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Michel HONAKER – Le Val de la morte embrassée

valParu le : 02/10/2013
Edition : Flammarion Jeunesse
ISBN : 978-2-08-128665-8
Nbr de pages : 265
Prix constaté : 13€

Résumé :
Jubella, une jeune journaliste, n’y croyait pas avant de rencontrer Lord Denholm, ancien magnat de la presse aujourd’hui retranché dans son manoir. Alors qu’il lui accorde une interview exclusive, Lord Denholm lui dévoile un secret : des individus sont capables de ramener des morts à la vie grâce à un simple baiser. Folie ? Mensonge ? Le lendemain de cette révélation, il meurt mystérieusement. Jubella se lance alors dans sa propre enquête.

Impressions :
   Michel Honaker est un auteur jeunesse très prolifique. J’ai d’ailleurs sa trilogie « Terre noire » qui m’attend bien sagement dans ma PAL. Le val de la morte embrassée est un tome unique qui se lit très vite. D’une part parce que l’histoire est prenante, d’autre part parce que le roman est très court. L’intrigue mélange aventure, conte de fées (dans une moindre mesure) et une enquête à propos d’un mystérieux tableau (dont le titre est celui du roman justement). Roman jeunesse oblige, l’auteur va à l’essentiel et le récit progresse sur des chapeaux de roue. Si ce procédé permet au récit de tenir un bon rythme, le suspense étant de la partie, il a également le revers de ne pas assez délayer l’univers. Ce qui est fort dommage, car non seulement il y a matière à étoffer le récit mais en plus l’histoire est des plus sympathiques.

  Le personnage de Jubella, journaliste en herbe, est volontaire et énergique, on la suit dans ses péripéties avec beaucoup de plaisir. J’ai apprécié que celle-ci ait plus d’un tour dans son sac et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Petit problème, elle prend pour argent comptant certaines révélations et j’ai été plus qu’étonnée de ne pas la voir s’affoler ou se poser des questions plus que ça. Le mystère qui enveloppe Lord Denholm et ses étranges « pouvoirs » nous tiennent en haleine un bon moment jusqu’à l’apparition des Vicaires et leurs drôles de machines. On nage dans un bain mi-fantastique, mi-SF, plutôt bien rendu.

  La singulière compulsion exercée par le fameux tableau reste selon moi, le point fort du roman. Je regrette tout de même, encore une fois, que l’auteur n’aille pas au fond des choses et ne nous en apprennent pas plus sur le procédé des princes charmants et de leurs éveillées à travers les âges. Sur son mécanisme, et sur ses répercussions sur lesdites éveillées. Je voulais en savoir plus que diable ! C’était intéressant ! Enfin, dernier regret : on n’apprend bien peu de choses sur la mère de Jubella qui reste entourée d’une aura de mystère. Pourquoi a-t-elle été choisie finalement ? On nous laisse dans le flou. Dommage encore une fois. La fin, clin d’oeil aux contes de fée, plaira aux jeunes filles en fleur. Symapthique.

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

Roddy DOYLE – 3 femmes et un fantôme

3-femmes-&-1-fantômeTitre original : A greyhound of a girl (2011)
Paru le : 11/09/13
Editeur : Flammarion
Collection : tribal
ISBN : 978-2-08-124409-2
Nb. de pages : 220 pages

Résumé :
Emer, la grand-mère de Mary est sur le point de mourir. Apparaît alors le fantôme de son arrière-grand-mère, morte dans les années 1920 : elle a un message à faire passer à Emer et souhaite la soutenir dans cette dernière épreuve. La mère de Mary va les aider. Toutes les quatre entament alors un road-trip délirant à travers l’Irlande vers la maison de famille abandonnée.

Impressions :
Roddy Doyle est un auteur qui jouit d’une certaine renommée et dont vous avez sûrement entendu parler d’une manière ou d’une autre. Trois de ses romans ont été adaptés au cinéma (The Commitments, ça vous parle ?) et il a été finaliste de nombreux prix littéraires.

  3 femmes et un fantôme est un tout petit livre (à peu près 200 pages écrit large) mais dont l’impact final est grand. L’espace de quelques heures, le lecteur est transporté au côté de quatre générations de femmes, dans une suite de souvenirs teintés d’une douce nostalgie. Le ton est très émouvant mais aussi férocement drôle et touche notre corde sensible sans pathos ni mièvrerie. Le récit, qui se concentre principalement sur les dialogues dynamiques, bénéficie d’un caractère doux-amer apporté par la thématique certes triste mais animée par les réparties mordantes de la benjamine de ce groupe de femmes, Mary. Celle-ci, qui ne cesse de dire à tout bout de champs qu’elle n’est pas insolente, n’a pas la langue dans sa poche. Les interactions entre les 4 femmes sont savoureuses et tendres aussi. J’ai particulièrement ri quand l’arrière-grand-mère de notre quatuor rabroue les manières de sa fille qui parle à sa propre fille sur un ton « insolent ». Quelle drôle de situation !

  Roddy Doyle a eu la bonne idée d’alterner entre les réminiscences d’une génération à l’autre, les chapitres revenant parfois sur l’enfance de la grand-mère puis sur celle de sa fille. On ne voit donc pas les unes et les autres à travers le seul prisme du présent. A savoir qu’elles ne se cantonnent pas dans un rôle de grand-mère ou de mère ou de fille, mais on bénéficie d’une vue d’ensemble. On voit la petite fille qui se cache derrière cette vieille femme qui se meurt mais aussi la mère aimante cachée derrière cette apparence de fantôme. Le roman, même s’il touche à la mort et un bel hommage aux vivants et aux souvenirs que l’on laisse derrière soi, une fois notre existence finie. L’auteur nous renvoie ainsi un beau message, tel que la mort n’est pas une fin en soi si l’on a quelqu’un qui se souvient de nous. Et nos êtres chers ne nous quittent jamais complétement. Ils vivent à travers notre mémoire.

  Bref, un récit pétri de bons sentiments, de candeur, de nostalgie et de grands éclats de rire entre quelques larmes versées. A découvrir sans tarder.

Verdict : Avec les honneurs

rock

Annelise HEURTIER – Sweet sixteen

sweet-sixteenEdition : Flammarion Jeunesse
Paru le : 29/03/2013
ISBN : 978-2-203-06854-4
Nbr de pages : 217
Prix constaté : 12€

Résumé :
Rentrée 1957. Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neuf à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.

Ce que j’en ai pensé :
Ca faisait longtemps que je n’avais pas lu un petit bouquin historique et le sujet de « Sweet sixteen » me tenait vraiment à cœur. Très court, le roman nous relate les faits qui se sont produits lors de l’ouverture des établissements scolaires aux étudiants noirs, qui étaient précédemment reléguer dans des écoles « spéciales ». La ségrégation de l’époque était vraiment révoltante et Annelise Heurtier, le temps de quelques centaines de pages, nous fait vivre les heures et mois d’angoisse qu’ont subi ces huit étudiants au nom de l’ égalité. Un beau combat semé d’embûches et qui soulève le cœur quand l’on pense que ces faits se sont passés il y a moins de 50 ans. Le récit est poignant de bout en bout, bien qu’un peu trop succinct peut-être, le sujet ayant mérité un plus ample développement. Documenté et parsemé de faits réels, le tout est romancé juste ce qu’il faut pour nous tenir en haleine.

  Les réactions des « blancs » sont juste immondes et j’ai toujours du mal à croire que des êtres puissent être si odieux et haineux envers leurs semblables. Oui, leurs semblables. Et pas des animaux ou des sous-êtres comme semblait le croire le Sud profond de l’époque. Tout ce système à deux vitesses était une aberration, les blancs étant dégoûtés que des noirs puissent manger à leur table mais pas qu’ils préparent leur nourriture… Le combat de ces jeunes étudiants qui ne voulaient qu’obtenir les mêmes chances de réussite pour tous, semble presque irréel quand l’on voit des soi-disant mères de bonne famille monter au créneau jusqu’à en devenir violentes. Ce qui commençait par des brimades et des humiliations, a tôt fait d’escalader en agressions verbales et physiques (coups de fils abjects, jets de pierre dans les fenêtres, intimidations dans les couloirs, etc.).

  Annelise Heurtier, par une plume limpide et concise, réussit à nous immerger dans l’ambiance oppressante de l’époque. La narration à deux voix apporte un effet miroir du quotidien de deux lycéennes (noire et blanche) dans la tourmente. Molly, l’étudiante noire, m’a beaucoup émue par sa détermination et son intégrité. Jusqu’au bout, elle n’abandonne pas, même lorsque son combat vient à briser le plus beau moment de sa vie de jeune fille, son seizième anniversaire, le fameux « sweet sixteen » si important aux Etats-Unis. Rejetée de tous, blancs comme noirs qui lui en veulent de ne pas rester à sa place, la jeune fille se repose sur sa famille et ne se laisse pas abattre. Comment ne pas être émue aux larmes par ce personnage inspiré d’une jeune fille réelle et qui a eu à subir tant de vexations ? L’envers du décor, ou l’autre face d’une même pièce, est apporté par Grâce, une jeune fille blanche qui fait sa rentrée en même temps que les huit étudiants, et dont la lente prise de conscience ajoute à notre révolte. Quand elle se décide enfin à tendre la main vers Molly, dégoûtée par ce racisme ambiant, on lui en fera payer le prix fort. Ponctué de faits historiques, le récit est en quelque sorte une vitrine de l’époque et un devoir de mémoire envers un combat qui est, malheureusement loin d’être fini… Un livre que je me verrais bien conseiller dès le collège.

Verdict : Avec les honneurs

rock

Chris DEBIEN – Black Rain, saison 1, E3-4

Black-Rain-2Illustration de couverture : Pascal Quidault
Paru le : 07/11/12
Edition : Flammarion
Collection : Jeunesse
Nbr de pages : 295
Prix constaté : 15€

Résumé :
Depuis que Charles est mort, le Centre vit au ralenti. Les Insoumis décident de comprendre ce qui a pu « griller » Charles dans l’Inside. Seule solution, charger une dernière séquence virtuelle et plonger à la recherche de l’assassin de leur ami. Mais ils ne seront pas seuls dans cette nouvelle aventure, un allié inattendu leur vient en aide : Max, le génie de informatique qui a conçu le programme. Si le professeur Grüber se fait discret au Centre, on replonge dans ses souvenirs et ce que l’on apprend de son passé fait froid dans le dos.

Ce que j’en ai pensé :
Le premier tome de ce cycle étant un coup de cœur et la fin nous laissant avec moult interrogations, j’avais vraiment hâte de me (re)plonger dans l’Inside ! Ce qui, forcément, plaçait la barre haute face aux nombreuses attentes fournies par le scénario, complexe mais prenant. Heureusement, ce second tome fut tout à fait à la hauteur de la première « saison », l’intrigue nous révélant une fois encore, quelques surprises.

  D’abord côté personnages, le mystérieux Dr Grüber, que l’on avait quelques difficultés à cerner dans le premier tome (bon ? mauvais ?), prend une place vraiment importante dans l’intrigue. C’est d’ailleurs par lui que se présente le plus joli rebondissement de ce deuxième tome ( à popos de sa fille, mais chut ! pas de spoil) et j’avoue que l’auteur a réussi à me mener par le bout du nez sur ce coup-là. Max, le génial concepteur de l’Inside, qui restait une figure fantomatique jusqu’ici, finit par s’impliquer auprès des jeunes Insoumis, qui n’ont jamais été autant en danger. De nouveaux personnages font aussi leur apparition (malades et médecin) qui auront leur rôle à jouer dans l’avancée de l’intrigue. Le passé d’Adam, quant à lui, refait surface, et le voile de mystère entourant l’adolescent se lève juste ce qu’il faut pour mieux nous immerger dans le récit.

  La structure narrative du tome reprend le même schéma que pour la première saison, on retrouve donc les épisodes séparés par des intermèdes musicaux et des planches type mangas avec le personnage toujours énigmatique de la Yuki-Onna et le décompte des minutes fatidiques. Mon conseil, bien évidemment, c’est d’écouter les morceaux présentés par l’auteur, la trame ne s’en montrant que plus immersive ! (Bizarrement, je trouve aussi que les riffs du néo-métal rendent bien compte de l’ambiance glauque et surréaliste de l’Inside !).

  L’aspect SF est plus que jamais présent et on en viendrait presque à glisser doucement vers la folie comme Adam et ses alter egos. Chris Debien sait rendre à merveille l’atmosphère angoissante qui se dégage de Black Rain par sa plume incisive, c’est le point fort de l’auteur selon moi. Le pari fou pris par l’auteur de nous emmener dans le quotidien, certes fantastique (mais pas tant que ça, quand on lit les notes de l’auteur en fin de tome), de jeunes ados placés en unité psychiatrique, se révèle des plus réussis ! Je ne dirais qu’une chose : « Vite, vite, la suite » (bis) !

Verdict : Nuit Blanche

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Elliot SKELL – La maison Sans-Pareil, tome 1 : L’oiseau noir

la-maison-sans-pareil-1Titre original : Neversuch House, book 1 : Night of the Black Condor (2011)
Edition : Flammarion
Broché paru le : 06/06/12
ISBN : 978-2-08-125393-3
Nb. de pages : 352 pages
Prix constaté : 13€

Résumé :
La maison sans-Pareil est une vaste demeure capable de loger une ville entière : la famille Capelan vit en totale autarcie, chacun est libre de poursuivre les passions de son choix. Un jour, Omnia aperçoit une ombre noire qui rôde autour de la maison. Omnia découvre alors que de nombreux secrets sont bien gardés et que derrière les grands murs de la maison, rien n’est vraiment tel qu’il le paraît…

Ce que j’en ai pensé :
Voilà un petit roman jeunesse comme je les aime, plein de vivacité et au ton gentiment irrévérencieux. Bien qu’axé jeunesse, ce premier tome devrait plaire aux lecteurs de tout âge tant par sa drôlerie que par son petit côté loufoque qui surprend si on ne le prend pas au second degré ! Enfin un roman fantastique qui porte bien son nom. Eh oui, ici, ne vous attendez pas à ce que les lois de de la nature s’appliquent ! Le lecteur baigne dans une ambiance extraordinaire (dans le sens premier du terme) et les bizarreries s’accumulent pour notre plus grand plaisir.

  La maison Sans-Pareil est une bâtisse hors du commun, qui défie les lois de la gravité et dont les habitants n’ont rien à envier niveau excentricité. Les membres de la maisonnée sont tous plus farfelus les uns que les autres, et notre jeune héroïne, Omnia, est certainement la plus « normale » d’entre eux. Celle-ci est d’ailleurs très attachante, avec son franc-parler et sa curiosité qui la pousse à questionner le fonctionnement de la maison. On suit avec intérêt ses pérégrinations et ses découvertes, l’aventure et le suspense étant au rendez-vous.

  Ce qui rend la narration étonnante en son genre, ce sont les interpellations faites au lecteur et ce style « conté » qui s’adresse directement à celui-ci, de manière à le faire participer à l’intrigue. On se retrouve vite happé par cette histoire abracadabrantesque, et on ne voit pas les pages défiler. La galerie de personnages est assez impressionnante, la famille étant fort nombreuse et on découvre chaque personnalité et sa « tocade » avec pas mal de dérision. Personnellement, je me suis beaucoup amusée à la lecture de ce premier tome. Sans compter que le récit suit un fil conducteur, un mystère qui se cache au sein de la maison, et que révélations et complots sont au programme.

  Bref, une jeune héroïne à la langue bien pendue, des aventures en veux-tu-en-voilà, des personnages haut en couleurs et un ton sciemment désuet, font de ce premier tome un vrai plaisir. Voilà un récit pas ordinaire que je conseillerai aux enfants à partir de 10 ans, car il saura retenir leur attention et les emmener dans le monde farfelu de la maison Sans-Pareil.

Verdict : Bonne pioche

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