Archives de Tag: Sonatine

ANONYME – Le pape, le Kid et l’Iroquois

le pape, le kid et l'iroquoisTitre original : The plot to kill the pope (2014)
Traduit par : Cindy Kapen
Date de parution : 10/09/2015
Editions : Sonatine
ISBN : 978-2-35584-384-6
Nbr de pages : 459
Prix constaté : 21€

Résumé :
Vous aimez Grease, le Pape et les psychopathes ? La rencontre explosive du Boubon Kid et du tueur à l’Iroquoise… D’un côté, le Bourbon Kid, tenant du titre du tueur en série le plus impitoyable et le plus mystérieux que la terre n’ait jamais porté. De l’autre, avec plus d’une centaine de victimes à son actif, l’Iroquois, blouson de cuir rouge, masque d’Halloween surmonté d’une crête, challenger et sérieux prétendant au titre.
Le combat s’annonce terrible. Dans les coulisses : une organisation gouvernementale américaine top secrète spécialisée dans les opérations fantômes, une nonne, un sosie d’Elvis, quelques Hells Angels et une cible de choix pour nos psychopathes frénétiques : le pape, en voyage secret aux Etats-Unis.

Impressions :
Un nouveau roman d’Anonyme, c’est l’assurance de passer un moment de pur nawak, avec du psychopathe à la pelle, des flots d’hémoglobine, des gros calibres et bien sûr une bonne dose de testostérone. Oyez, oyez ! Amateurs de récits déjantés et frénétiques, ce roman n’attend plus que vous ! Dès le titre (pourtant très différent du titre vo), qui rappelle les westerns spaghetti de la belle époque, on sait que ce roman n’a pour but que de nous divertir. Comme dans les précédents romans de l’auteur, on retrouve tous les attributs des séries B nourries à la culture pop, la « poésie » des films de Robert Rodriguez et l’outrance des films de Quentin Tarantino.

  Pour ceux qui n’auraient jamais posé le pied dans l’univers déjanté d’Anonyme, le réveil risque d’être rude. Ou du moins vous y perdrez une grande partie de l’intérêt que suscitent ses personnages. En effet, ce roman rapatrie les anti-héros de ses précédents romans, à savoir les deux tueurs en série que sont le Bourbon Kid et l’Iroquois, pour leur faire vivre une aventure commune rocambolesque. Le grand clash entre ces deux trucideurs aura-t-il lieu ? Je vous laisse le découvrir. Sachez juste que plongés au cœur de ce maelstrom on retrouve le pape, une société secrète, des motards remontés à bloc et un sosie d’Elvis. De quoi s’interroger sur la santé mentale d’Anonyme.

  Malgré des éléments bigarrés et un enchainement de scènes qui nous laissent pantelant, l’univers d’Anonyme reste très consistant. Certes c’est du grand n’importe quoi, mais l’intrigue est solide, en totale adéquation avec ce que l’on sait des personnages et de leurs sphères respectives. Machinations, trahisons, batailles d’envergure, confrontations, le récit est survolté et ne laisse aucun répit. Malgré des personnages hors-norme, on s’éclate à les suivre dans cette virée peu commune. Un monde où on voue un culte à Britney Spears, aux comics de super-héros ou encore à Dirty Dancing. Et où un œuf Kinder est bien plus qu’un simple œuf Kinder. Un monde où l’hémoglobine coule à flots, charriée par une pléthore de gros mots qui ferait rougir le capitaine Haddock. Invitez-vous donc à la grande fête du psychopathe, vous ne le regretterez pas !

Verdict : Nuit blanche

nuit-blanche

Darren WILLIAMS – Conséquences

consequencesTitre original : Angel Rock (2002)
Broché paru le : 11/10/2012
Edition : Sonatine
ISBN : 978-2-35584-165-1
Nbr de pages : 392
Prix constaté : 20€

Résumé :
1969. Angel Rock est une petite localité du sud de l’Australie, austère et abandonnée du monde. Le village a été durement touché par la crise, l’industrie du bois peine à le maintenir en vie. Nature hostile, conditions de vie difficiles, familles isolées, c’est dans ce contexte douloureux qu’un drame s’abat sur la communauté : Tom Ferry, 13 ans, et son petit frère Flynn disparaissent dans le bush, aux abords du village.
Une battue est organisée pour les retrouver, en vain. Sydney, quelques semaines plus tard. Une adolescente en fugue originaire d’Angel Rock est retrouvée morte dans une maison abandonnée. Le suicide ne fait aucun doute pour les autorités. Mais Gibson, un policier sombre et tourmenté, décide, de poursuivre ses investigations. Défiant sa hiérarchie, il gagne Angel Rock ou il va mener une enquête qui, bien vite va tourner à l’obsession.
Dans cette petite communauté où rien ne s’oublie mais où rien ne se dit jamais, Gibson devra affronter le poids du passé, le sien et celui du village, pour mettre à jour des secrets enfouis depuis trop longtemps.

Impressions :
Les éditions Sonatine ont gagné leurs galons en nous proposant des thrillers à la croisée des genres, navigant parfois entre le fantastique et l’historique, nous offrant des romans hétéroclites et de qualité. « Conséquences » n’échappe pas à la règle, même s’il reste de nature plus classique. Darren Williams, écrivain australien, m’a bluffé par la maitrise de son intrigue. C’est comme s’il jouait avec nous et nous baladait dans cette petite ville aux règles singulières et inconnues, auxquelles seuls ses habitants répondent.

  L’action plante son décor à Angel Rock (Castle Rock, people ?), une petite bourgade d’Australie profonde où chacun se connait, où la vie n’est pas une sinécure, la nature sauvage et impossible à dompter étant de la partie. Malgré cela, il faut survivre, s’adapter pour s’en sortir. Sur cette base, Darren Williams nous concocte une intrigue tentaculaire, mêlant enquête policière et secrets de village, drame familial et monstres humains. La tension, tapie entre les pages de « Conséquences », nous fait craindre pour ses jeunes protagonistes, les enfants devant payer un lourd tribut pour les erreurs commises par leurs parents. C’est incroyablement bien mené, tant et si bien que j’ai été émue aux larmes et que j’ai tremblé de peur pour Tom qui perd son petit frère dans le bush et devra en subir les effroyables « conséquences », lui, le mal-aimé de la famille…

  Vous l’aurez compris, les relations familiales sont au cœur de ce thriller oppressant dont le malaise nous gagne très rapidement. On vibre en compagnie des personnages, tellement humains, criant de réalisme, l’auteur faisant montre d’une dextérité rare quand il s’agit de nous présenter des personnages et leurs émotions. Darren Williams n’hésite d’ailleurs pas à explorer leur psyché sans retenue. Bien entendu, le roman reste « classique » dans le sens où il n’innove pas et que la trame a un petit côté déja-lu, mais on oublie vite cela face à l’efficacité de l’auteur. « Conséquences » est un thriller désenchanté, mais profondément sensible et émouvant, où les personnages prennent le pas sur l’intrigue. C’est un monde rude et impitoyable que nous décrit Darren Williams, où les enfants perdent leur innocence très tôt et où la douceur de l’enfance passe en un instant. Un roman à fleur de peau, que je recommande chaudement (ça tombe bien, il vient de sortir en poche chez Points !)

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Critique express n° 8 : L’invisible, Robert Pobi

  l'invisibleUn thriller qui a reçu de très bons échos sur la blogo, mais qui personnellement, ne m’a pas emballée. Déjà, parce que l’auteur met trois plombes à installer son histoire et qu’au bout de 100 pages, on ne sait pas toujours pas où il veut nous emmener vu qu’il ne se passe rien… ou presque. Bon, on sait qu’il y a des meurtres qui ont été commis, on en apprend plus sur le passé peu reluisant du narrateur et quand on arrive sur la dernière ligne droite du thriller, on comprend pourquoi il insistait autant sur certains faits. Mais ça n’excuse pas la narration « lentissime » et le manque de dynamisme de l’intrigue. Ajouté à cela que l’auteur use et abuse de métaphores et d’analogies, ce qui alourdit un peu plus la lecture. La fin, par contre, vaut le détour, c’est une sacrée pirouette. Bref, pas convaincue !

Verdict : Planche de salut

planche-de-salut

ANONYME – Le livre de la mort

le-livre-de-la-mortTitre vo : The Book of death (2012)
Editeur : Sonatine
ISBN : 978-2-35584-126-2
Nb de pages : 455
Prix constaté : 21.30€

Résumé :
Il est sans doute préférable pour votre bien-être que personne n’inscrive jamais votre nom dans Le Livre de la mort, sans quoi il vous resterait très peu de temps pour formuler vos dernières volontés. Aussi on peut aisément comprendre que celui-ci fasse l’objet de multiples convoitises, en général assez mal intentionnées. Et que quelques contrariétés guettent son actuel détenteur, l’infortuné Sanchez.
Officiellement mort, le Bourbon Kid, le tueur le plus impitoyable que la terre ait jamais portée, devrait, pour sa part, pouvoir aspirer à des jours heureux en compagnie de Beth, son amour de jeunesse enfin retrouvé. Encore faudrait-il que sa nouvelle identité reste secrète, sans quoi ses nombreuses victimes et ses ennemis, plus nombreux encore, pourraient bien s’unir pour élaborer une terrible vengeance.
Mais quand Beth est kidnappée et qu’il s’avère être le seul à pouvoir sauver la petite ville de Santa Mondega d’un terrible bain de sang, le Bourbon Kid n’a plus qu’une solution : revenir d’entre les morts. Plus sauvage et impitoyable que jamais. Vous pensiez ne jamais plus rien pouvoir lire de plus déjanté et jubilatoire que les trois premières aventures du Bourbon Kid ? Vous aviez tort.

Ce que j’en ai pensé :
Il semblerait que je prenne le train en marche avec « Le livre de la mort », étant donné qu’il s’agit du quatrième tome des aventures du Bourbon Kid, tueur sanguinaire un peu spécial (c’est le moins que l’on puisse dire). Heureusement, les romans semblent pouvoir se lire indépendamment les uns les autres : ouf ! Malheureusement, ça spoile pas mal sur les tomes précédents et on y perd forcément quelques subtilités : argh ! Bon, bilan des courses : je me suis vraiment éclatée à lire ce petit ovni littéraire ! Ca canarde à tout va, ça jure de haut en bas, ça sent bon l’adrénaline et la testostérone. En gros, c’est aussi fun que de regarder un film de Tarrantino, ça part dans tous les sens, mais ça fait bizarrement du bien. Un petit plaisir coupable entre deux pavés ? Allez, let’s rock’nroll !

  Pour ceux qui ne connaitraient pas (comme moi) le Bourbon Kid, c’est un type un peu barré qui pète un câble à chaque qu’il consomme… du bourbon, je vous le donnerai en mille ! Sans foi ni loi, le Bourbon Kid ne s’encombre pas d’une conscience (c’est démodé) et ne recule pas devant un bon petit carnage de temps en temps (en fait souvent). Bon, à son crédit, il faut avouer qu’il n’est pas complètement humain et que ses victimes ne sont pas tout à fait humaines non plus (des fois). Alors « Le livre de la mort », kézako ? C’est un thriller (pour le tueur en série sanguinaire), fantastique (pour l’atmosphère Sunnydalesque de la petite ville de Santa Mondega). En gros, si vous aimez les blagues un peu vaseuses de Sam & Dean dans la série tv Supernatural, les situations acadabrantesques de Kill Bill, vous ne renierez pas « Le livre de la mort ».

  Le mieux forcément, c’est de le lire au second voire au troisième degré. Sinon, vous risquez fort d’être choqué par des questions d’éthique et l’hécatombe risque d’émouvoir votre petit cœur. « Le livre de la mort », c’est un cocktail divertissant que l’on sirote en ricanant devant certaines situations. Il faut dire que le personnage de Sanchez, le péquenaud par excellence, est le clown de toutes les situations et le couple Kacy/Dante avec leurs petites piques apporte une vraie synergie au roman. Anonyme mélange une multitude d’ingrédients bigarrés, qui mis bout à bout offrent un patchwork qui dépote et que ne renierait pas Tarrantino. On pense au manga Death Note, au jeu vidéo Devil May Cry et même à ce bon film Evil Dead de Sam Raimi. Si ces références ne vous disent rien, probable que « Le livre de la mort » ne vous plaira pas. Pour les autres, foncez les yeux fermés !

Verdict : Nuit blanche

nuit-blanche

Steve MOSBY – Les fleurs de l’ombre

les fleurs de l'ombreTitre original : Black Flowers (2011)
Broché paru le : 19 janvier 2012
Editeur : Sonatine
ISBN : 978-2-355-84106-4
Nb. de pages : 354 pages
Prix constaté : 20€

Résumé :
Telle est la trame de « La Fleur de l’ombre », un thriller écrit en 1991 par un certain Robert Wiseman, mystérieusement disparu depuis lors.
Neil Dawson, dont le père vient d’être retrouvé sans vie au pied d’un viaduc, apprend que celui-ci nourrissait une étrange obsession pour ce roman. Bientôt, il constate de troublantes similitudes entre les derniers jours de Robert Wiseman et ceux de son père. Pire encore, c’est peu à peu la réalité qui semble s’inspirer de l’abominable récit de « La Fleur de l’ombre ». Et Neil ne tarde pas à se retrouver aux prises avec un psychopathe d’un genre très particulier.

Impressions :
Très intriguée par la 4ème de couverture qui faisait mention d’un roman dans le roman, c’est avec curiosité que je me suis lancée dans cette lecture. Résultat des courses, « La Fleur de l’ombre » est un thriller d’un genre différent. Certes la figure du psychopathe est toujours présente, mais l’originalité réside surtout dans le style de la narration qui mêle fiction et réalité pour mieux nous perdre, et nous faire passer un agréable moment de lecture.

  L’auteur annonce la couleur dès le prologue lancé, les deux romans se liront en parallèle pour notre plus grand désarroi ! Car il devient vite évidemment que la mise en abyme des deux romans, si elle est ingénieuse, et aussi déstabilisante. Ou commence la réalité ? Ou s’arrête la fiction ? Nous voilà placés dans la même position que le narrateur, Neil Dawson, qui essayera tant bien que mal de démêler le vrai du faux, et découvrir ce qui est arrivé à son père. Dans sa quête, il sera aidé par l’inspectrice Hannah Price, et la narration alterne alors entre ces deux voix : « je » pour Neil, « elle » pour Hannah. Sur le premier tiers du roman, il faut surtout s’attacher à trouver ses marques, à se faire à ce style de narration où les deux romans sont étroitement intriqués. Passé ce cap, le roman devient prenant et le suspense nous saisit. C’est le genre de thriller dont la montée en intensité se fait graduellement, pour mieux éclore en feux d’artifice à la fin (très troublante pour le coup !).

  La forme pourra certes ne pas plaire à tout le monde, car la multiplicité des voix (réelles ou fictives) peut dérouter et décourager les moins persévérants. Néanmoins, c’est aussi ce qui fait l’originalité de ce thriller et qui rend l’intrigue bouleversante et dérangeante. La représentation du psychopathe dans ce récit m’a parfois rappelé les meilleurs épisodes de la série TV « Esprits Criminels » où l’on pénètre dans les esprits les plus perturbés. Jusqu’à la toute fin, le lecteur reste glacé d’effroi en imaginant ce qui a pu arriver à cette petite fille (fictive ? réelle ?) trouvé sur ce quai, et à la signification de cette fleur noir, dont le symbole en troublera plus d’un. Voici donc un thriller psychologique de très bonne facture, obscur et énigmatique, un composite de deux romans, de deux réalités qui trompent l’œil pour mieux nous surprendre. A découvrir.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche