Archives de Tag: Vengeance

Larry TREMBLAY – L’orangeraie

l'orangeraieDate de parution : 19/05/2016
Editions : Folio
ISBN : 978-2-07-046926-0
Nbr de pages : 151
Prix constaté : 5.90€

Résumé :
Les jumeaux Amed et Aziz auraient pu vivre paisiblement à l’ombre des orangers. Mais un obus traverse le ciel, tuant leurs grands-parents. La guerre s’empare de leur enfance. Un des chefs de la région vient demander à leur père de sacrifier un de ses fils pour le bien de la communauté. Comment faire ce choix impossible ?

Impressions :
« L’orangeraie » avec ses quelques 150 petites pages, est un récit dense et difficile à lire, tant son histoire trouve écho dans l’actualité de ces derniers mois. J’ai eu beaucoup de mal à écrire cette chronique, à mettre des mots sur ce que j’ai ressenti lors de ma lecture. Si l’auteur met en scène les ravages de la guerre, c’est pour mieux nous interpeller sur les déviances qui peuvent en découler. Comme de sacrifier un de ses fils pour la cause, d’en faire un martyr pour la postérité. Alors que l’on vient de perdre des proches, en sacrifier d’autres pour obtenir vengeance est un non-sens absolu selon moi.

  L’histoire d’Amed et d’Aziz aurait pu être celle de deux jumeaux qui grandissent au milieu des orangers, dans un cadre bucolique et insouciant où les jeux et les rires se disputent la première place. Malheureusement, un obus vient faire voler en éclats tous leurs espoirs d’un avenir radieux. Et l’arrivée d’un homme, un guerrier plein de rancœur, va précipiter leur chute. Ce texte, bien qu’il touche à une actualité brûlante et soulève de nombreuses interrogations sur le sens du devoir envers son dieu, envers sa communauté ainsi que sur l’état psychologique des victimes de ces conflits, entre culpabilité et folie, ne cherche pas à être moralisateur.

  Bien au contraire le message de Larry Tremblay est celui de la paix et de la fraternité. Montrant que nous sommes tous égaux par-delà les races, les âges, les croyances. Nous laissant entendre un message intemporel qui montre que la souffrance est universelle, tout comme la peur, la tristesse, la colère et qu’il ne faut pas se laisser submerger par ce désir de vengeance qui engendre toujours plus de guerres et de tragédies. Quand cessera la folie des Hommes ? Combien encore d’Amed et d’Aziz devrons-nous sacrifier pour que justice soit faite ? Pour que chacun soit satisfait ? Assez…

Verdict : Avec les honneurs

rock

Reiko MOMOCHI – Double Je, tome 5

double je 5Complet en 5 tomes
Titre original : Inochi, book 5 (2010)
Traduit par Chiharu Chûjo
Date de parution : 12 Novembre 2015
Editions : Akata
ISBN : 978-2-36-974082-7
Nbr de pages : 158
Prix constaté : 6.95€

Résumé :
Après plusieurs années de souffrances, Nobara est enfin sur le point d’obtenir sa vengeance. Tout est en place pour que son plan s’exécute et qu’enfin, elle obtienne justice et réparation. Et pour cela, elle est prête à tout, y compris à commettre l’irréparable. Mais au moment fatidique, sera-t-elle vraiment capable de laisser exploser son courroux ?

Impressions :
Clap de fin pour ce shôjo aux allures de thriller qui aura su me tenir en haleine tout au long de ses cinq tomes. Un final qui m’a plu parce qu’il évite l’écueil du parfait happy-end et qu’il montre que tout ne se passe pas forcément comme on le voudrait dans la vie. Pour autant, la boucle est bouclée et Reiko Momochi nous propose une vraie fin avec un flash-forward cinq ans plus tard pour nous montrer la lente reconstruction des personnages. Ma hantise était que ça se finisse en triomphe téléphoné, et heureusement ce ne fut pas le cas !

  Si nous avions tout découvert sur les raisons qui avaient poussé le meurtrier de Kotori à s’en prendre à elle, restait à dévoiler si celui-ci allait payer et si Nobara aurait sa vengeance. Les coups de théâtre s’enchainent jusqu’au verdict final, preuve que la mangaka avait planifié ce drame dans les moindres détails. Le dénouement est efficace, loin de la surenchère que l’on aurait pu présager au vu du genre du manga. Cela prouve, s’il en est encore besoin, qu’on peut faire un shôjo sans romance au premier plan…

  Nobara est une héroïne moderne, avec son lot de problèmes familiaux (plus nombreux que la moyenne bien sûr), mais qui sait garder la tête froide quand il le faut. J’ai aimé la façon dont elle prend son destin en mains, sans se reposer sur les autres, même à la toute fin alors que Yûwa lui en offre l’opportunité. Malgré des moments de doute et de désespoir, elle garde toujours à l’esprit sa sœur décédée et ne renonce jamais. C’est un personnage fort, loin des rôles de boulet dans lequel on cantonnait certaines héroïnes shôjos, fut un temps. (Bon OK, ça arrive encore maintenant). Mais je trouve qu’il y a une vraie évolution dans le genre, qui se diversifie pas mal ces derniers temps. Akata l’a bien compris avec la publication de « Double Je » ou encore « d’Orange ».

  Bref, je ne peux que vous conseiller ce manga complet en cinq tomes. Riche en émotions, fleurant avec le polar et le drame social, « Double Je » saura plaire aux amatrices de shôjo qui veulent plus qu’une simple romance pour toute intrigue.

Verdict : Avec les honneurs

rock

Jean-Luc BIZIEN – Katana, tome 1 : Vent rouge

katana1Illustration de couverture : Xavier Ribeiro
Paru le : 16/05/2013
Edition : Le Pré aux Clercs
Collection : Pandore
ISBN : 978-2842285098
Nbr de pages : 335
Prix constaté : 16€

Résumé :
Le roi-dragon excerce sa tyrannie sur le Japon.
Un jour, Ichirô, apprend que le souverain a tué ses parents. Assoiffé de vengeance, le jeune samouraï errant va alors vouloir réaliser l’impossible, défier le shogun sorcier.
Hatanaka, son père adoptif et samouraï d’élite, va tenter de l’en dissuader. Mais devant sa détermination, il va le préparer à l’impossible.
Ichirô part pour une longue quête, au cours de laquelle il sera rejoint par des compagnons de route, voleur, paysan ou ninja. Il devra les accepter dans leurs différences, réunir leurs forces et leurs caractères… et se découvrir à son tour.

Impressions :
Avis aux amateurs de manga, d’anime et de tout ce qui provient du Japon, ce premier tome de Katana s’adresse à vous et devrait vous plaire. On y retrouve l’ambiance du Japon féodale avec ses rônins, ses damiyos et ses ninjas. Le tout est couché sur papier à travers une plume enthousiaste. Jean-Luc Bizien rend très bien compte de sa passion et de sa connaissance du sujet, c’est un plaisir de le lire. Tous les ingrédients indispensables à une quête sont présents. De quoi ne pas dépayser les fans du genre. On y retrouve le vieux maitre d’armes qui prend un protégé sous son aile, des compagnons que l’on rencontre chemin faisant et qui viennent grossir les rangs, des alliés que l’on gagne à la cause après un affrontement pour voir qui est le plus fort, bref du bon vieux nekketsu (comprenez le dépassement de soi pour atteindre son but) que ne renieront pas les fans de mangas. Ajoutez à cela une vengeance, un apprentissage, sans oublier la petite touche d’humour et de magie, et vous obtenez un roman « réconfortant », une madeleine de Proust mangatesque que l’on dévore avec plaisir.

  Alors bien sûr, l’histoire n’est pas des plus ambitieuses ni des plus originales, mais on pardonne vite à Jean-Luc Bizien tant il nous apparaît comme passionné par son récit et son univers. On sent qu’il lui tient à coeur et j’ai trouvé que c’était un bel hommage à un genre que l’on retrouve peu dans les romans. Les références sont légion (Zatoïchi, Kurosawa) et certaines oeuvres connues surgissent à l’esprit lors de la lecture. On pense à Hero Tales, Sengoku Basara et même au « Chant du rossignol » de Lian Hearn. Bref, de l’épique avec des épreuves le long du chemin, un voyage dangereux à travers le Japon, même si les événements sont si rodés qu’ils ne nous étonnent que très peu finalement. Jusqu’au twist final qui ne m’a pas vraiment surprise (voire m’a fait rire !), habituée au genre que je suis. Les personnages sont typiques du genre et forment un groupe hétéroclite qui ont chacun leurs qualités et leurs défauts. La force physique et morale n’est pas tout, et les compagnons apprennent à s’apprécier pour ce qu’ils sont, petit à petit. C’est notamment le cas avec Buta.

  Voilà un très sympathique roman initiatique qui prend place au Japon féodal, avec ses samouraïs et ses luttes de clans. Les fans de mangas y trouveront leur compte avec les nombreuses références qui y sont faites, les autres seront dépaysés par l’environnement décrit avec enthousiasme. Une petite friandise à dévorer sans complexe !

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche