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Stéphane PRZYBYLSKI – Origines, tome 1 : Le Château des millions d’années

origines 1Illustration de couverture : Aurélien Police
Date de parution : 01/01/2015
Editions : Le Bélial
ISBN : 978-2-84344-132-5
Nbr de pages : 361
Prix constaté : 20€
Lu dans le cadre de la Voie des Indés en partenariat avec Libfly

Résumé :
Juin 1939. Heinrich Himmler diligente une expédition archéologique en Irak, dans le but officieux de s’allier les tribus locales afin de lutter contre l’ennemi britannique. Au sein de l’expédition, l’officier SS Friedrich Saxhäuser. Vétéran de la Grande Guerre, il a lié son destin à celui d’Adolf Hitler depuis le putsch manqué de Munich en 1923. Jamais totalement acquis aux thèses nazies, Saxhäuser est un agent double, naviguant dans les eaux troubles des différents services de renseignement du Reich. Au fond d’une vallée d’un affluent du Tigre, Saxhäuser met au jour quelque chose venu d’ailleurs, susceptible de changer la donne dans le conflit qui s’annonce. Cependant, les doutes que le SS nourrit envers le régime nazi s’exacerbent : doit-il s’abstenir de remettre à Hitler sa découverte ? Mais ne s’est-il pas déjà trop compromis ?

Impressions :
Premier tome d’une tétralogie, « Le château des millions d’années » est également la première incursion de Stéphane Przybylski dans le genre de la science-fiction, l’auteur étant surtout connu pour ses ouvrages historiques. Justement, ce premier tome d’ « Origines » possède un souffle historique indéniable qui rend la lecture passionnante ! Moi qui suis plutôt frileuse quand l’aspect historique est trop prononcé, je me suis vraiment régalée avec ce premier tome, qui allie à merveille aventure, rencontres du troisième type et rigueur historique. C’est un peu l’histoire du troisième Reich pour les nuls, l’auteur replaçant son contexte à la naissance du parti nazi et revenant sur les raisons qui ont conduit à la seconde guerre mondiale et à ce climat empoisonné qui a été la cause de nombreuses atrocités.

  En mettant en lumière un personnage principal ambigu et dangereux, Stéphane Przybylski prend des risques. Mais c’est sans compter sur l’analyse approfondi du protagoniste, que l’auteur exploite dans ses moindres retranchements. Ca ne pose donc pas le moindre problème que le lecteur ne puisse pas s’identifier à Friedrich Saxhaüser, car c’est un personnage ambivalent, que l’on perce peu à peu, et qui au-delà de son statut de tueur et de SS, sait faire preuve d’introspection et se remettre en question quand il le faut. J’ai été captivée par son cheminent, par ses désillusions, par ses errances et par les regrets qui le rongent. D’un simple sentiment de rejet, l’homme glissera inexorablement vers la révolte, et se laissera entrainer dans un conflit de plus en plus cruel, avant de prendre ses distances. Ca faisait bien longtemps que je n’avais pas croisé un personnage principal aussi fort et intéressant à suivre.

  Comme je le disais plus tôt, « Le château des millions d’années » est avant tout un récit historique, l’aspect SF s’installant progressivement. Ce premier tome se pose comme un tome d’introduction, l’auteur plantant son décor et offrant une légitimité historique au récit. La rigueur dont il fait preuve est remarquable et a le don de nous immerger corps et âme dans une époque troublée et troublante qui ne peut laisser indifférent. Le souci du détail permet à Stéphane Przybylski de coller au plus près à l’Allemagne nazie de cette époque. Entre les différentes cartes, glossaire et rappel des dates importantes, on peut dire que l’auteur a bichonné son lecteur et soigné son approche. On pouvait difficilement faire plus complet.

  Le récit n’en est pas pour autant hermétique, ni même ennuyeux car Stéphane Przybylski développe chaque versant de cette époque troublée : politique, vie quotidienne, économie, rien n’est laissé au hasard. C’est ainsi que peu à peu, on passe d’un récit purement historique pour plonger dans un univers plus dynamique de contre-espionnage, d’excavations dans le désert et de course-poursuites sur la mer. Il est vrai qu’il y a un petit côté X-Files dans ce roman, avec apparitions lumineuses à la clé. La narration va crescendo, les derniers chapitres se faisant de plus en plus pressant et intriguant. La fin, quant à elle, nous offre un beau cliffhanger qui nous donne la furieuse envie de nous jeter sur la suite (malheureusement pas disponible avant 2016 !). Il va falloir prendre son mal en patience…

Verdict : Avec les honneurs

rock

Yasutaka TSUTSUI – Hell

hellTitre vo : Hell (2003)
Paru le : 05/09/2013
Edition : Wombat
Collection : Iwazaru
ISBN : 978-2-919186-30-3
Nbr de pages : 156
Prix constaté : 17€

Résumé :
Un yakuza présomptueux assassiné par un clan rival, un infirme carriériste et séducteur, un homme marié fou amoureux d’une jeune starlette, un fringant acteur de kabuki qui suscite les jalousies, un couple de sans-abri morts de froid dans un parc : tous ces personnages, qui un jour se sont croisés dans leur vie, se retrouvent en Enfer. Errant dans une ville indéterminée, les fantômes, désormais détachés de toute émotion, dévident l’écheveau de leurs existences passées dont ils revivent sans colère ni haine les songes, les trahisons et les erreurs, jusqu’aux circonstances tragicomiques de leurs morts.
Au fond, chacun n’avait-il pas créé de son vivant les conditions de son propre enfer ? Mais, à mesure que des bribes du passé resurgissent, les fantômes reviennent se mêler ; aux vivants. L’Enfer est-il réel, ou le simple fruit du rêve collectif de ses protagonistes ? Et si cet Enfer-là n’était qu’une sorte de purgatoire, une transition vers un Au-delà encore à découvrir ?

Ce que j’en ai pensé :
« Hell » est un roman que je voulais lire depuis longtemps, pas seulement parce que j’en avais entendu parler comme l’un des 1001 livres qu’il faut absolument avoir lus, mais surtout parce que l’imagination débordante de l’auteur lui a valu d’être adaptés deux fois sous forme de films d’animation, et que les deux adaptations font parties de mes préférées. Si vous êtes coutumier des animés japonais, les titres de « La traversée du temps » et de « Paprika » vous diront certainement quelque chose. Yasutaka Tsutsui, l’auteur de ces œuvres imaginatives, explore dans « Hell » la notion de vie et de mort, de passage dans l’Au-delà et bien sûr d’enfer (d’où le titre).

  Court mais dense, l’auteur s’y interroge sur le genre de lieu que pourrait être l’Au-delà. S’y sent-on bien ? Nos remords et nos regrets nous poursuivent-t-ils même une fois notre trépas prononcé ? Autant de questions auxquelles Yasutaka Tsutsui apporte « sa » réponse, nous confiant au travers des pages, sa vision personnelle du Purgatoire. Avec simplicité et diligence, l’auteur nous embarque complétement dans « Hell », la narration alternée et nourrie de flash-backs composant avec brio ce puzzle qu’est la vie d’un Homme. Au grès de rencontres, les différents personnages voient leurs destinées intriquées, les actions des uns semblant entrainer des répercussions sur les autres. Tel un jeu de dominos qui s’effondrerait, pièce après pièce.

  Amis d’enfance, collègues de travail, amants, les relations de ces « infernaux » sont disséquées à la loupe. Chaque péché est ausculté, pesé et mûri pour mieux en digérer les contrecoups. Entre malversions, trahisons et coups fourrés qui ont précipité la mort des protagonistes et le peu de cas qui en est fait dans la mort, on se rend compte que le côté matérialiste de l’Homme n’amène jamais rien de bon. Alternant avec des considérations plus existentielles et sentimentales (telles le dévouement d’une femme envers son mari jusqu’à la mort ou l’enfant qui a subi la famine et la pauvreté de la rue suite aux bombardements nucléaires pour finir yakuza car il se cherche une famille), « Hell » est une œuvre fascinante et intelligente qui stimule nos neurones et nous amène à réfléchir sur nous-même, sur nos relations à autrui. Un roman qui vaut sans conteste le détour et que j’ai eu plaisir à découvrir. Je croise les doigts pour que « Paprika » finisse par être publié par chez nous !

Lu dans le cadre de la « Voie des Indés ». Un grand merci à Libfly et aux nouvelles éditions Wombat !

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Verdict : Avec les honneurs

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