Christopher PRIEST – Notre île sombre

notre île sombreTitre original : Fugue for a darkening island (1972)
Illustration de couverture : Aurélien Police
Paru le : 19/06/14
Edition : Denoël
Collection : Lunes d’encre
Traduit par : Michelle Charrier
ISBN : 978-2-207-109676-2
Nbr de pages : 202
Prix constaté : 17.50€

Résumé :
«Je suis sale. J’ai les cheveux desséchés, pleins de sel, des démangeaisons au cuir chevelu. J’ai les yeux bleus. Je suis grand. Je porte les vêtements que je portais il y a six mois et je pue. J’ai perdu mes lunettes et appris à vivre sans. Je ne fume pas, sauf si j’ai des cigarettes sous la main. Je me saoule une fois par mois, quelque chose comme ça. La dernière fois que j’ai vu ma femme, je l’ai envoyée au diable mais j’ai fini par le regretter. J’adore ma fille, Sally. Je m’appelle Alan Whitman… Et je survis dans une Angleterre en ruine, envahie par des populations africaines obligées de fuir leur continent devenu inhabitable.»

Impressions :
« Notre île sombre » dont la première version est parue en 1971 sous le titre « Le rat blanc » est un roman étonnamment toujours d’actualité, voire visionnaire au vu des nouvelles brûlantes de ces dernières années. Ce roman d’anticipation qui nous projette dans un futur aux prises avec un flux massif d’immigrés clandestins qui envahit le quotidien tranquille de nos compatriotes anglais est une vraie claque. Christopher Priest livre un roman engagé, même s’il dément un quelconque message politique. Et effectivement, le récit ne prend le parti d’aucun des camps, chacun étant responsable d’atrocités. « Notre île sombre » soulève un grand nombre d’interrogations sur notre Histoire et sur notre avenir. Des questions sur le racisme, l’ouverture des frontières, les ONG, notre difficulté à évoluer dans ce monde changeant. Les flux de populations ont toujours existé, créant de grands bouleversements historiques et des problèmes d’identité, qui ne sont pas toujours réglés et créent des frictions. Comment y faire face ? Sûrement pas en faisant l’autruche comme c’est le cas de la famille du narrateur…

  Pourtant, on peut facilement s’identifier au narrateur parce que le monde dans lequel il évolue est très proche du notre. Alan Whitman est un personnage lambda, un peu lisse, qui fait partie de la classe moyenne et n’a pas de réelles convictions. D’ailleurs, on le voit se faire balloter tout au long du roman. Il se laisse porter par les évènements, dans l’espoir que tout revienne à la normale. Ce refus d’affronter la réalité le mènera jusqu’au point de rupture. Le parallèle entre les deux premiers paragraphes de présentation est plus que criant sur ce point. Bizarrement, et sûrement à cause de la personnalité assez neutre d’Alan, le roman est assez contemplatif, assez indolent, ça manque parfois de rythme, de réaction. Les retours entre passé et présent insérés sans aucune coupure à part une interligne dans le texte, ne sont pas pour aider à la compréhension ni à la concentration d’ailleurs. Si un semblant de suspense est installé à propos de la disparition de la femme et de la fille d’Alan, ce ping-pong mental vient détruire cette tentative. Un peu plus de clarté et une structure du récit différente, auraient pu rendre le roman plus addictif à mon avis. Reste que le dénouement est un vrai crève-cœur et que Christopher Priest a le don de nous interpeller sur des sujets d’actualité.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

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5 réflexions sur “Christopher PRIEST – Notre île sombre

  1. BlackWolf 23/07/2014 à 20:45 Reply

    J’ai bien aimé aussi ce livre même si on sent un peu l’aspect premier roman et que j’aurai aimé que certains aspects soient plus développés. Content qu’il t’ait plu 🙂

    • nymeria 23/07/2014 à 22:15 Reply

      C’est vrai que comme le narrateur ne s’engage jamais complètement, on ne s’immerge pas à fond et on ne « vibre » pas. Mais ça reste super intéressant En tout c’était mon premier Priest 🙂

  2. Escrocgriffe 04/08/2014 à 16:58 Reply

    Faut que je lise ça un jour 😉

    • nymeria 25/08/2014 à 18:31 Reply

      Bonne futur découverte alors 😉

      • Escrocgriffe 19/09/2014 à 01:51

        Merci 😉

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