Justine NIOGRET – Mordred

mordredEdition : Mnémos
Collection : Dédales
Paru le : 22/08/2013
ISBN : 978-2-35408-159-1
Nbr de pages : 160
Prix constaté : 17€

Résumé :
La légende veut que Mordred, fruit des amours incestueuses d’Arthur et de sa soeur Morgause, soit un traître, un fou, un assassin. Mais ce que l’on appelle trahison ne serait-il pas un sacrifice ? Alité après une terrible blessure reçue lors d’une joute, Mordred rêve nuit après nuit pour échapper à la douleur. Il rêve de la douceur de son enfance enfuie, du fracas de ses premiers combats, de sa solitude au sein des chevaliers.
Et de ses nombreuses heures passées auprès d’Arthur, du difficile apprentissage de son métier des armes et de l’amour filial. Jusqu’à ce que le guérisseur parvienne à le soigner de ses maux, et qu’il puisse enfin accomplir son destin

Impressions :
Actualité chargée pour Justine Niogret pour cette rentrée 2013, la dame publiant un roman adulte chez Mnémos et un roman jeunesse au Pré aux Clercs. Après avoir lu et apprécié « Chien du heaume » et « Mordre le bouclier », je n’ai pas hésité longtemps avant de me plonger dans « Mordred », qui nous propose de revisiter la figure honnie du fils bâtard d’Arthur et de sa sœur Morgause (ou Morganne c’est comme vous voulez). Je m’attendais à une représentation différente de ce que l’on a pu lire sur ce personnage mythique et je n’ai pas été déçue, l’auteur choisissant de réhabiliter Mordred, en nous proposant sa propre vision des choses.

  Comme toujours, l’univers de Justine Niogret est sombre et âpre, sans concessions envers ses personnages. Elle dépeint avec réalisme une époque moyenâgeuse pas tendre à l’égard de ses contemporains. Le choix fait par l’auteur de revisiter un pan de la mythologie celtique en se concentrant sur la figure la plus vilipendée de celle-ci (Mordred est tout de même le fruit d’un inceste entre frère et sœur), ne m’a pas étonnée. Justine Niogret aimant nous présenter des personnages à contre-courant des modes actuelles. On est loin du glamour habituel d’Arthur, Merlin et toute sa clique (comprenez les chevaliers de la table Ronde :P) et cette vision alternative parait mille fois plus réaliste que l’épopée précédemment décrite.

  Dans un langage bourru, Justine Niogret, qui laisse les falbalas et les niaiseries de côté, nous projette de plain-pied dans cette époque au réalisme cru. La médecine d’antan, on s’en doute, reste très éloignée de notre médecine actuelle, et il n’est pas étonnant de voir des gens rongés par la maladie et la souffrance, misérables victimes des tâtonnements des soigneurs du siècle. L’auteur ne ménage pas ses effets pour nous pondre quelque chose de personnel et de torturé, la figure de Mordred – baigné par la sueur et gémissant au fond de son lit – s’imprimant durablement dans notre esprit. Qu’il semble loin le charme des chevaliers…

  C’est un Mordred amoindri et rongé par ses fantômes que nous présente l’auteur certes, mais Ô combien réaliste et humain ! Entre délires causés par la fièvre et la douleur et tortures psychologiques surgissant du passé, Mordred nous fait pitié voire nous émeut par son sort peu enviable. La plume de l’auteur, ciselée et imagée, donne vie à ce personnage et à son entourage, et les rend substantiels, palpables. Court mais dense, le roman se fait si intense (dans les sensations et les fantasmagories exacerbées) que le format (160 petites pages) se prête parfaitement à l’exercice. La relation père-fils entre Arthur et Mordred nous apparait de manière pudique, la figure emblématique du roi en prenant un coup dans ce personnage taiseux et lâche. La fin, que l’on voit, et l’on sait, se profiler, nous apparait comme le cheminement le plus probable vers ce drame. Alors si en définitive Justine Niogret abuse un peu trop de figures imagées, on lui pardonne car le résultat est là : Mordred, on te comprend !

Verdict : Avec les honneurs

rock

Tagué:, ,

7 réflexions sur “Justine NIOGRET – Mordred

  1. miguala 15/10/2013 à 13:27 Reply

    Juste la légende arthurienne n’est pas celte
    C’est juste que Chrétien de Troye s’est inspiré de quelques contes traditionnels celtique pour son oeuvre.
    Voilà, voilà

    Il va falloir que je lise ce bouquin d’ailleurs 🙂

    • nymeria 16/10/2013 à 16:30 Reply

      Dans les bouquins de mythologie, ils rangent la légende arthurienne dans la mythologie celtique (à défaut de mieux et à cause des druides, etc.). C’est pour ça que j’ai mis ça (pas taper ! :P). Mais je me rappelle que ma prof de français nous tannait que ça n’a rien à voir. De toute façon, je te crois, je sais que tu t’y connais mieux que moi 😀

      • miguala 16/10/2013 à 19:02

        ouai, je t’en veux absolument pas tkt
        C’est juste que l’amalgame est fait depuis tellement longtemps alors…
        C’est comme les elfes, c’est pas celtes mais islandais haha

      • nymeria 23/10/2013 à 15:35

        Effectivement, je me rappelle avoir lu dans l’encyclopédie du fantastique qu’à l’origine les elfes c’était scandinave ! Mais je ne savais pas de quel pays précisement. Tu m’as appris quelque chose ^^

  2. BlackWolf 20/10/2013 à 21:03 Reply

    Ah content que le livre t’ait plus. J’ai moi aussi passé un bon moment avec Mordred qui nous présente de façon différente un personnage au chemin déjà tracé et tragique. J’adore toujours autant le style de l’auteur.

    • nymeria 23/10/2013 à 15:41 Reply

      L’auteur a vraiment une « griffe » Niogret je trouve ! Après, on adhére ou pas. J’ai adoré le concept du bouquin. 🙂

  3. […] Xapur, Gromovar, Tigger Lilly, Lhisbei, Lune, Julien, Efelle, Cachou, Blackwolf, Doris, Cornwall, Nymeria, Lullaby, Lilou, Sandrine, e_maginaire, Phil […]

Laisser un commentaire