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Tod GOLDBERG – Gangsterland

gangsterlandTitre original : Gangsterland (2014)
Date de parution : 04/05/2016
Editions : Super 8
ISBN : 978-2370560407
Nbr de pages : 458
Prix constaté : 20€

Résumé :
« Liquider des agents du FBI est le meilleur moyen de s’attirer des emmerdes. » Tueur à la solde de la mafia de Chicago, le très professionnel Sal Cupertine aurait dû faire graver cette devise sur la crosse de son 9 mm. A présent, il est un peu tard : il en a abattu trois. Eu égard à ses états de service, ses employeurs décident cependant de lui laisser une seconde chance. Transféré dans un camion réfrigéré, notre tueur est savamment exfiltré vers le Nevada.

Quelques opérations chirurgicales plus tard, Sal Cupertine n’existe officiellement plus : il a laissé la place au rabbin David Cohen, officiant à Las Vegas au sein de la très respectable synagogue Beth Israel. Nouvelle identité, nouvelle vie. Désormais capable de citer des passages entiers de la Torah, l’ancien tueur ne tarde pas à se prendre au jeu. Mais ses employeurs, qui utilisent le cimetière voisin pour leurs petites magouilles, n’en ont pas fini avec lui, et le FBI n’est pas en reste : l’agent Jeff Hopper, en effet, a juré de venger la mort de ses trois collègues. Bandit d’un côté, homme de Dieu de l’autre, Sal ne va pas s’en tirer si facilement !

Impressions :
« Gangsterland », c’est l’union entre le rire et le cynisme, entre le monde des malfrats et celui de la communauté juive. Un cocktail explosif qui n’est pas sans rappeler la série tv « Lilyhammer » ou les films de gangsters comme « Les affranchis ». Avec son anti-héros truculent, qui se décrit lui-même comme un psychopathe étant donné le domaine de sa profession : tueur à gage pour la mafia. Un tueur qui devra se faire passer pour un rabbin suite au meurtre de trois agents fédéraux infiltrés, meurtres qui feront de lui l’ennemi public numéro un. Bien qu’exilé pour se faire oublier, « la famille » n’est jamais loin et Sal, notre tueur grimé, n’aura pas l’occasion de prendre une retraite anticipée…

  Le récit de Todd Goldberg est à lire au second degré. Quand le héros vous explique que tuer quelqu‘un d’une balle dans la tempe est trop salissant et qu’il se lance dans les méthodes les plus efficaces pour parvenir à ses fins, vous savez qu’il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre. Sinon, gare aux nausées ! Non, ici, le récit nous entraine dans un monde désenchanté, entre les paillettes de Las Vegas et ses magouilles, entre les prêches à la synagogue et les combines au crématorium, tout n’est qu’apparence et faux-semblants. Le décalage existant entre les considérations philosophiques et religieuses de David (sa nouvelle identité de rabbin) et Sal, le tueur à gage implacable qui nous brosse le portrait de son « métier » avec force détails, est ce qui rend la narration si addictive.

  Bien que Sal soit sans pitié, on éprouve une étrange empathie envers lui, comme si le fait qu’il nous mette dans la confidence faisait de nous un allié en quelque sorte. Son quotidien de tueur, avec sa méthodologie et son histoire, devienne dans sa bouche quelque chose de trivial, un boulot lambda. Le fait qu’il possède une certain « éthique » (il ne tue ni les femmes ni les enfants et s’arrange pour ne zigouiller que les pourris et les véreux) et qu’il tienne à sa femme et à son fils comme à la prunelle de ses yeux nous le rendent tout de suite plus « sympathique » pourrait-on dire. Sa lucidité et son cynisme apporte le ciment de cette histoire loufoque, pleine de suspense et de rebondissements. On se demande comment il va s’en tirer et si l’agent du FBI à sa poursuite réussira à le retrouver. Un roman qui dépote !

Verdict : Bonne pioche

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Michael F. SMITH – Une pluie sans fin

une pluie sans finTitre original : Rivers (2013)
Date de parution : 07/05/2015
Editions : Super 8
ISBN : 978-2-37056-025-4
Nb. de pages : 439
Prix constaté : 20€

Résumé :
Après des années de catastrophes écologiques, le sud des États-Unis, de la Louisiane à la Floride, est devenu un véritable no man’s land. Plutôt que de reconstruire sans cesse, le gouvernement a tracé une frontière et ordonné l’évacuation de la zone. Au sud de la Ligne se trouve désormais une zone de non-droit ravagée par les tempêtes et les intempéries incessantes – sans électricité, sans ressources et sans lois.
Cohen fait partie des rares hommes qui ont choisi de rester. Incapable de surmonter la mort de sa femme et de l’enfant qu’elle portait, il tente tant bien que mal de redonner un sens à sa vie, errant sous une pluie sans fin. Des circonstances imprévues vont le mettre en présence d’une colonie de survivants, menée par Aggie, un prêcheur fanatique hanté par des visions mystiques. Celui-ci retenant contre leur gré des femmes et des enfants, Cohen va les libérer et tenter de leur faire franchir la Ligne. Commence alors un dangereux périple à travers un paysage désolé, avec pour fin l’espoir d’une humanité peut-être retrouvée.

Impressions :
Un roman présenté comme un croisement entre Mad Max 2 et La Route, il n’en fallait pas plus pour titiller ma curiosité et me donner envie de découvrir ce nouveau post-apo publié chez Super 8. S’il y a bien quelques similitudes avec le roman de McCarthy, on est loin d’un Mad Max, la présence de pillards n’étant pas une raison suffisante pour y trouver une quelconque ressemblance. Bien que le postulat de départ soit plutôt intéressant – tout le territoire Sud des Etats-Unis inondé par des eaux diluviennes, proie de conditions météorologiques catastrophiques qui coupent le pays en deux – j’ai trouvé l’ensemble plutôt ennuyeux. La faute à un personnage principal trop dans l’introspection, qui se perd dans ses souvenirs et que je n’ai pas trouvé très altruiste au final (malgré ce qui est dit dans la 4ème de couverture, ce n’est pas lui qui délivre ces femmes).

  Ce qui faisait le charme de « La route », c’était cette écriture morcelée, le héros étant brisé moralement, divaguant dans un monde oppressant, responsable de la vie de son fils. Dans « Une pluie sans fin », le héros vit avec ses souvenirs d’un monde stable, de sa famille disparue qu’il essaie de garder en vie en tenant ses promesses, coûte que coûte. Mais loin de trouver de la noblesse dans son comportement, il m’a surtout semblé atavique, replié sur lui-même et j’avoue qu’il m’a plus agacée qu’autre chose. En fait, je crois que c’est l’ensemble des personnages qui ne m’ont pas plu, je n’ai pas réussi à m’y attacher, du coup ce qui leur arrive m’a laissé de marbre. Je n’ai pas compris l’intérêt qu’ils portaient à ce magot enfoui alors que le monde se disloque et que la loi du talion règne. Quand on doit fuir la colère de la Terre sans trouver la moindre commodité, ses proches disparus, le danger régnant à chaque coin de rue, le fric ne me semble pas de la plus haute importance…

  Du coup, j’ai trouvé le roman matérialiste, un brin sexiste (les femmes ne sont bonnes qu’à enfanter et à servir d’esclaves sexuelles) et l’aspect post-apo est plutôt mal exploité au final. Certains personnages disparaissent sans qu’on s’en inquiète plus et la fin m’a paru convenue, l’auteur faisant dans la facilité. Ce qui est dommage car « Une pluie sans fin » possède des passages prenant, les descriptions de cet univers apocalyptique étant bien rendues. On sent le vent siffler à nos oreilles, la terre vibrer sous nos pieds et la fin approcher à petits pas. Si Michael F. Smith avait plus joué avec son univers, le roman aurait pu être grandiose. Mais là, j’ai l’impression qu’il a oublié l’intérêt premier du récit et a essayé de contenter tout le monde (l’avenir ce sont les enfants mais le fric c’est important). OK…

Verdict : Planche de salut

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Edgar CANTERO – Le monde caché d’Axton House

le monde caché d'axton houseTitre original : The Supernatural Enhancements (2014)
Date de parution : 09/04/2015
Editions : Super 8
ISBN : 978-2-37056-024-7
Nb. de pages : 459 pages
Prix constaté : 19€

Résumé :
Âgé d’une vingtaine d’années, A. vient d’hériter d’Axton House, un mystérieux domaine niché dans les bois de Point Bless, en Virginie. A. ignorait avoir un parent éloigné nommé Ambrose Wells qui vivait aux États-Unis, et savait encore moins que le pauvre homme s’est récemment défenestré le jour de son 50e anniversaire, tout comme l’avait fait son père, au même âge, trente ans plus tôt. Accompagné de Niamh, A. va de surprise en surprise. Quel sens donner à ces suicides ? Où est passé le majordome qui s’est enfui le jour de la mort d’Ambrose Wells ? Prenant possession des lieux, Niamh et A. vont tenter de résoudre les nombreuses énigmes auxquelles ils sont confrontés. Quel mystère abrite le labyrinthe du jardin ? Que cachent les pièces secrètes d’Axton House ? Et que penser de cette rumeur qui voudrait qu’à chaque solstice d’hiver, sous le pâle halo lunaire, un mystérieux rassemblement s’y produise ?

Impressions :
Les éditions Super 8 aiment surprendre avec des romans à la frontière de plusieurs genres ou qui ont une approche différente sur un certain thème (exemple avec Déchirés, roman de zombies chez les toxicodépendants). « Le monde caché d’Axton House » est unique dans sa forme, un mélange de conversations rapportées, de compte-rendu de séances, d’articles de journaux et j’en passe. La narration ne se présente donc pas comme un roman conventionnel, mais plutôt comme le travail d’un journaliste (ou d’un enquêteur) qui amasserait des preuves pour son enquête. Ici, des enquêteurs en herbe qui essaient de percer le mystère d’Axton House, une belle demeure qui vient de leur être léguée par un parent éloigné. Maison habitée ou malédiction familiale ? Le roman tente de nous apporter la réponse.

  La forme du roman, bien qu’originale, peut vite devenir difficile à suivre. La faute à certains articles pas forcément passionnants, voire alambiqués, qui nous perdent dans les méandres de cette gigantesque demeure. Pourtant, l’aspect jeu de pistes est plutôt bien pensé, et on finit par se prendre au jeu. Il faut dire que l’auteur a eu le nez creux en intégrant des sociétés secrètes avec ses messages codés et ses noms de code bien retors. De quoi piquer notre intérêt et nous donner envie de connaitre le fin mot de l’histoire. Le mystère entourant la demeure, mortelle pour ses habitants, est suffisamment épais pour nous tenir en haleine sur les 400 et quelques pages du roman. Que cache réellement Axton House ? Maison hantée, société de francs-maçons ou juste une poignée d’énergumènes à l’imagination un peu trop fertile ? La réponse vous déconcertera si vous tenez le rythme.

  La narration, éclatée, est sauvée par les échanges entre les deux héros qui s’envoient allégrement des petites piques. La petite touche d’humour est bienvenue car elle permet de s’attacher à ce couple improbable, une jeune fille muette au look punk et un jeune homme lambda (dont on ne connaitra d’ailleurs jamais le nom). Leur relation est pleine d’ambiguïté car on ne sait pas vraiment si c’est un couple ou juste des amis. La mystérieuse tante Lisa, destinataire de nombreuses lettres qui parsèment le récit, ajoute encore au mystère qui entoure le récit et réduit le nombre des protagonistes participant activement à l’intrigue. L’aspect fantastique de l’histoire se fond délicatement dans la narration et prend le lecteur de court lors du dénouement. Edgar Cantero manie les genres et les structures avec facilité et livre un final abracadabrantesque que ne renieraient pas les maitres du genre.

Verdict : Bonne pioche

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J.C. HUTCHINS & Jordan WEISMAN – Chambre 507

chambre 507Titre original : Personal effects :Dark arts (2009)
Parution : 21/08/2014
Edition : Super 8
Traduction : Valérie Le Plouhinec
ISBN : 978-2-37056-002-5
Nbr de pages : 416
Prix constaté : 20€

Résumé :
Construit en 1875 à New York dans les profondeurs d’une ancienne mine de grès, l’hôpital Brinkvale renferme les criminels les plus extrêmes : trop dangereux pour l’asile, trop déséquilibrés pour la prison. C’est là que Zachary Talylor, thérapeute, doit analyser la personnalité de Martin Grace, afin de déterminer si celui-ci est suffisamment sain d’esprit pour répondre pénalement des crimes dont on l’accuse. Soupçonné de douze homicides, Grace a annoncé à chaque fois aux victimes leur mort imminente. Et les meurtres ont cessé deux ans plus tôt, lorsqu’il est devenu aveugle. Mais l’affaire est délicate, Grace disposant d’un alibi solide pour chacun des meurtres. Dans la chambre 507 de l’hôpital Brinkvale, l’interrogatoire prend peu à peu l’allure d’un jeu aussi dangereux que passionnant ou un esprit hanté, en proie à des visions prémonitoires, comme il veut le faire croire ? Et surtout, pourquoi sait-il tant de choses sur la vie privée de Zachary ? Est-il vraiment là par hasard ?

Impressions :
Après la découverte du très bon « Carter contre le diable », Super 8 nous revient en cette rentrée littéraire avec trois nouveaux titres à la frontière du thriller et du fantastique. « Chambre 507 » nous emmène dans les couloirs d’un hôpital psychiatrique où la folie revêt plusieurs costumes. Le personnage principal, Zachary, est un jeune art-thérapeute qui essaye d’aider à sa manière ses patients à exprimer leurs obsessions. Etonnamment, c’est lui que l’on choisit pour évaluer un cas assez délicat : un tueur en série présumé qui soufrerait d’une cécité psychosomatique. S’engage alors un jeu du chat et de la souris qui poussera Zachary à déterrer des éléments de son passé et à affronter ses peurs les plus profondes.

  « Chambre 507 » génère une atmosphère hasardeuse, qui nous précipite entre hallucination et réalité, avec vue plongeante dans un cerveau dément. Du moins en apparence. Car très vite le doute s’installe : cet aveugle qui se dit poursuivi par une entité noire est-il réellement un tueur sans pitié ou bien ses délires sont-ils plus que le fruit de son imagination ? Pourquoi les gens autour de lui deviennent-ils paranoïaques à son contact ? Et pourquoi l’obscurité semble-t-elle le précéder ? Autant de questions auxquelles Zachary essaiera d’apporter des réponses en poussant son patient dans ses derniers retranchements et en fouillant son passé plus que mystérieux.

  Si les deux auteurs parviennent à établir une ambiance oppressante en ballotant le lecteur entre cauchemar et réalité, ils ont aussi le travers de rester dans le vague, sans jamais aller au fond des choses. Au point qu’une fois la dernière page tournée, on n’est sûr de rien, la narration restant trop nébuleuse par moments. Des propos volontairement évasifs qui ne m’ont pas convaincu. L’intrigue tournant autour du passé tragique de Zachary offrait une piste intéressante, que les deux auteurs n’exploitent pas assez profondément une fois encore. Un choix délibéré étant donné que l’art-thérapeute est devenu le personnage central d’une saga tournant autour de l’hôpital psychiatrique Brinkvale, mais qui m’a surtout agacé parce que j’aurais aimé connaitre le fin mot de l’histoire.

  Le récit de « Chambre 507 » se veut actuel d’où sa narration moderne avec un langage ostentatoire et la nature geek et borderline de ses personnages. On apprécie ou pas, mais il est clair que les auteurs ont voulu dépoussiérer un peu le genre en mettant en scène des protagonistes jeunes mais accomplis. Certaines expressions ou choix de mots m’ont du coup fait tiquer, car les références ne sont pas toujours expliquées, ce qui n’aide pas à la compréhension. Zachary accompagné de son frère et de sa petite amie s’affranchissent des limites imposées ordinairement et n’hésitent pas à contourner la loi quand ça leur chante (hacking, cambriolage). Du coup, la progression de l’enquête sur Martin Grace s’offre des facilités flagrantes, qui desservent un peu le suspense. Dommage car le roman possédait un sacré potentiel qui ne demandait qu’à s’exprimer pleinement.

Verdict : Roulette russe

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Glen David GOLD – Carter contre le diable

gold-carter-contre-le-diableTitre original : Carter beats the Devil (2001)
Date de parution : 17/04/2014
Edition : Super 8
ISBN : 978-2-37056-010-0
Nbr de pages : 810
Prix constaté : 22€
Existe au format numérique pour 12.99€

Résumé :
1923, San Francisco : c’est l’âge d’or du cirque et des magiciens, qui connaissant un succès sans précédent à travers tout le pays. Carter le Grand, l’un des prestidigitateurs les plus célèbres du pays, donne ce soir-là un spectacle exceptionnel devant le président des Etats-Unis, Warren G Harding, qu’il invite sur scène pour participer à l’un de ses stupéfiants numéros. La représentation est un triomphe mais, quelques heures plus tard, le président meurt mystérieusement dans sa chambre d’hôtel.
Sachant qu’il va être suspecté, Carter disparaît afin de mener sa propre enquête. Persuadé que le magicien est dépositaire d’un secret d’une importance capitale, l’agent Griffin, des services secrets, se lance alors à ses trousses. Affronter un génie du trompe-l’œil et de l’illusion tel que Carter ne va pas être chose aisée.

Impressions :
« Carter contre le diable » est un roman atypique, difficile à classer parce qu’il mélange plusieurs genres (historique, thriller, tranche-de-vie, un chouïa de fantastique) sans vraiment s’arrêter sur un domaine particulier. Ce qui aura le don d’en frustrer certains mais d’en captiver d’autres. Pour ma part, j’ai bien accroché à ce melting-pot mais surtout à l’ambiance que réussit à installer Glen David Gold. Avec cette aura de magie, de poudre aux yeux et ce personnage à la destinée tragique et hors du commun, ce roman ne pouvait que me plaire. Le récit lie des faits historiques (Carter le grand étant un personnage ayant réellement existé) à une peinture d’une époque marquée et marquante : les Etats-Unis des années 20-30. On plonge de plein fouet dans la période de la prohibition où les avancées technologiques étaient spectaculaires et l’âge d’or des magiciens était à son apogée. Le public se bousculait pour voir les plus grands prestidigitateurs et ceux-ci rivalisaient d’inventivité pour nous éblouir.

  Glen David Gold est particulièrement brillant lorsqu’il s’agit de nous décrire l’atmosphère de ces shows avec des représentations orchestrées au millimètre, la manière de détourner l’attention du public pour mieux le mystifier et le combat acharné que se livraient en sous-main les magiciens pour être celui qui lançait LE nouveau numéro spectaculaire. Carter, en personnage central du roman, nous est présenté de manière non conventionnelle puisque le récit qui commence par la mort du président Harding et les soupçons qui pèsent sur Carter, intègre de nombreuses ellipses temporelles qui reviennent sur l’enfance du héros et sur la naissance de sa vocation de magicien. On le découvre par le biais de coupures de journaux dont prend connaissance l’agent Griffin (qui mène l’enquête sur le meurtre du président). Malheureusement ces articles de presse ne sont pas toujours très au fait de la réalité et donnent une impression du personnage erroné. Seul le lecteur est conscient de ce qui s’est réellement passé car là où les journaux nous laissent sur notre faim, l’auteur rétablit la vérité par le biais de réminiscences du personnage. Un procédé plutôt ingénieux, qui tient en haleine !

  Le roman ne se concentre pas sur une enquête, comme il est signalé sur la quatrième de couverture un brin trompeuse, mais se penche plutôt sur la carrière et la vie personnelle d’un homme de génie. Bien qu’hanté par plusieurs drames, la magie gravite toujours autour de Carter, depuis sa plus tendre enfance jusqu’à la mystérieuse mort du président Harding. Les personnages secondaires, nombreux, sont croqués avec soin et sont souvent truculents. Entre les agents des services secrets lourdauds qui nous amusent par leur naïveté et leur bêtise et les amis/ennemis de Carter qui auront un impact sur le devenir de Carter, rien n’est laissé au hasard. Le soupçon de suspense intégré à la trame est la touche qu’il fallait pour rendre le roman addictif. Sur 800 pages, jamais le roman n’ennuie, ni ne lasse, au point que je l’ai « avalé » en 3 jours. Un exploit quand on sait que le roman n’est au final, qu’un hommage au monde de la magie et à un des magiciens les plus doués de sa génération.

  En bref, si « Carter contre le diable » offre quelques rebondissements, c’est surtout le portrait de Carter qui fascine et le talent de conteur de Glen David Gold qui nous prend dans ses filets. Un roman « à ambiance » qui sait bousculer le lecteur et le faire passer par toute une palette d’émotions. Une réédition aux petits oignons par la toute jeune maison d’édition Super 8, dont le catalogue promet de bonnes choses !

Verdict : Avec les honneurs

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