femme hors du commun, Tillu la guérisseuse, se bat pour protéger son fils, l’inquiétant Kerleu. Fuyant le chaman Carp qui désire lui voler son fils pour en faire son apprenti, elle s’installe loin des hommes, à l’écart, bien décider à aider son jeune Kerleu à devenir un homme. Jusqu’au jour où elle aperçoit deux chasseurs dans le vallon. La chasse tourne mal, l’un deux est blessé. Comprenant vite que sans son aide, il risque de mourir, Tillu n’a d’autres choix que d’aller le sauver et de les héberger pour la nuit. Elle apprend qu’ils appartiennent à une tribu, installée non loin de là : le peuple des rennes. Megan Lindholm, avec son immense talent, nous fait vivre, jusqu’au dénouement final, les aventures d’une mère et de son fils dans un univers primitif et hostile dominé par les hommes.

Ce que j’en ai pensé :
En tant que fan de Robin Hobb, je ne pouvais pas faire l’impasse sur la réédition dans son intégralité d’une de ses œuvres « de jeunesse », écrite sous son autre nom de plume qu’elle n’utilise plus guère, et qui était destiné à ces plus jeunes lecteurs. Bien que datant de 1988, « Le peuple des rennes » n’a pas à rougir de ses successeurs et on y retrouve les thèmes chers à l’auteur et les mêmes qualités qui feront sa marque de fabrique. Certes, on ne retrouvera pas ici trace de la complexité des diverses intrigues entrelacés de ses futurs romans, mais on aurait tort de bouder notre plaisir en faisant la comparaison.

  Les personnages, comme toujours chez la dame, sont fouillés, attachants, et occupent une place vraiment importante dans la trame. Je dirai même que ceux-ci sont le fer de lance de l’intrigue à plus d’un titre. Robin Hobb prend particulièrement soin de creuser la personnalité de chaque protagoniste, qu’il soit principal ou secondaire. D’ailleurs, on ne retrouvera pas une pointe de manichéisme entre gentils et méchants, les travers de certains nous rendant d’autres plus sympathiques. Le récit fait la part belle aux sentiments, aux relations familiales et aux notions d’individualité opposés au sens du devoir envers le clan. L’auteure construit une histoire solide tout en peaufinant les relations entre les personnages qui prennent vie sous nos yeux. Le chemin de croix de Killu qui éprouve des sentiments conflictuels envers son fils déficient nous prend aux tripes et nous emmène tout au long de cette intégrale. Encore une fois, il est aisé de s’attacher à la destinée de cette mère et de son fils, qui se battent pour survivre dans un monde hostile à tout ce qui ne rentre pas dans la norme.

  L’autre particularité principale de l’œuvre est la présence du chamanisme, qui empreint ce dyptique d’une aura mystique, de pureté et de communion avec la nature et ses habitants. On pourrait penser que la période Préhistorique rendrait l’atmosphère rustique, il n’en ait rien. Tout est à l’état sauvage, les paysages pas encore souillés par la main de l’Homme. Robin Hobb excelle dans les descriptions du panorama traversé par Killu et son fils. L’ambiance glaciale de la montagne et la beauté de la nature inhospitalière est très bien restituée. Les petites rivalités, les rancunes solides, le sens de la famille et l’appartenance au clan, tout est parfaitement rendu, avec soin et authenticité. Enfin, une dernière remarque sur la plume de Robin Hobb, comme toujours sensible, et qui sait si bien mettre en scène les sentiments qui bouleversent ses personnages (et le lecteur par la même occasion).

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche