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Colin MELOY – Les Chroniques de Wildwood, tome 2

wildwood2Titre original : Wildwood Chronicles, book 2: Under Wildwood (2012)
Traduit par : Jean-Noël Chatain
Edition : Michel Lafon
ISBN : 978-2-7499-1977-5
Nbr de pages : 491
Prix constaté : 16.95€

Résumé :
Depuis que Prue est rentrée du Territoire Infranchissable, sa vie est un peu monotone. Son esprit s’évade en permanence vers les fabuleux paysages de Wildwood, où son ami Curtis mène une vie d’apprenti bandit. Pourtant, de l’autre côté de la frontière défendue, tout n’est pas si rose. Une troupe d’assassins sévit dans le pays sur les ordres d’un étrange client, et un magnat de l’industrie exploite des orphelins pour gérer un mystérieux atelier.
Avec l’espoir de contrer leurs sombres desseins, Prue doit retrouver Curtis et retourner à Wildwood.

Impressions :
Après un premier tome des plus sympathiques qui s’achevait sur une fin ouverte mais concluante pour l’intrigue, le couple Colin Meloy et Carson Ellis (avec madame à l’écriture et monsieur au dessin) revient dans l’univers de Wilwood et nous démontre qu’il n’en n’a pas fini avec leur contrée magique ! Loin de là ! Plus abouti et plus complexe, ce second tome reprend certains éléments d’apparence anodine relatés dans le premier pour nous plonger sur de nouvelles pistes et ainsi éclaircir une partie des mystères qui entourent Wilwood. Le bois révélera-t-il tous ses secrets ? Pas encore, mais la frontière infranchissable n’a jamais paru aussi fragile et pourrait bien finir par disparaitre. La faute à un certain fureteur un peu trop opiniâtre et à ses drôles d’expériences…

  Ce qui fait toute la magie des chroniques de Wildwood, c’est bien sûr ses animaux anthropomorphes capables de passions. Les voilà qui se battent pour leurs terres, qui se rebellent contre les forces dictatoriales en place et qui entrainent nos jeunes humains dans leurs conflits. Entre deux scènes cocasses, on se retrouve vite embringué malgré nous dans ces combats parfois mortels. On évite l’aspect un peu lisse des littératures trop jeunesse pour entrer de plein fouet dans la quête initiatique et le passage à l’âge adulte. Les enfants, qui sont les héros de cette histoire, devront s’affranchir de leurs peurs et faire front face aux adultes. Tout un programme.

  Le bestiaire se trouve grandement étoffé avec l’apparition de nouvelles créatures et de nouveaux ennemis. Entre les taupes guerrières au parler ancien (qui donne droit à un des dialogues les plus drôles du roman – granola ?) et les diaboliques kitsuné métamorphes lancés aux trousses de nos héros, l’anthropomorphisme a encore de beaux jours devant lui. Colin Meloy emprunte aux différents folkores, aux classiques de la littérature jeunesse mais réussit à s’affranchir de tout ça pour nous offrir quelque chose de frais et de solide. La magie des mystiques qui puise dans la nature indomptable de Wildwood se confronte avec la science et l’industrie représentées par le foyer Unthank et ses travaux forcés.

  Si le lecteur retrouve Prue et Curtis de nouveau au centre du récit, ceux-ci devront partager la vedette avec les deux sœurs de Curtis et les malheureux orphelins placés dans le sinistre foyer Unthank. Gardé par une mégère slave aux traits taillés à la serpe et par le faux débonnaire monsieur Unthank, cet orphelinat sert en fait de façade pour du travail de forçat. Mais que fabriquent t’ils donc dans ce mystérieux atelier ? Et pourquoi certains enfants disparaissent une fois la limite des trois blâmes franchis ? L’auteure maitrise parfaitement son récit et tout ça donne froid dans le dos. Entre les multiples péripéties que vivent Prue et Curtis et le suspense bien alimenté, on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de ce second tome. Qui plus est avec cette fin en cliffhanger qui nous laisse sur notre faim. Vite, le dénouement !

Verdict : Avec les honneurs

rock

Colin MELOY – Les Chroniques de Wildwood, tome 1

les-chroniques-de-wildwood-1Titre vo :Wildwood Chronicles, book 1: Wildwood (2011)
Paru le : 15/11/2012
Editions : Michel Lafon
ISBN : 978-2-7499-1655-2
Nbr de pages : 520
Prix constaté : 16.95€

Résumé :
Prue a toujours été une jeune fille obéissante. Et lorsque son père lui demande de ne jamais s’aventurer dans le Territoire Infranchissable, elle l’écoute sagement. Jusqu’au jour où son frère est mystérieusement kidnappé dans son berceau par des corneilles qui l’emmènent au-delà de la frontière défendue. Avec son ami Curtis, elle décide de braver l’interdit et de partir à son secours. Tous deux découvrent alors un monde magique où des animaux, pas toujours bien intentionnés, règnent en maîtres.
La mission de sauvetage devient rapidement une lutte pour la libération de cette contrée enchantée qu’on appelle Wildwood.

Ce que j’en ai pensé :
« Wilwood Road » entre dans la catégorie des romans jeunesse que j’apprécie vraiment. C’est bourré d’aventures, de quiproquos et d’un esprit bon enfant qui rendent la lecture plaisante. L’ambiance et la narration ne sont pas sans rappeler les récits d’antan, avec des animaux doués de parole, une forêt mystérieuse, des pouvoirs mystiques, etc. Sans être moralisateur, le roman apporte son lot de réflexions et de thèmes pertinents. Entre le respect de la nature, le passage à l’âge adulte et le chagrin provoqué par la perte d’un être cher, ce premier tome joue son rôle premier, qui est de poser les fondements d’un univers fantastique peuplé de créatures animales (à l’image des fables de la fontaine et de son anthopomorphisme). Animaux et humains se mélangent, se confrontent et s’allient pour notre plus grand bonheur, la synergie du roman fonctionnant merveilleusement à la manière d’un Pompoko de Miyazaki.

  Le pitch de départ n’est pourtant pas des plus originaux, jugez plutôt : le jeune frère de l’héroïne se fait enlever sous ses yeux et celle-ci part à sa recherche dans un univers fantastique peuplé de créatures étranges où elle devra se surpasser pour le sauver. Bien sûr, un camarade d’école sera lui aussi de la partie (le bon copain qui met toujours les pieds dans le plat, un peu à la façon de Ron dans « Harry Potter », bien que les 2 ne soient pas amis au début du roman). Voilà qui n’a rien de bien innovant, l’histoire étant un récit initiatique, la jeune héroïne, Prue, n’étant pas une jeune fille lambda. Pourtant, l’histoire fonctionne à merveille, la plume étant simple et concise, je pense que c’est le genre de livre qui peut pousser un enfant à la lecture, car il est plein de féérie et de situations rocambolesques.

  Le couple de jeunes héros, Prue et Curtis, sont très sympathiques et plutôt ambivalents dans leur caractère. Si Prue est frondeuse et volontaire, Curtis est l’élément comique du duo, le jeune garçon se laissant manipuler facilement, pour finalement s’affirmer. Les illustrations, simples mais jolies, arrivent à point nommé pour renforcer la drôlerie de certains passages et apporter un support visuel qui renforce l’atmosphère particulière qui se dégage de la forêt de Wildwood,. Bien que le roman prête à rire plus d’une fois, la fin se fait plus mature et on passe (bien heureusement) à côté de l’aspect niaiseux de certains romans jeunesse. Ici, on réfléchit, on se divertit et on s’interroge sur la mort et l’au-delà. Bref, un très bon divertissement de 9 à 99 ans !

Verdict : Bonne pioche

bonne-pioche

 

Sophie AUDOUIN-MAMIKONIAN – Indiana Teller, tome 2 : Lune d’été

indiane-teller2Broché paru le : 29 mars 2012
Editeur : Michel Lafon
ISBN : 978-2-7499-1605-7
Nb. de pages : 368
Prix constaté : 17.20€

Résumé :

Dans les interminables plaines du Montana s’étend le Ranch des Lykos.
Les voisins alentour sont loin de se douter que ses habitants sont les membres de l’un des clans de loups-garous les plus puissants d’Amérique du Nord. Parmi eux, un seul humain a sa place : Indiana Teller. Alors qu’Indiana se remet à peine de l’enlèvement de sa mère, le père de sa petite amie Katerina est sauvagement mordu par un inconnu et tombe dans le coma. Folle d’angoisse et de rage, la jeune femme tient le clan de son amoureux pour responsable et se réfugie chez l’ennemi déclaré d’Indiana : Tyler. Prêt à tout pour innocenter sa famille de loups-garous, Indiana enquête et finit par découvrir l’auteur de l’agression : un vampire obéissant aux ordres de Tyler. Sur le point d’être démasqué, ce dernier lui propose alors un odieux marché : il l’aidera à sauver sa mère s’il tait la vérité à Katerina et renonce à tout jamais à son amour pour elle. Déchiré entre passion et devoir filial, Indiana saura-t-il refuser cet odieux chantage au risque de rompre le fragile équilibre qui règne entre les clans ?

Ce que j’en ai pensé :

  J’avais adoré le premier tome d’Indiana Teller, que j’avais dévoré en un rien de temps, et je dois dire que ce fut aussi le cas de ce second tome qui tient toutes ses promesses !

  La première bonne idée de Sophie Audouin-Mamikonian est de nous proposer un « pré-prologue » où Indiana nous résume (toujours avec autant d’humour) les faits du premier tome. Une merveilleuse idée qui nous rafraichit bien la mémoire et nous permet de mieux nous immerger dans ce second tome. De suite, on retrouve tous les ingrédients qui m’avaient fait adorer Indiana Teller : l’autodérision du héros, la narration qui s’adresse au lecteur très immersive, un univers fantastique solide, une touche de romance espiègle, des complots, bref on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de ce tome ! L’intrigue avance rondement, certains secrets nous sont révélés, d’autres se mettent en place et il devient vite difficile, voire impossible, de lâcher le roman. L’auteure est vraiment très habile à distiller le suspense et rebondissements et révélations s’enchainent à un rythme crescendo.

  La nouveauté de ce tome tient dans l’univers, qui s’élargit pour nous introduire la race vampirique (que l’auteure avait mentionné sans approfondir dans le premier tome). Ici, ils sont au cœur même de l’intrigue avec quelques innovations bienvenues comme la race des SangVol, hybride de vampire et d’humain aux pouvoirs terrifiants (qui a dit Blade ?). C’est une chose que j’apprécie vraiment chez l’auteure, elle arrive toujours à réécrire les mythes à sa façon, en nous apportant quelques innovations judicieuses (l’origine des vampires m’a fait sourire). J’ai d’ailleurs aimé le magnétisme dégagé par les vampires et la façon dont ils affectent les humains pour en faire ce qu’ils en veulent. Tout nous semble cohérent et l’univers s’en retrouver fortifié. Les sorciers sont aussi de la partie dans ce tome et d’autres races sont mentionnés mais restent encore mystérieuses. Le lexique en fin de tome, à ce propos, s’avère plutôt utile.

  Les liens entre les personnages se renforcent dans ce tome et certains rapports de force se modifient. La relation entre Katerina et Indiana se trouve sur la sellette, Axel s’entiche de la SangVol Annabel (pour son malheur, mais je n’en dirais point trop) et Indiana découvre ce qu’il s’est réellement passé le jour où son père est mort. Un tome loin de tout repos pour nos protagonistes qui devront endurer bien des tourments. On retrouve bien sûr Tyler, le rival d’Indianna dont le personnage se développe beaucoup dans ce tome. Le côté ami-ennemi qui lie les deux rivaux est une des choses qui me plait le plus dans cette saga, on est loin des clichés du genre, ça fait du bien ! Chacun a son côté sombre, il n’y a pas de manichéisme mais au contraire beaucoup de nuances dans chaque personnalité. Ajoutez à tout cela une bonne dose d’action, et vous n’aurez comme moi qu’une envie : vous jeter sur le troisième tome (surtout avec un tel cliffhanger de fin !) qui ne sera disponible qu’en mars 2013. Patience, patience…

Verdict : Avec les honneurs

rock

Lu dans le cadre d’un partenariat entre Livraddict et les éditions Michel Lafon que je remercie !

Tom FONTANA – Borgia

borgiaBroché paru le : 15 septembre 2011
Editeur : Michel Lafon
ISBN : 978-2-7499-1478-7
Nb. de pages : 414
Prix constaté : 18.95€

Résumé :
1492.
Le pape Innocent VIII se meurt. Au Vatican, un cardinal catalan, assoiffé de pouvoir, est prêt à tout pour lui succéder. Un homme d’une cruauté sans égale, dont le nom restera dans les mémoires comme l’un des plus tristement célèbres de l’histoire de l’Eglise catholique : Rodrigo Borgia. Elu au Saint-Siège grâce à la corruption, il doit faire face, dès sa prise de pouvoir, aux complots des grandes maisons romaines qui veulent la perte de cet « étranger » aux mœurs scandaleuses.

Dépenses fastueuses, maîtresses, enfants illégitimes qu’il marie au gré de ses alliances, assassinats en cas de difficulté : Rodrigo joue selon ses propres règles. Mais quand les armées du roi de France arrivent aux portes de la ville, il sait qu’il lui faudra l’appui de ses fils. Auquel pourra-t-il faire confiance ? A Juan, l’arrogant enfant gâté, ou à Cesare, tourmenté par la noirceur de ses pulsions ? De ses choix dépendront non seulement l’avenir des Borgia, mais aussi celui de Rome et de l’Italie tout entière.

Ancrée dans le foisonnement intellectuel et créatif de la Renaissance, cette saga dramatique retrace la grandeur et la décadence d’une illustre famille ; de Cesare, le modèle du Prince de Machiavel, à Lucrèce, tiraillée entre mysticisme et sensualité, en passant par la sulfureuse Giulia Farnese et l’insaisissable Rodrigo.

Ce que j’en ai pensé :

  Voici le roman inspiré de la série de Tom Fontana qui retrace l’ensemble de la série tv. Et comme les Borgia m’ont toujours fasciné, j’avais très envie de le découvrir. Surtout après avoir lu le très bon roman de Sara Poole qui se passe à la même époque. Et encore une fois, je suis conquise.

  Je ne vous ferai pas l’affront de vous présenter le pape Alexandre VI alias Rodrigo Borgia, le pape le plus sulfureux et haï à travers toute la chrétienté, au point que de celui-ci, nulle trace au Vatican ! Le roman débute alors que le pape Innocent VIII se meurt et que Rodrigo Borgia se meut dans l’ombre pour lui succéder. Très visuel, le récit parait dense et intense, les événements s’enchainant à un rythme soutenu. Nous faisons la connaissance de Cesare et Lucrezia, les deux enfants les plus célèbres de Rodrigo Borgia, mais surtout les plus manipulés par leur père, qui se sert d’eux pour parvenir à ses fins. Dès que le besoin se fait sentir de nouer une nouvelle alliance pour gravir les échelons du pouvoir, Borgia n’hésite pas à promettre sa fille, plusieurs fois, ou à envoyer ses fils contraindre tel ou tel seigneur. De véritables pions sur l’échiquier, rien de plus. Dès lors, impossible de ne pas ressentir de l’empathie envers eux, et le récit gagne en force.

  J’ai trouvé que le roman était très bien construit, il va à l’essentiel et fournit de nombreux détails historiques qui le rendent passionnant. Tom Fontana y introduit par exemple les rumeurs qui courraient sur le pape Innocent VIII, que l’on disait prêt à tout pour rester en vie, au point de boire du lait maternel voire même du sang de jeunes enfants. Une manière de préserver sa vie en volant la leur. Voilà qui fait froid dans le dos. D’autres faits historiques viennent émailler constamment le récit, comme le fait qu’après cinq jours de conclave, les cardinaux soient astreints au pain et à l’eau pour éviter de faire durer éternellement les délibérations (qui durèrent près de 3 ans pour Grégoire X !) Bref, tout ceci concourt à rendre le roman vivant et prenant, on ne s’ennuie pas une minute.

  En dehors de sa richesse et de sa précision historique, le roman s’intéresse avec largesse aux sentiments et états d’esprit des personnages, tant et si bien qu’ils nous paraissent « réels ». On en vient à en détester certains, à en apprécier d’autres et parfois à avoir des sentiments conflictuels envers eux. Voilà qui est très bien retranscrit. Sans compter que les perfidies, jalousies et autres manipulations sont au cœur du récit, ce qui tient l’ennui à l’écart. Bref, un agréable moment de lecture !

Verdict : Bonne pioche

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