Titre original : The City (1952)
Paru le : 18/09/2013
Edition : J’ai Lu
Collection : Nouveaux Millénaires
ISBN ! 978-2-290-07061-1
Nbr de pages : 265
Prix constaté : 16€
Résumé :
Les hommes ont disparu depuis si longtemps de la surface de la Terre que la civilisation canine, qui les a remplacés, peine à se les rappeler. Ont-ils véritablement existé ou ne sont-ils qu’une invention des conteurs, une belle histoire que les chiens se racontent à la veillée pour chasser les ténèbres qui menacent d’engloutir leur propre culture ?
Impressions :
Clifford D. Simak, c’est un auteur de science-fiction assez prolifique, qui a remporté plusieurs prix prestigieux en son temps. Aujourd’hui décédé, les éditions J’ai Lu ont eu la bonne idée de rééditer l’une de ses œuvres les plus célèbres, soit « Demain les chiens ». En plus d’une couverture délirante qui donne le ton du roman, je dois dire que j’ai eu le plaisir de découvrir une œuvre brillante, qui fait partie de ces œuvres visionnaires qui nous dépeignent un avenir désenchanté, avec un regard clairement lucide de l’humanité. Les chiens vont-ils nous supplanter dans l’ordre de la Grande Chaine Alimentaire ? Ça vous fait sourire ? Vous pourriez bien revoir votre jugement une fois lu et digéré « Demain les chiens »…
Le livre se présente comme une collection de nouvelles plutôt courtes mais qui possèdent une unité. A savoir que chaque « histoire » qui nous est contée, nous est rapportée comme un épisode de folklore que se font passer les chiens lors de veillée. Chaque nouvelle nous est présentée et restituée dans son contexte. La véracité de certaines histoires étant mise en doute par le narrateur lui-même. Il y a pourtant une chronologie dans l’ordre de ces histoires, et certains personnages (voire leurs descendants) font leur réapparition d’un conte à l’autre. Tout concourt à ce que ces « fables » nous semblent réalistes et pas juste sorties de l’imagination de chiens fous ! ^^
Cette manière d’introduire chaque nouvelle renforce l’intérêt du lecteur, qui est piqué au vif et se voit captivé par ces récits révélateurs d’un monde transfiguré. Comment les chiens ont-ils détrônés les humains en tant que race pensante supérieure ? La clé nous est donnée au fur et à mesure que l’on prend connaissance de ces nouvelles. Un indice vous met la puce à l’oreille par ici, un autre détail vous interloque par là. Vous voilà assis en tailleur à l’écoute de la prochaine histoire… En tout cas, c’est comme ça que je l’ai ressenti. Comme si je faisais partie intégrante de la transmission de ces contes oraux.
Comme je l’ai déjà signalé, chaque nouvelle nous rapproche un peu plus du nouvel ordre établi. Plongé dans un avenir probable, le lecteur découvre petit à petit la façon dont notre monde s’est transformé. On voit apparaitre un culte de la solitude, les gens se retranchant derrière la technologie pour chaque corvée à effectuer. Le sentiment d’appartenance à une communauté s’est perdu. Le chacun pour soi règne. Pour l’instant, rien d’aberrant, n’est-ce pas ? Clifford D. Simark signe une analyse pointue et perspicace de ce monde à la dérive. Les villes sont abandonnées au profit de l’individualité, de la recherche d’espace. La notion même de « ville » se meurt.
La chute de chaque conte est grinçante à souhait. L’auteur nous immerge dans un système cynique où l’on ne bouge plus le petit doigt, la surutilisation du tout automatique nous faisant perdre peu à peu toute trace d’autonomie. Bienvenue dans l’ère robotique ! Et c’est la spirale infernale qui s’enclenche. L’évolution. Les mutations. Dois-je en dire plus ? Non, car ce serait vous gâcher la découverte de ces fables fascinantes. Simak est un conteur hors pair et Pierre-Paul Durastanti traduit ce recueil à merveille, les expressions désuètes apportant un vrai cachet à ce petit bijou de la SF. Tous ceux qui dénigrent ce genre feraient bien de s’offrir « Demain les chiens » et de virer leur cuti dare-dare. Pour les autres, voilà un recueil qui mérite sa place dans toute bonne bibliothèque et qui vous apportera une bonne dose d’interrogations, pour le moins… salutaires !
Verdict : Nuit blanche
Tagué:Clifford D. Simak, Conte, J'ai Lu, Littérature Américaine, Science-Fiction
Voilà un livre qui ne me tentait pas de prime abord, mais ta critique m’en donne un autre aspect ! 🙂
Moi aussi, au début j’étais un peu frisquette pour le lire. J’avais peur que ce soit bizarre et vieillot, mais que nenni ! Ca n’a pas pris une ride et je suis bien contente de m’être assise sur mes préjugés. 🙂
Ton avis me donne envie de découvrir ce livre, je me le note dans ma wish. 🙂
Je pense qu’il pourrait te plaire (mais bon, je me suis déjà trompée ^^’). En plus, j’ai oublié de le préciser dans ma chronique mais l’auteur a écrit une post-face où il explique pourquoi il a écrit ces nouvelles. Et ses explications donnent un tout autre éclairage au recueil, j’en apprécie encore plus « Demain les chiens » !
Je trouve l’idée très originale, je note 🙂
Yep, le pitch est spécial. On ne croirait pas que le recueil date de 1952. J’espère que tu auras l’occasion de le découvrir ! 🙂
Un grand classique immortel !
[…] Titre original : The City (1952) Paru le : 18/09/2013 Edition : J’ai Lu Collection : Nouveaux Millénaires ISBN ! 978-2-290-07061-1 Nbr de pages : 265 Prix constaté : 16€ Résumé : Les hommes ont dis… […]
Merci pour la critique ! 😉
Bravo à vous pour la traduction 🙂 Je sais que je vais me régaler quand je vois votre nom associé à la traduction (flatteuse, moi ? XD)
Un livre que j’ai adoré et dévoré en deux nuits. Je le trouve emprunt d’une grande poésie et d’une certaine mélancolie, même si la fin reste ouverte à notre imagination. Un petit bijou qui mérite bien son statut de classique.
Je suis bien d’accord. C’est ironique et mordant mais en même temps oui poétique. Comme quoi la SF propose des choses variées, n’en déplaise à ses détracteurs.