Illustration de couverture : Johann Bodin
Date de parution : 01/10/2015
Editions : Folio SF
ISBN : 978-2070-46206-3
Nbr de pages : 952
Prix constaté : 11€
Résumé :
2030. Alors qu’en Europe des dizaines de milliers de personnes meurent noyées sous les flots lâchés par une digue qu’un groupuscule terroriste a fait sauter aux Pays-Bas, en Afrique, la pénurie d’eau décime les populations. L’eau, enjeu de toutes les convoitises. L’eau, qui existerait en grande quantité à deux cent cinquante mètres de profondeur au coeur du Burkina Faso, peut-être le plus pauvre des pays les plus pauvres.
L’eau, qu’Anthony Fuller, patron d’un consortium américain, va tenter de s’approprier au mépris de toutes les lois internationales.
Impressions :
Des romans d’anticipation comme ça, j’aimerais en lire plus souvent ! Parce que Jean-Marc Ligny ne se contente pas de nous dépeindre un futur plausible en projetant sur le papier les peurs de notre siècle face aux problèmes écologiques et économiques actuels et en nous livrant un univers apocalyptique tellement réaliste, tellement palpable que l’on en ressort glacé d’effroi. Non. La grande force de l’auteur, c’est d’apporter une réflexion approfondie sur notre société, de pointer du doigt les erreurs du système et de tirer la sonnette d’alarme sur ses dérives possibles. Une fable écologique et humaine impressionnante par ses dimensions et son réaliste criant. Et un roman engagé qui ne laissera aucun lecteur indifférent.
Ce beau pavé de presque mille pages en poche peut faire peur de prime abord (ben oui, s’il vous tombe sur l’orteil, ouch quand même ! Oui, merci, j’ai testé). Le roman ne va-t-il pas vite s’essouffler ? L’auteur peut-il réellement tenir la distance sur autant de pages sans devenir redondant, indigeste ? Eh bien malgré quelques facilités scénaristiques (surtout vers la fin), la réponse est non ! On ne s’ennuie vraiment pas à la lecture de ce mastodonte parce qu’aucun aspect du récit n’est oublié et qu’il s’y passe quantité de choses sur trois plans différents. De quoi nous tenir en haleine tout du long.
L’intrigue nous fait voyager entre l’Afrique (le cœur du roman), les Etats-Unis et l’Europe. Entre les pays au bord de l’implosion et les pays déjà dévastés, Jean-Marc Ligny nous présente un univers ravagé par la sécheresse, la pauvreté, malmené par les éléments et les dignitaires qui s’engraissent à qui-mieux-mieux. La loi du plus fort ? Toujours vrai et d’autant plus quand la planète se révolte et se met de la partie. Entre une Europe saccagée par les tempêtes, pillée par ses gangs, anéantie par des attentats et un continent africain qui souffre d’une sécheresse record, tout espoir semble perdu. Et au milieu de ce tumulte, une étincelle… Une source d’eau souterraine, au beau milieu du Burkina Faso. Bientôt cette nappe devient l’objet de toutes les convoitises, l’enjeu numéro du récit et une course contre la montre est lancée…
« Aqua », qui porte bien son nom vu que l’intrigue tourne autour de cet or bleu, capable de sauver des populations, est une fresque écologique grandiose. Bien que roman d’anticipation, c’est aussi un thriller politique qui n’hésite pas à passer au vitriol les grands de ce monde, qui se comportent comme un ramassis d’opportunistes assoiffés… de pouvoir ! Prêts à écraser sous leurs grosses bottes les populations pauvres en faisant jouer la jurisprudence et en tirant parti de lois poussiéreuses et iniques. Alors, bien sûr, on pourra trouver ça stéréotypé mais c’est tellement réaliste qu’on passe vite outre certaines évidences. Les personnages sont approfondis et offrent un panel diversifié. De l’humanitaire engagée en passant par le chef d’entreprise cupide et ignoble, du SDF qui a tout perdu à la présidente dévouée d’un pays devenu la cible de tous les regards. J’ai d’ailleurs vraiment aimé le personnage de cette dernière qui fera preuve de beaucoup de courage et d’intelligence. La petite cerise sur le gâteau vient de la plume de Jean-Marc Ligny, qui est très imagée, inspirée et qui sait nous émouvoir comme nous choquer. Bref, un grand roman, à mettre entre toutes les mains !
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