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RICHEZ & WINOC – Le Postello

le postelloDate de parution : 06/01/2016
Editions : Grand Angle
ISBN : 978-2-818-934722
Nbr de pages : 128
Prix constaté : 18.90€

Résumé :
Début des années 1990, Stéphane K. brûle sa vie dans le milieu de la mode parisienne. Mais un jour, face à une sérigraphie de Warhol, il a le coup de foudre. Commence alors pour lui une nouvelle existence vouée à l’art pictural. Quand il acquiert par hasard un tableau qui ressemble énormément à une célèbre toile de Degas, il croit d’abord détenir un « modello », oeuvre préparatoire en vue de la réalisation du tableau final. Mais les choses se compliquent, car sa toile semble postérieure au chef-d’oeuvre du grand maître… Stéphane va tout mettre en oeuvre pour prouver l’authenticité de son « postello ».

Impressions :
Cette BD qui nous entraine sur le marché de l’Art et qui puise sa source dans une histoire vraie est une belle réussite. Le sujet si vaste des œuvres d’Art et de leur authentification est développé de manière intelligente avec l’histoire de Stéphane K., qui découvrira une toile de Degas un peu par hasard et qui poursuivra une longue quête pour réussir à prouver son authenticité. On entre dans le domaine du marché de l’Art par la petite porte et c’est discrètement que l’on découvre cet univers très codifié et très fermé, qui se mure derrière ses experts auto-certifiés et dont la parole ne peut être remise en doute. Le sujet est passionnant et le ton emprunté par Richez et Winoc parvient à happer le lecteur sans en faire trop ni le perdre dans une multitude de détails spécifiques à l’expertise.

  Comme je l’évoquais plus haut, le récit s’articule autour de Stéphane K., petit marchand d’art qui apprendra le métier sur le tas auprès d’un professionnel et qui se chargera de dénicher et expertiser des œuvres pour son compte. Un peu par hasard, il tombe sur un tableau qui lui parle et en fait l’acquisition, persuadé qu’il s’agit d’un dessin préparatoire (soit un modello dans le jargon artistique) d’une peinture célèbre de Degas. Mais à bien y regarder de plus près, cette œuvre semble plutôt postérieure au tableau, ce qui en ferait un « postello » et donc, difficile à authentifier. Il y passera d’ailleurs la majeure partie de sa vie, délaissant sa vie de famille, passant devant une multitude d’ « experts » qui le débouteront mais jamais il ne baissera les bras. Très attachant et volontaire, on suit le personnage avec la même envie que lui, que l’on reconnaisse enfin l’authenticité de sa trouvaille.

  Au-delà de l’histoire de cet homme qui se jettera à corps perdu dans cette quête de la reconnaissance de son postello, c’est tout un système qui est mise en lumière et critiqué. Le domaine de l’expertise d’œuvres d’art, reposant sur peu de formations, est parfois très aléatoire et d’un expert à l’autre, un tableau peut tout à fait être reconnu comme un faux. C’est un peu la ronde des marchands d’art, des commissaires-priseurs et spécialistes, chacun tirant la couverture à lui. Ce milieu est finement représenté, de même que tout le processus d’authenticité d’une œuvre (analyse pigmentaire, rayons X, réflectographie, graphologie, etc.). La BD véhicule très bien ce sentiment d’intransigeance, le monde de l’Art nous apparaissant comme sans pitié. Le trait est à tendance réaliste, crayonné, avec des jeux de couleurs et de nuances qui apportent un bel effet. J’ai beaucoup aimé voir le personnage principal vieillir, le temps passant. Bref, une BD passionnante !

Note : 17/20

BD2016

Yuki RINGO – Konshoku Melancholic

KonshokuTitre original : Konshoku Melancholic (2013)
Date de parution : 24/03/2016
Editions : Taïfu Comics
ISBN : 978-2-35180-982-2
Nbr de pages : 192
Prix constaté : 8.99€

Résumé :
Souffrant d’un complexe d’infériorité, Miyashita est un lycéen passionné par la peinture qui passe ses journées isolé dans la salle d’art pour y peindre. Intrigué par ce dernier, Nishimura, un lycéen au caractère enjoué, décide de pénétrer dans son antre pour apprendre à le connaître et l’aider à s’ouvrir au monde, petit à petit.

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Taïfu Comics, que je remercie !

Impressions :
« Konshoku Melancholic » est le premier manga publié par Ringo Yuki et le trait très doux de la couverture ainsi que le résumé promettant tendresse, timidité et fraicheur ont eu raison de moi. La fraicheur est apportée par le ton humoristique de ce manga, qui est cœur des différentes histoires, bien plus même que l’aspect romantique et physique. Poses ridicules et expressions exagérées côtoient des scènes touchantes où les sentiments naissants des personnages s’exposent au grand jour. Ringo Yuki met en scène les premiers émois, les relations balbutiantes et la prise de conscience de sa différence. Le ton est assez juste bien qu’un peu trop survolé, « Konshoku Mehancolic » étant un recueil de 5 nouvelles, pour certaines déclinées en deux chapitres.

  Et c’est bien ce que j’ai trouvé dommage, car le format court ne permet pas à la mangaka de développer de manière satisfaisante les différentes histoires. L’histoire principale, celle qui nous est présentée en 4ème couverture, aurait facilement pu tenir à elle toute seule les 180 pages. Il y avait de quoi faire avec la rencontre entre ses deux garçons si différents dont l’amitié glisse doucement vers l’amour et j’aurais apprécié que Ringo Yuki développe un peu plus ses personnages et leurs sentiments. Ça n’en aurait été que plus fort au moment du dénouement. L’histoire du maniaque de la propreté, quant à elle, se suffit à elle-même, car elle est surtout là pour nous faire rire (les saynètes de fin m’ont beaucoup amusées). De même que l’histoire de ce patron de club de jazz présentée à la manière d’un 4-koma. « Mensonge révélateur », la seule qui tient sur un court chapitre, est celle qui m’a le moins plu, beaucoup trop cliché du genre « je t’aime moi non plus ». La dernière avec ces deux voisins qui se découvrent était toute mignonne mais manquait également d’approfondissement.

  Côté dessins, c’est effectivement très beau. Les traits des personnages sont fins, les profils élégants et les sentiments s’affichent avec beaucoup de facilité. Les mouvements sont d’ailleurs très bien rendus, on est loin d’un certain statisme du genre, ce qui est un bon point surtout quand l’auteure veut nous mimer une fuite. L’humour le dispute à un romantisme certain et pour un premier manga, c’est très soigné. Bien que « Konshoku Melancholic » soit classé comme un yaoi, c’est relativement soft. Les scènes coquines ne sont pas foules, la mangaka misant plutôt sur les sentiments que sur des planches graphiquement explicites. Celles qui voulaient se rincer l’œil repasseront, celles qui apprécient fraicheur et romantique trouveront sûrement ce manga à leur goût. Bref, un manga agréable et drôle mais qui ne prend pas le temps de développer à fond son histoire principale.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Saki AIDA & Yuh TAKASHINA – Deadlock, tome 1

deadlock 1Titre original : Deadlock (2012)
Date de parution : 25/02/2016
Editions : Taifu Comics
ISBN : 978-2-35180-980-8
Nbr de pages : 180
Prix constaté : 8.99€

Un extrait par ici !

Résumé :
Agent de la brigade des stups à Los Angeles, Yûto Lennix, 28 ans, est accusé du meurtre de son coéquipier après que ce dernier a été retrouvé assassiné dans son appartement. Deux semaines auparavant, ils avaient réussi à démanteler l’un des plus gros réseaux de drogue de New York après un an d’infiltration. Victime d’un coup monté, Yûto est condamné et envoyé à la célèbre prison de Schelger où il devient rapidement la cible des autres détenus. Face à cette situation, Yûto refuse l’aide de son codétenu, Dick Burnford, un homme énigmatique respecté par tous les autres détenus. Quelque temps après son arrivée, Yûto reçoit la visite de Mark Hayden, un agent du FBI venu lui proposer sa libération s’il arrive à retrouver Corvus, le mystérieux leader d’un groupe terroriste.

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Taifu Comics que je remercie !

Impressions :
Ce manga publié chez Taifu Comics est l’adaptation d’une série de trois light novel sortis au Japon en 2006-2007 et qui a connu son petit succès. Le manga qui s’en inspire ne compte pour l’instant que deux volumes, celui-ci semblant être en pause depuis un petit bout de temps au pays du soleil levant. Il s’agit d’un shônen-ai, donc une romance h/h assez soft qui met en scène un ancien agent de la brigade des stups, injustement accusé du meurtre de son partenaire et condamné à une lourde peine de prison. Dans ce premier tome, où l’on découvre les premiers pas de Yûto dans la prison de Schelger, les deux auteures mettent en place les différents acteurs et la scène principale : l’enfer carcéral.

  L’univers carcéral est très bien rendu. Les auteures prennent le temps de nous introduire les règles qui régissent la prison avec ses blocs divisés en ethnies et toujours à couteaux tirés. En gros, pour survivre à sa peine, mieux vaut se rapprocher de son groupe racial et lui demander protection. Ou alors faire montre d’une certaine violence et de beaucoup de cran. Les viols sont courants, surtout chez les nouveaux venus et les beaux éphèbes. Alors certes, on pourrait craindre du graveleux le manga étant shônen-ai mais pas du tout. Saki Aida insiste plus sur le climat de tension constant qui règne dans la prison que sur des scènes graphiques à tendance voyeuriste. En gros, pas d’inquiétude si vous êtes choqués par les relations homosexuelles, ce premier tome est loin de l’univers de la série tv Oz.

  L’intrigue mise en place est intéressante, même si pour l’instant on ne fait que l’effleurer. Ce premier tome fait la part belle aux personnages, à leurs interactions et à la découverte de la vie dans une prison. Shônen-ai oblige, les personnages sont pratiquement tous jeunes et beaux (même l’agent du FBI avec lequel Yûto passe un marché) mis à part quelques seconds rôles. Dommage, ça casse un peu la crédibilité même si forcément c’est plus plaisant à regarder. Le trait de Yuh Takashina est très fin, un peu aérien, les cases sans vides notoires. Yûto est un peu fade pour l’instant, je le trouve un peu passif malgré ses beaux discours. Le personnage de Dick est plus intrigant, on se demande ce qu’il cache et s’il a quelque chose à voir avec le fameux Corbus. En bref, un premier tome intéressant, qui pose les bases de l’intrigue et qui rend assez fidèlement le quotidien dans une prison (bon, à part les sisters quand même…). Curieuse de lire la suite !

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Paul BEORN – Le Septième guerrier-mage

le septième guerrier-mageIllustration de couverture : Marc Simonetti
Date de parution : 20/05/2015
Editions : Bragelonne
ISBN : 978-2-35294-837-7
Nbr de pages : 524
Prix constaté : 25€

Résumé :
J’ai pillé, brûlé, tué. Puis j’ai déserté l’armée la plus puissante du monde. Je voulais être libre, vivre la belle vie loin de cette foutue guerre… Mais voilà que je dois défendre un village de paysans contre cette même armée dont je portais les couleurs. Des milliers de soldats sont en marche. Former des combattants, monter des fortifications, trouver des armes… Ces culs-terreux croient dur comme fer que je porte le pouvoir d’un Guerrier-Mage.
Moi, je ne donne pas cher de nos peaux. Mais il y a au moins une personne dans cette vallée que je ne pourrai jamais abandonner, alors j’irai jusqu’au bout. Mon nom, c’est moi qui l’ai choisi : je suis Jal, celui-qui-ose.

Impressions :
Paul Beorn est un auteur français dont j’avais entendu beaucoup de bien et que je voulais découvrir. Son dernier roman sorti chez Bragelonne étant un oneshot et le résumé étant intrigant, j’ai sauté sur l’occasion lorsqu’il a été proposé en partenariat chez Livraddict. Que dire de ce gros roman de fantasy classique qui se déroule en vase clos ? Déjà que malgré l’intrigue des plus traditionnelles (on est en présence d’un récit de type fantasy épique médiéval), l’auteur maitrise très bien son sujet et le roman se dévore avec une facilité déconcertante. Batailles épiques, découverte de dons cachés, compagnonnage, magie omniprésente, passé oublié, dieux jaloux, tous les ingrédients sont réunis pour nous faire passer un bon moment. Si le roman ne nous permet pas de voyager, l’histoire se déroulant dans une vallée encaissée loin de tout, le récit n’en est pas moins mouvementé et plutôt bien mené entre chassé-croisé de souvenirs d’enfance et réalité déconcertante.

  Le franc-parler du héros m’a beaucoup plu, on a l’impression de côtoyer un vieux camarade qui ne fait pas dans la sensiblerie… du moins de prime abord, car on se rendra vite compte qu’il n’en est rien. Sous ses faux airs de solitaire égoïste se cache quelqu’un de fidèle en amitié et qui possède un grand sens du devoir. Les relations qui se nouent peu à peu entre les compagnons est le gros point fort du roman vu que tout tourne autour de cette relation si spéciale de compagnonnage et de cercle, dont la puissance magique dépend. Amour, amitié, ressentiment, jalousie, méfiance, « Le septième guerrier-mage » brasse de nombreux sentiments, Paul Beorn ayant à cœur de confronter les émotions enfouies de ses personnages. C’est un jeu de dupes où les apparences sont trompeuses. Jal se fait balader entre la promesse qu’on lui a imposée, son sens du devoir et son passé de soldat impitoyable qui semble bizarrement ne pas lui correspondre.

  Le récit est construit de manière à introduire une part de suspense, des bribes de souvenirs enfouis de l’enfance de Jal s’immisçant dans le présent. On découvre ainsi au compte-goutte les raisons qui se cachent derrière son amnésie. Qui est ce mystérieux maitre ? Pourquoi l’a-t-on enlevé lorsqu’il était enfant ? Qu’a-t-il de si particulier ? La magie évoquée repose sur l’idée d’un cercle de magie dans lequel pourrait puiser le magicien pour lancer des sorts et même pour transférer la force vitale d’un compagnon à l’autre. Le principe est plutôt ingénieux et bien exploité. J’ai trouvé cependant qu’il y avait trop de facilités, les personnages guérissant de blessures mortelles commodément, les choses se passant avec trop de « le hasard fait bien les choses ». Sur le passé de Jal et son enfance, j’aurais aimé en savoir plus. De même que sur la guerre que se livre les deux camps qui n’est pas clairement expliquée. Dommage. Néanmoins un bon petit oneshot et un auteur à suivre.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Bragelonne, que je remercie.

Scott McCLOUD – Le Sculpteur

le_sculpteurTitre original : The Sculptor (2015)
Date de parution : 18/03/2015
Editions : Rue de Sèvres
ISBN : 978-2-36981-124-4
Nbr de pages : 496
Prix constaté : 25€

http://www.gillesparis.com

Résumé :
David Smith consacre sa vie à l’art – jusqu’à l’extrême. Grâce à un pacte avec le diable, le jeune artiste voit son rêve d’enfance réalisé : pouvoir sculpter tout ce qu’il souhaite, à mains nues. Mais ce pouvoir hors norme ne vient pas sans prix… il ne lui reste que 200 jours à vivre, pendant lesquels décider quoi créer d’inoubliable est loin d’être simple. D’autant que rencontrer l’amour de sa vie le 11ème jour ne vient rien faciliter !

Impressions :
Quelle claque ! Ce roman graphique possède une telle puissance narrative, on touche à la perfection. Voilà c’est dit ! C’est un véritable tourbillon d’émotions qui nous agrippe à la lecture de cette réécriture du mythe de Faust. De l’Art porteur, plus important que la vie et pourtant… Ces 500 pages de pure poésie où l’Art filtre par les sentiments (ou bien est-ce le contraire ?) m’ont chamboulé comme jamais. Cet artiste en manque d’inspiration, que le génie semble avoir abandonné, est touchant par sa fragilité. Quand son oncle décédé apparait pour lui proposer d’échanger le restant de sa vie pour 200 jours de création illimitée, il n’hésite pas une seconde. Seul, son Art étant au centre de sa vie, qu’a-t-il à perdre ? Mais c’est là que sa muse apparait, une jeune femme vulnérable qui a besoin de lui autant qu’il a besoin d’elle…

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  La mise en page est audacieuse, elle nous emporte dans le décompte mortel qui nous fait vibrer en accord avec David Smith. On tourne les pages avec angoisse, espérant un retournement de situation qui permettrait un happy-end. Scott McCloud parvient à nous faire ressentir la tension omniprésente du récit mais aussi à nous émouvoir. Un pacte passé avec le diable pour retrouver l’inspiration et laisser son empreinte sur le monde quitte à en mourir, c’est du déjà-vu mais c’est si bien orchestré qu’on en oublie ses prédécesseurs. Les sculptures imaginées par David sont une représentation des moments clé de sa vie, une rétrospective de ces petits instants insignifiants qui l’ont marqué à jamais. Cette intimité soudaine que l’on partage avec le héros nous prend à revers. Je ne m’attendais pas à me sentir aussi concernée par cet artiste sans le sou. Et pourtant…

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  Visuellement, ça en jette. Les teintes de noir et de bleu dans lesquelles sont rendues les planches permettent à Scott McCloud de nous immerger dans un univers onirique où tout est possible. Des sculptures jaillissent des trottoirs, des immeubles, des murs. Les objets du quotidien perdent leur matière et se transforment en exutoire à la colère enfouie de David. C’est renversant. L’œuvre véhicule également tout un tas de sentiments qui nous secoue. Le grand amour, l’amitié trouvent chacun un écho dans l’Art de David. Chaque détail détient sa portée symbolique et la fin nous laisse émue jusqu’aux larmes face à l’œuvre majeure de l’artiste. Un incontournable !

Verdict : Indétrônable

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