Archives de Tag: Steampunk

Damien SNYERS – La stratégie des as

la stratégie des asIllustration de couverture : Dogan Oztel
Date de parution : 05/02/2016
Editions : ActuSF
ISBN : 978-2-36629-801-7
Nbr de pages : 244
Prix constaté : 18€ (version numérique : 5.99€)

Résumé :
Pour vivre, certains choisissent la facilité. Un boulot peinard, un quotidien pépère. Humains, elfes, demis… Tous les mêmes. Mais très peu pour moi. Alors quand on m’a proposé ce contrat juteux, je n’avais aucune raison de refuser. Même si je me doutais que ce n’était pas qu’une simple pierre précieuse à dérober. Même si le montant de la récompense était plus que louche. Même si le bracelet qu’on m’a gentiment offert de force risque bien de m’éparpiller dans toute la ville. Comme un bleu, j’ai sauté à pieds joints dans le piège. L’amour du risque, je vous dis. Enfin… c’est pas tout ça, mais j’ai une vie à sauver. La mienne.

Impressions :
Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas lu une histoire de voleurs en fantasy et « La stratégie des as » avec ses personnages hétéroclites me semblait une bonne pioche pour renouer avec ce genre que j’aime tant. Damien Snyers, nouveau venu dans la sphère littéraire, livre un récit complet qui brasse de nombreuses thématiques que l’on a peu l’habitude de voir en fantasy (voire pas du tout). Bien que « La stratégie des as » soit une aventure de bout en bout et joue sur l’aspect « souffle romanesque », il y est également fait mention de vieillesse, de maladie et de tolérance. Ce qui rend le récit très humain car malgré ses personnages fantastiques (troll, elfe, demi), on se sent proche de leurs soucis et de leur monde.

  Côté histoire, Damien Snyers nous livre un récit dans la plus pure tradition des maitres cambrioleurs avec la mise en scène du casse du siècle. Bon, peut-être rien d’aussi grandiose, la discrétion étant de mise ! Nos voleurs sont sensés dérober le rein d’Isis, un joyau très mystérieux, semant les morts sur son passage. Le récit se déroule de la préparation du casse à son aboutissement, tout n’allant bien sûr pas sur des roulettes. Si l’intrigue est sympathique bien que plutôt classique, la narration manque sérieusement de peps. Dans ce type de récit, il faut que tout aille vite, que les enchainements et les quiproquos se multiplient, or j’ai trouvé l’intrigue assez peu dynamique dans l’ensemble. Ce qui est plutôt étonnant, le récit se faisant à la première personne du singulier et qu’en général ce choix narratif apporte un certain élan au récit.

  L’univers développé mélange fantasy et steampunk mais reste malheureusement un peu trop en retrait tout au long de l’histoire. J’aurais aimé en apprendre plus sur ce XIXème siècle imaginaire, avec son contexte politique, social et géographique. La pluralité culturelle où trolls, elfes et humains se côtoient mais sans jamais se mélanger. On sent tout le potentiel de ce Nowy-Krakow, ce qui est d’autant plus dommage. Les personnages sont réussis et malgré leurs différences, se complètent joliment. Mon personnage préféré reste Jorg, le troll, qui malgré son air peu avenant cache un cœur d’or. Il reste une part d’ombre chez ce héros qui m’a beaucoup intrigué. James, malgré son statut de narrateur, ne m’a pas fait grande impression. Je l’aurais préféré plus gouailleur, un plus affirmé peut-être. L’humour, c’est vraiment ce qui m’a manqué dans ce roman. Il y en a bien quelques touches de-ci de-là mais ça reste discret.

  Bref, un premier roman sympathique avec une intrigue et une fin réussie mais qui manque de complexité et de peps. Les thèmes abordés sont le gros point fort du récit, preuve s’il en est besoin que la fantasy peut faire réfléchir. Des personnages agréables mais qui ne se démarquent pas vraiment (à part Jorg) et un humour que j’aurais aimé plus présent. Un auteur à suivre.

Verdict : Bonne pioche

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Didier GRAFFET & Xavier MAUMEJEAN – Steampunk : De vapeur et d’acier

steampunkIllustrations de Didier Graffet
Paru le : 10/10/2013
Edition : Le Pré aux Clercs
ISBN : 978-2-84228-530-2
Nbr de pages : 118
Prix constaté : 29€

Résumé :
Et si Jules Verne et H G Wells avaient décrit une réalité possible ? Imaginons que depuis l’Antiquité l’homme domine la machine. Le progrès serait arrivé bien plus tôt. Dans ce monde de découvertes et d’explorations, les rétronautes visitent le passé, et de gigantesques usines flottent dans le ciel. Un sinistre docteur se livre à des expériences biologiques sur son île, des traceurs aériens pistent Jack l’Eventreur.
Sans oublier les terribles envahisseurs venus de la planète Mars, le Colisée et ses courses d’unicycles ou Jesse James et son colt à capteur thermique. Bien d’autres merveilles appartiennent à ce théâtre mécanique. Pour la première fois, l’univers steampunk s’étend à travers l’espace et les temps.

Impressions :
Ce beau livre est une incitation au rêve et à l’imagination. L’auteur nous emmène sur les traces de personnages ou d’événements célèbres de notre Histoire -réels ou fictifs – dont le récit aurait pu être complètement différent s’il avait eu lieu dans un univers steampunk.

  A travers de courts paragraphes, Xavier Mauméjean invente une histoire alternative où la créativité n’a pas de limite et où tout peut arriver. A charge pour le lecteur d’ouvrir son esprit et de se laisser embarquer dans cet univers rétro-futuriste. On y retrouve le fameux hors-la-loi Ned Kelly, un Jack l’éventreur plus évasif que jamais mais aussi un Quasimodo un peu particulier… Autant d’événements et de références que l’on a plaisir à (re)découvrir.

  Les textes sont magnifiquement mis en scène par Didier Graffet, qui donne corps aux délires de Mauméjean. Tout y est question de rouages, de vaisseaux volants et de créatures hybrides sortis d’une imagination féconde. Les couleurs sont plutôt sombres et les jeux de lumière somptueux (notamment ceux qui illustrent « Métamorphosis » !) . Des illustrations splendides, visuellement fortes, qui malgré leur orientation SF font très réaliste.

  Bref, un régal pour les yeux et un joli voyage dans l’univers infini du steampunk.

Verdict : Avec les honneurs rock

Dru PAGLIASSOTTI – Icarus

IcarusIllustration de couverture : Marc Simonetti
Titre original : Clockwork heart (2008)
Paru le : 17/07/2013
Editions : Panini Books
Collection : Eclipse
ISBN : 9782809432077
Nbr de pages : 512
Prix constaté : 14€
Existe au format epub à 8.99€

Résumé :
Taya survole Ondinium grâce à ses ailes de métal. C’est une Icarus, une messagère qui circule d’un niveau à l’autre de la cité, en côtoyant librement les membres des différentes castes. Mais ce privilège a un prix : le danger ; particulièrement lorsqu’elle se trouve impliquée dans les intrigues de la cité, après avoir sauvé de la mort des membres d’une éminente famille. À son insu, son destin va se retrouver lié à celui des frères Forlore qui cachent de dangereux secrets.
Dans cette ville où la vie est rythmée par un cœur mécanique, mais également par les trahisons, la mort et les complots, Taya risque fort de s’y brûler les ailes.

Impressions :
Les éditions Eclipse, que l’on avait craint voir disparaitre il y a peu, renaissent de leurs cendres cette année avec l’arrivée en force de nouveaux titres intrigants et novateurs, des choix intéressants dans le monde de la SFFF quelque peu stagnant. Le choix d’éditer « Icarus » est intéressant, déjà car c’est un tome unique (ce qui devient de plus en plus rare de nos jours), mais surtout parce qu’il mélange les genres et les thèmes pour mieux casser les codes. Amalgame d’urban fantasy et de SF, « Icarus » nous offre un pur moment de divertissement, sans défis à relever. Efficace, Dru Pagliassotti manie humour, romance, complot et univers steampunk avec allant. La lecture se fait rapide, comme lorsque l’on visionne un épisode de notre série TV préférée. Si ce n’est certes pas une tuerie (terme que l’éditeur évite de jeter à tort et à travers contrairement à certains), c’est plaisant, frais, pétri de bonnes idées et dépourvu d’un manichéisme trop lisse qui peut vite devenir barbant.

  J’avais craint, à un moment de ma lecture, que la romance (un bon vieux triangle amoureux) et les scènes coquines (que l’on associe souvent à ce genre de titres) s’en mêlent, mais heureusement l’auteur évite au moins cet écueil. Ouf ! Lectrices fans de « bit-lit » passez donc votre chemin. L’aspect romantique s’avère au final sympathique et pas trop « poussé », la relation de Taya et Cristof étant plutôt attendrissante et parfois drôle. Ce qui m’a plu principalement dans « Icarus », c’est l’aspect SF de l’univers décrit par Dru Pagliassotti. Les avancées technologiques innovantes, le mode de déplacement des icarus, tout le système de harnachement est d’ailleurs restitué avec moult détails, preuve que l’auteur avait une idée très précise en tête. De même que l’aspect diplomatique et sociologique des castes se révèle prenant et abouti, avec tout un panel de subtilités à appréhender.

  Niveau point négatif, ce qui m’a le plus gênée, c’est qu’arrivée aux 2/3 du roman, la trame s’enlise (j’avais l’impression d’en être déjà au grand final, c’est pour dire). Et certaines révélations auraient pu être soit occultées, soit être dispatchées plus tôt. En cela, la construction du récit a été mal agencée par l’auteur, comme si l’idée lui était venue trop tard et qu’elle avait tout de même décidé de l’ajouter à la trame. Dommage car le rythme s’en retrouve bizarrement ralenti, voire cassé comme un faux départ (ici plutôt une fausse arrivée !), pile au moment où l’action devrait être au rendez-vous. Si les éléments de la narration avaient été mieux pensés, j’aurais pu classer « Icarus » comme une très bonne découverte car l’auteur fourmille d’idées qu’elle arrive parfaitement à faire s’imposer à notre esprit. Tous les ingrédients sont réunis pour offrir du spectacle, ce qui est d’autant plus regrettable. Néanmoins, j’ai passé un moment fort sympathique en la compagnie de ces exaltés et icarus, j’espère que l’auteur nous réserve de bonnes choses pour l’avenir.

Verdict : Bonne pioche

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