Titre original : Unholy night (2012)
Date de parution : 02/04/2014
Editions : J’ai Lu
Collection : Nouveaux Millénaires
ISBN : 978-2-290-07098-7
Nbr de pages : 377
Prix constaté : 18€
Résumé :
Le Spectre d’Antioche, le cauchemar de Judée, l’épine dans le pied d’Hérode. Balthazar s’est vu attribuer bien des surnoms, alors qu’en vérité, il n’est qu’un voleur un peu plus ambitieux et un peu plus chanceux que les autres. Cette fois, pourtant, trop d’ambition et trop peu de chance l’ont mené directement dans les cachots de Jérusalem, où il rencontre Gaspard et Melchior, deux bandits de grand chemin qui doivent eux aussi être exécutés au matin.
Mais Balthazar a un plan. Un plan qui finira par les conduire à Bethléem dans une certaine étable, où se cache une certaine famille, alors que brille dans le ciel une certaine étoile. Oubliez tout ce que vous croyiez connaître sur la Nativité et laissez-vous embarquer pour une grande aventure pleine de bruit et de fureur à travers la Judée de l’an 1 !
Impressions :
En tant que fan de mythologie et de mythes en tous genres, la lecture du synopsis du roman de Seth Grahame-Smith ne pouvait que m’interpeller. Le mythe de la nativité revisité, rien que ça ? Avec une autre vision des rois mages et de la naissance de Jésus ? Je prends ! Il fallait oser quand même, s’attaquer à ces grandes figures de la religion chrétienne, c’est prendre des risques. Avant de lui (ou de me) jeter la première pierre, sachez ceci : ce roman ne choquera pas le catholique comme le « Da Vinci Code » par exemple, le propre de l’auteur n’étant pas de détruire un mythe, mais plutôt de lui trouver un ton et de lui donner une autre « réalité ». Si le roman est âpre et sans concessions, il n’en est pas pour autant « trash » ou impitoyable avec la chrétienté, donc on respiiiiiire un grand coup et on y va !
L’histoire de base étant déjà barbare en soi (Hérode exigeant la mort de tous les enfants de moins de deux ans de peur que l’enfant d’une prophétie détruise son empire), le parti-pris de l’auteur de faire de cette réécriture un récit guerrier m’a semblé plutôt logique. Si la violence vous dégoute, les nombreuses scènes avec membres tranchés et geyser de sang à l’appui ne seront sûrement pas à votre goût. Le récit est destiné à un public adulte, à l’estomac bien accroché. Certes l’auteur n’y va pas avec le dos de la cuillère, loin de là. Entre les exécutions (courantes à l’époque, celles-ci s’apparentant à un spectacle) et les tortures (monnaie courante aussi, charmante époque !), difficile de reprendre son souffle. Il faut dire que le contexte ne prête pas à tempérer cet aspect, car comme je le disais plus tôt, l’époque était brutale, on vous coupait la main pour un bout de pain volé…
Heureusement, la narration se concentre sur un seul personnage, qui est au centre du récit et permet ainsi à Grahame-Smith de rendre son histoire supportable. Balthazar, l’un des trois mages, est en quelque sorte le héros de ce roman, et c’est à travers le prisme de son existence que l’on revit cette période très noire de la chrétienté. Le roman débute tout en douceur, en nous introduisant un voleur dont le nom est sur toutes les lèvres mais que personne n’a jamais réussi à apercevoir, « Le spectre d’Antioche ». Celui-ci n’est autre que Balthazar, qui nous raconte sa fuite suite à un vol qui a mal tourné. Le début est très cocasse, et Balthazar, en bon orateur, nous embarque avec lui avec aisance et faconde. La rencontre avec les autres « rois mages » et leur évasion spectaculaire et sanglante, a quelque chose de jubilatoire et d’ironique, par rapport à l’histoire originelle. La raison pour laquelle ces trois-là se retrouvent en possession d’or, de myrrhe et d’encens (les cadeaux offerts lors de la naissance de Jésus) est une jolie pirouette (l’auteur a vraiment peaufiné les détails).
En quelque sorte, cette histoire faisant cas d’une prophétie et d’une fuite face à des ennemis qui veulent la mort d’un sauveur, on peut comprendre pourquoi l’auteur s’y est frotté. On retrouve les éléments les plus courants de la fantasy, avec des soldats, des guerriers, de la magie (eh oui !) et même un grand méchant, que l’on vient à exécrer. Oui, le mot est fort, mais j’ai rarement rencontré personnage aussi horrible et perfide qu’Hérode, qui instille le malaise tant il est répugnant physiquement et mentalement. Pas beaucoup de nuance de ce côté-là, il faut bien admettre, mais le personnage historique a bien fait assassiné sa femme et certains de ses enfants alors… On retrouve également dans le roman, d’autres personnages connus comme Marie et Joseph bien sûr, mais aussi Ponce Pilate et l’empereur Auguste. L’auteur croise certains traits de caractère de ces protagonistes pour en faire quelque chose de personnel, qui colle plutôt bien à l’histoire.
Comme je l’ai signalé plus tôt, ce roman met surtout en lumière le personnage de Balthazar et relate l’histoire de la rencontre entre Marie et Joseph avec les rois mages et la manière dont ils les ont aidés à fuir la Judée. A l’aide de nombreuses ellipses temporelles et de flash-backs révélateurs, on découvre petit à petit qui est vraiment Balthazar, pourquoi il recherche un certain médaillon et pourquoi il a si peu foi en Dieu. Son histoire est déchirante et sa personnalité, intrépide, juste mais aussi extrêmement loyale, m’a beaucoup plu. Le récit possède une bonne dose de suspense, d’action, on ne s’ennuie pas une minute. Les éléments ré-inventés collent parfaitement au mythe originel et la fin est efficace, la boucle étant bouclée avec l’épilogue. Bref, emballée par ce mythe revisité et par son personnage mis en lumière qui se révèle attachant, malgré une violence latente.
Verdict : Avec les honneurs

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