Archives de Tag: Sandrine Collette

Sandrine COLLETTE – Il reste la poussière

il reste la poussièreDate de parution : 25/01/2016
Editions : Denoël
Collection : Sueurs Froides
ISBN : 978-2-207-13256-2
Nbr de pages : 302
Prix constaté : 19.90€

Résumé :
Patagonie. Dans la steppe balayée de vents glacés, un tout petit garçon est poursuivi par trois cavaliers. Rattrapé, lancé de l’un à l’autre dans une course folle, il est jeté dans un buisson d’épineux.
Cet enfant, c’est Rafael, et les bourreaux sont ses frères aînés. Leur mère ne dit rien, murée dans un silence hostile depuis cette terrible nuit où leur ivrogne de père l’a frappée une fois de trop. Elle mène ses fils et son élevage d’une main inflexible, écrasant ses garçons de son indifférence. Alors, incroyablement seul, Rafael se réfugie auprès de son cheval et de son chien.
Dans ce monde qui meurt, où les petits élevages sont remplacés par d’immenses domaines, l’espoir semble hors de portée. Et pourtant, un jour, quelque chose va changer. Rafael parviendra-t-il à desserrer l’étau de terreur et de violence qui l’enchaîne à cette famille?

Impressions :
Le dernier roman de Sandrine Collette est un thriller désespéré, sans concessions, qui joue avec l’âme humaine dans tout ce qu’elle a de plus abjecte. A l’image de cette image de couverture, de ce désert aride où rien ne pousse, l’auteure ne semble rien attendre de ses personnages dont il ne sort rien de bon. Au beau milieu de la steppe patagonienne, vit une famille que seuls lient les liens du sang. D’amour point. Ni même une infime trace de tendresse. Se serrer les coudes face à l’adversité ? Plutôt dire trainer ses proches dans la même fosse à purin. A l’instar de la mère qui si elle n’est pas heureuse, ne veut pas que les autres le soient non plus. Même s’il s’agit de ses fils. Surtout s’il s’agit de ses fils…

  Dans « Il reste la poussière », on retrouve cette noirceur que j’avais tant apprécié dans « Des nœuds d’acier ». C’est un roman sombre, pesant, à l’atmosphère étouffante et poussiéreuse. Un petit air de western, une grande part de tension psychologique avec des personnages poussés dans leurs retranchements. On suit la fratrie la peur au ventre, une boule d’angoisse dans la gorge, se demandant à chaque instant comment tout cela va finir. Sandrine Collette réussit à merveille à nous happer dans cette steppe stérile. Le suspense est tiré au cordeau. Chaque petit événement vient nous oppresser un peu plus encore. Jusqu’au dénouement final.

  Des personnages finalement, on en sait si peu. Mais l’auteure nous dévoile leurs pensées les plus profondes, leurs peurs, leurs attentes. Juste ce qu’il faut pour tendre un suspense psychologique effrayant. Certains passages et certaines descriptions sont brutales, mieux vaut ne pas débuter ce roman dans un moment de déprime. Entre les coups et le mépris constant, on se demande comment Rafael le petit dernier réussit à garder espoir. Car oui, il y a bien une petite étincelle de vie au beau milieu de cette fureur. L’espoir d’un geste de tendresse, d’un regard de reconnaissance ou d’une parole de réconfort. Qui se verra récompensé d’une drôle de manière. Bref, un récit âpre, cruel même mais qui ne laisse pas indifférent.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Sandrine COLLETTE – Six fourmis blanches

6-fourmis-blanchesDate de parution : 22/01/2015
Editions : Denoël
Collection : Sueurs Froides
ISBN : 978-2-207-12436-9
Nbr de pages : 276
Prix constaté : 19.90€

Résumé :
Le mal rôde depuis toujours dans ces montagnes maudites. Parviendront-ils à lui échapper? Dressé sur un sommet aride et glacé, un homme à la haute stature s’apprête pour la cérémonie du sacrifice. Très loin au-dessous de lui, le village entier retient son souffle en le contemplant. À des kilomètres de là, partie pour trois jours de trek intense, Lou contemple les silhouettes qui marchent devant elle, ployées par l’effort. Leur cordée a l’air si fragile dans ce paysage vertigineux. On dirait six fourmis blanches… Lou l’ignore encore, mais dès demain ils ne seront plus que cinq. Égarés dans une effroyable tempête, terrifiés par la mort de leur compagnon, c’est pour leur propre survie qu’ils vont devoir lutter.

Impressions :
Après ma lecture enthousiaste des « Nœuds d’acier » de l’auteure, la publication du nouveau roman de Sandrine Collette ne pouvait que m’intriguer. Le pitch, qui promettait de belles heures d’angoisse, m’a convaincu de m’élancer à travers les cimes de ces montagnes maudites. Malheureusement, je n’ai pas du tout été convaincu par « Six fourmis blanches » qui, s’il tient ses promesses sur la tournure anxiogène de l’aventure, m’a semblé bancal et mal ficelé au final. Bien que l’on retrouve l’aspect sans concession avec lequel l’auteure aime jouer, nous usant les nerfs face aux tribulations de ses personnages, la mise en place du récit peine à convaincre. La faute à un double récit dont la fusion finale ne fonctionne pas du tout et qui ne m’a pas paru cohérente.

  Le récit est découpé en deux parties distinctes, les chapitres étant divisés de manière à donner voix au narrateur de chaque partie, alternativement. D’un côté Mathias, de l’autre Lou. Un chapitre, un personnage, un fil linéaire. Les chapitres alternent donc entre l’aventure en montagne des uns (Lou et son groupe de vacanciers partis pour un trekking en Albanie) et la vie au jour le jour d’un autochtone (Mathias avec la présentation de sa fonction très… spéciale au sein de son village). Pris séparément les deux récits se révèlent intéressants, bien que l’histoire de Mathias soit la plus prenante avec son mysticisme assumé qui nous fait froid dans le dos. Oui, il faut reconnaitre à Sandrine Collette cette facilité à percer les faiblesses humaines et à nous horrifier avec ses personnages âpres et hors-normes. Cette plongée au cœur des croyances anciennes des albanais est fascinante à plus d’un titre, dommage que l’auteure ne l’exploite pas complétement.

  Vers les deux tiers du récit, les deux fils conducteurs finissent enfin par se croiser et par se confondre en une seule trame principale. Problème, je n’y ai pas cru une seconde tant ça m’a paru boiteux, cette manière qu’avait de se rencontrer les personnages. Sous peine de spoiler, je ne peux malheureusement pas rentrer dans les détails mais j’ai trouvé que ça manquait de fond, les explications étant balancées vite fait, comme si l’auteure avait construit les deux récits à part puis s’était décidé de les mixer. Quel dommage ! Tout le potentiel du récit de Mathias avec son étrange don se retrouve plombé, de même que le caractère angoissant de son histoire, qui finit de manière abracadabrantesque. Bref, déçue par la tournure des événements malgré un récit initial de qualité.

Verdict : Roulette russeroulette-russe

Sandrine COLLETTE – Des noeuds d’acier

des-noeuds-d'acierEdition : Le livre de poche
Paru le : 03/02/2014
ISBN : 978-2-253-17601-5
Nbr de pages : 261
Prix constaté : 6.90€

Résumé :
Avril 2001. Dans la cave d’une ferme miteuse, un homme est enchaîné. Théo, quarante ans, a été capturé par deux vieillards qui veulent faire de lui leur esclave. Théo n’a pourtant rien d’une proie facile : athlétique et brutal, il sortait de prison quand ces deux vieux fous l’ont piégé au fond des bois. Les ennuis, il en a vu d’autres. Alors, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d’échapper à ses geôliers.

Impressions :
Alors que le nouveau roman de Sandrine Collette vient de sortir chez Denoël, son premier roman quant à lui, sort enfin en format poche chez Le livre de poche. Vu les bons échos que ce roman avait reçu et le résumé choc (un homme séquestré dans une cave par deux vieux qui l’utilisent comme animal de bât), j’étais très curieuse de découvrir cette auteure française. Et honnêtement pour un coup d’essai, Sandrine Collette s’en sort admirablement, le roman ne se résumant pas à une suite de scènes glauques. L’auteur ne fait pas l’impasse sur l’aspect psychologique et émotionnel de la situation, elle ne se cantonne pas à un seul aspect de l’histoire. Si elle avait tout misé sur la suite de tortures physiques et les humiliations que subissent Théo, on aurait certainement eu cette sensation de voyeurisme que certains récits engrangent. Mais l’auteur nous livre un roman complet, abouti. Certes, il y a du suspense, la tension allant crescendo tout au long du récit, mais il y a aussi une vraie charge émotionnelle qui nous prend aux tripes.

  Quelle maitrise pour un premier roman ! Sandrine Collette a trouvé la formule parfaite du thriller réussi. Du suspense, du sordide, de l’émotion, de l’ambiguïté… Parce que Théo est loin d’être un enfant de chœur et qu’on le découvre à contre-courant, avant cette épreuve, à sa sortie de prison. La manière dont on le rencontre, sa personnalité brute, le geste coléreux qu’il a eu envers son frère qui l’a conduit sur le chemin de sa perte, tout concourt à ne pas nous le rendre sympathique. La scène où il rend visite à son frère est choquante, on a vite fait de se faire une mauvaise opinion de lui. Puis, petit à petit, sa séquestration nous le révèle sous un jour nouveau. Au compte-goutte, il se livre. Sur sa relation avec son père, avec son frère, sur ce qui l’a construit. Face aux « vieux » sournois et sadiques, on se prend d’affection pour cet homme brisé, poussé au bord de l’abîme. La description de sa chute, de son renoncement est proprement bouleversante. Qu’est-ce qui est le pire ? Les coups ? Les vexations ? La déchéance ? Ou la capitulation ? Les deux derniers paragraphes du roman valent à eux seuls la lecture de ce thriller. Impossible de ne pas laisser l’émotion nous envahir à l’énoncé de ses quelques phrases, intenses. Bravo madame Colette !

Verdict : Avec les honneurs

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